… à l’origine du groupe E.D.F. Camille Flammarion
Notre ami Philippe Léandri vient de nous signaler une fiche du site https://journals.openedition.org/tsafon/405#tocto1n3
et nous suggère de nous rendre sur la page https://fr.scoutwiki.org/Reysa_Bernson
pour faire la connaissance de Reysa Bernson et de son « astro-scoutisme ».
Dweira Bernson (1871-1944) et sa fille Reysa Bernson (1904‑1944) sont des inconnues à Lille alors que leur mari et père, Désiré Verhaeghe (1874‑1927), a donné son nom à une rue et à une école. Pourtant, elles ont œuvré autant que lui pour le bien-être des petites gens.
Désiré Verhaeghe fut un médecin, adjoint au maire socialiste de Lille pour la santé et l’hygiène. Il ouvrit un dispensaire dans un quartier ouvrier et pauvre et il y fit ériger une école de plein air. Il décéda en 1927, en plein succès politique. Son épouse Dweira Bernson, juive venue de Biélorussie pour étudier à Lille, fut également médecin et œuvra à l’amélioration de la santé des ouvrières et de leurs enfants, au sein d’un hôpital populaire.
Sa fille Reysa Bernson, astrophysicienne, se démena, dans les années trente pour diffuser des connaissances en astronomie auprès des écoliers et des lycéens.
En 1939-1940, elles semblent avoir quitté Lille. On retrouve leur nom, en février 1944, sur une liste de personnes juives arrêtées à Dreux. Elles furent transférées à Drancy puis déportées, le 7 mars 1944, à Auschwitz dont elles ne revinrent pas.
Reysa Bernson était licenciée ès sciences, férue d’astronomie. Lors d’un voyage à Paris en 1922, elle assista à une conférence de Camille Flammarion et échangea quelques mots avec lui. Cette rencontre déterminante à l’âge de 18 ans fut à l’origine de sa vocation. Un an plus tard, elle fonda l’Association Astronomique du Nord (AAN) à Lille. D’une énergie débordante, avec les concours de Gabriel Delmotte, Henri d’Halluin et Émile Delahaye, elle s’occupa du transfert des instruments de l’Observatoire de Robert Jonckheere, de Hem à Lille, pour aménager l’Observatoire de l’AAN.
Lauréate du prix de la Société Astronomique de France (dont le prix Henri Rey, 1932), passionnée par les étoiles variables, elle publia de brefs comptes rendus d’observations (éclipses de soleil et de lune, novæ, comètes, pluie d’étoiles filantes de 1933) ainsi que de ses voyages astronomiques, notamment en Allemagne et en Pologne en 1932. Cependant, Reysa écrivit peu. Femme de terrain, elle préféra agir. Son principal article, « L’astronomie et la jeunesse », est inséré en deux parties, dans les bulletins d’août et de septembre 1937 de L’Astronomie, quatorze pages en tout mais d’une richesse et d’une densité inouïes. En septembre 1938 parut un second article qui complétait le premier : « Une réalisation d’astro-scoutisme. Le Groupe Camille Flammarion des Éclaireurs de France et son Planétarium. »
Au-delà des mots, à travers les lignes, on ressent un souffle, une vision novatrice pour diffuser l’astronomie auprès des jeunes avec le développement des planétariums. Après l’invention, en 1923, du planétarium de Bauersfeld, ingénieur allemand (1879‑1959), ces nouveaux théâtres d’étoiles se répandirent, d’abord en Allemagne puis dans les grandes capitales. Une vingtaine de grands équipements furent réalisés entre 1923 et 1939. En France, il fallut attendre 1937 pour voir s’installer un planétarium à l’Exposition universelle, confié à Reysa. Dès lors, les planétariums se multiplièrent, les élèves constituant les trois quarts de leur public. Encore fallait‑il que l’astronomie fût introduite dans les programmes scolaires.
En pages suivantes un article publié par la revue « L’astronomie et retrouvé sur Gallica / Bibliothèque Nationale de France par notre ami Willy Longueville