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2020. 06 : Le parcours de Pierre Estève, militant provençal laïque et républicain

Et son fils Jean-Paul dit : « une cohérence globale de participation à la vie locale,  savoir d’où on vient et essayer de savoir où l’on va. »

À la libération, il relance le Sou des Écoles laïques, et crée un Centre aéré d’été. Les aînés EDF 
en étaient animateurs. Repris par la municipalité, il regrette la modification des objectifs sociaux et éducatifs qui en ont découlé.

En 1954, Pierre adapte son entreprise à la vente de détergent pour collectivités. Nombre d’éclaireurs, et jeunes suivis par Paulette en tant qu’assistante sociale, y ont travaillé, à toutes époques, certains, soutenus jusqu’à être hébergés chez eux. « On ne cherchait pas à être paternel et protecteur, on leur permettait de vivre et d’être libre. »

Cet engagement social se trouvait déjà dans la responsabilité que Paulette a pris avec 
« L’Œuvre des Enfants à la montagne et à la mer » dont l’un et l’autre ont été présidents de 1974 à 1999, date à laquelle leur fils Jean-Paul a pris la suite.

En tant que représentant des EDF, il a été au Conseil d’Administration des Œuvres Laïques (Ligue Française de l’Enseignement et de l’Éducation Permanente), puis en a été Président départemental. Le Centre Le Dahut au Mont Serein / Beaumont du Ventoux a bénéficié à sa création de l’aide concrète des EEDF d’Orange.

Dans les années 80, Pierre est président de « Orange Prévention Accueil Réinsertion » pour des personnes sortant de prison ou qui étaient « sur la route ». L’OPAR disposait de tout une cage d’escalier d’HLM pour les loger et les aidait selon besoin. Un changement de municipalité… Jean-Paul a pris le relais sous RHESO une autre forme d’aide aux plus démunis.

En 1979, le Sou des Écoles Laïques crée l’association de quartier de l’Aygues, qui devient en y associant les habitants, Centre social agréé CAF en 1983 et affilié à la Fédération des Centres Sociaux. 
Il porte le nom de Pierre ESTEVE depuis 2013 lors des 30 ans du Centre social. Line en a été Présidente avec l’objectif d’y appliquer les principes de développement personnel et collectif du scoutisme.

En 1989, Il est devenu adjoint au maire d’Orange, dans une liste de gauche, mais on lui a confié une délégation qui ne correspondait pas forcément à son désir : le développement économique. Toutefois il avait un projet de développement par le tourisme qui n’a pas été suivi.

Chevalier de l’Ordre National du mérite, Médaillé Jeunesse et Sports, et de l’Académie, il est Chevalier de la Légion d’Honneur. Sa fille Line dit : « Il ne s’en faisait pas forcément une gloire. »

Il conclut notre entretien ainsi : « Je suis d’une famille républicaine, laïque, athée aussi, qui était à l’initiative dans la région de l’anti Napoléon III. Ma grand-mère était partie en 70 (…) comme infirmière au secours des troupes de la République renaissante au moment de La Commune. Mon père était nourri de cette infaillibilité de la République qu’il fallait à tout prix défendre. Fils d’agriculteur, il nous apprenait ce qu’était la nature (…) vivre avec la nature et pas contre elle. Quand nous sommes entrés aux Éclaireurs, cet apprentissage qui y était dispensé, il trouvait ça très bien. Il a été totémisé Sage Bison (il avait une barbiche comme moi) et il était fier de porter sur sa boutonnière, l’arc tendu, insigne des EDF.

(…) Les discussions qu’on pouvait, enfant et adolescent, avoir avec lui, étaient toujours très positives et toujours pleines d’humanité et d’amour de l’humanité. Malgré les combats qu’il a eu à mener, d’abord à la SFIO, et avec la Ligue des droits de l’homme dont il était parmi les initiateurs après l’affaire Dreyfus à Paris. 
Il nous a laissé cette envie (…) cet idéal correspond bien aux Éclaireurs. »

René-Claude BLANCHET témoigne : « (…) ces dernières années il se tenait régulièrement au courant des choses de l’association par mon intermédiaire mais aussi par son fils Armel membre de l’équipe régionale sur Grenoble. Ses quatre enfants ont tous fait partie des éclés et ont été responsables au sein du groupe d’Orange. Pour la petite histoire en 1969 c’est lui qui m’a accueilli au groupe et surtout a assuré ma formation de jeune responsable, en 74 il m’a embauché dans son entreprise où je suis resté pendant 35 ans. C’est un ami qui s’en va mais je dirais presque un second père. »

Propos recueillis et mis en forme par Nelly GIBAJA au nom des EEDF, des AAEE et de l’AHSL. Ils ont été relus et corrigés par les enfants de Pierre qui donnent l’autorisation de publication et par René Claude Blanchet pour son témoignage.

*CAPPY : nom de la propriété près de Verberie dans l’Oise où se sont déroulées pendant des années les formations des cadres. Le nom est devenu générique pour les formations où qu’elles se situent ensuite.