« Castoret » Duphil nous a quittés un jour de février 1997. Tous ceux qui l’ont connu savent que sa vie s’est confondue avec celle des Éclaireurs de France.
… depuis son entrée à la troupe d’Auch en 1919 jusqu’en 1969, à la fin de ses activités nationales pour une retraite méritée.
Une telle vie est, en elle-même, un témoignage et il aurait été dommage de ne pas en garder la trace. Cette trace existe, elle est vivante puisque ses enfants et petits-enfants ont eu l’excellente idée de demander à Castoret de raconter, sur une dizaine d’heures de cassettes vidéo, près de cinquante ans de souvenirs. Une sélection en a été présentée au Siège national des Éclaireuses et Éclaireurs de France en juin 1997.
Il m’a semblé qu’il était dommage de ne pas diffuser plus complètement cet historique concret de la vie du Mouvement EDF, son contexte, ses relations, ses évolutions, ses doutes et ses problèmes. Dans la mesure où René Duphil s’est toujours, au cours de ces enregistrements, limité strictement aux événements qu’il a vécus, il était également intéressant de solliciter quelques témoignages destinés à compléter ces événements, et à les situer dans un contexte quelquefois plus large.
Cette plaquette n’a pas pour prétention de faire, ou refaire, l’histoire des Éclaireurs de France : de 1911 à 1951, elle a été écrite, d’une manière très complète, par Pierre François et Pierre Kergomard. C’est une autre approche qui est proposée ici, plus directe et « vécue », donc, par définition, plus « subjective » – c’est-à-dire liée à la personne qui s’exprime. Mais cette personne, Castoret, a effectivement joué un rôle, que sa modestie pousse à considérer comme mineur, dans l’ensemble des événements évoqués : après avoir contribué à l’implantation et au développement du Scoutisme « gascon », assumé des responsabilités départementales et régionales, raté son premier camp-école, Castoret a été appelé au siège national par André Lefèvre, y a vécu les graves événements de la guerre et du régime de l’État Français, et a, ensuite , accompagné l’évolution du Mouvement depuis 1945 jusqu’à sa retraite.
Il m’est agréable de dire ici que la plupart de ceux qui ont été sollicités pour apporter leur témoignage ont accepté cette tâche, sans difficulté , et ont permis d’enrichir ainsi le corpus de base. Il est apparu très vite que ces apports dépassent le cadre strict d’un complément documentaire et représentent souvent, en eux-mêmes, une information sur chacune des périodes évoquées. Le plus souvent, nous avons choisi de les publier in extenso, car ils représentent un ensemble de contributions qui viennent prolonger les événements décrits par René Duphil.
Je suis reconnaissant à Henriette Duphil, Michèle et Daniel Denis et leurs enfants, ainsi qu’à l’Association actuelle, d’avoir permis cette réalisation, une année après la disparition de Castoret.
Yvon Bastide
Février 1998