Notre Mouvement est donc né deux fois !
Au cours des derniers mois, une question est apparue plusieurs fois : les EEDF ont-ils été créés en 1911, comme le prétendaient diverses manifestations dont celles du centenaire, ou en 1964, comme l’indiquait en 1966 la rencontre de l’an II ? La réponse est simple : les deux, mon général !
En 1964, trois entités se sont réunies pour créer ce qui a été appelé « un nouveau Mouvement » ; nous les citons en suivant la chronologie de leurs créations :
– la Fédération des Éclaireurs Français, créée en octobre 1911 sous l’égide de Pierre de Coubertin, association « ouverte à tous » mais qui n’a pas adhéré aux organisations mondiales d’origine anglo-saxonne et ne s’est pas beaucoup développée en France métropolitaine ;
– la Fédération des Éclaireurs de France, créée en décembre 1911 sous l’égide de Nicolas Benoît, également « ouverte à tous » mais en concurrence avec la précédente ; les E.D.F. ont adhéré aux organisations mondiales et se sont développés, essentiellement dans l’enseignement public ;
– la section « neutre » de la Fédération Française des Éclaireuses, créée en 1921 par le regroupement de plusieurs « branches » dont deux d’origine religieuse et une ouverte à tous.
Il fallait trouver une solution juridique permettant de sauvegarder les acquis des associations existantes, en particulier la reconnaissance d’utilité publique, permettant à chaque association, sous réserve d’engagements définis, de bénéficier de l’aide publique pour ses activités et ses projets. Cette solution a été définie avec l’aide de Me Jean Cornec, conseil des Éclaireurs de France (et, par ailleurs, président de la Fédération des Conseils de Parents d’Élèves) : les E.D.F. disposaient de la reconnaissance depuis 1925, les E.F. n’en disposaient pas, la F.F.E. en disposait mais au niveau Fédération et non au niveau section. La solution en découlait : les Éclaireurs de France allaient changer de nom et devenir les Éclaireuses et Éclaireurs de France. En réalité, ce changement était le second dans la vie du Mouvement car, en 1940, la « Fédération » des Éclaireurs de France avait déjà changé de structure et de nom en devenant « Association ».
Le même problème s’est posé pour la section unioniste de la F.F.E. et la Fédération des Éclaireurs Unionistes : après le départ des sections neutre et israélite, la F.F.E. est devenue Fédération Française des Éclaireuses Unionistes en conservant la reconnaissance d’utilité publique de la F.F.E.. Et elle en a fait bénéficier l’association masculine en devenant « Fédération des Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes ». Certains peuvent en conclure que, dans le Mouvement laïque, ce sont les garçons qui ont survécu alors que, dans le scoutisme protestant, ce sont les filles… Mais nous n’entrerons pas dans une discussion à base de féminisme !
Un élément important à noter : l’évolution juridique n’est qu’un arrière-plan de la création réelle d’un « nouveau Mouvement » où aucune des composantes ne devait apparaître comme dominante ou absorbant les autres. En l’occurrence, les E.D.F. vis-à-vis des E.F. ou des membres de la F.F.E. N. On n’a donc pas insisté sur ces aspects purement juridiques et un modus vivendi a été établi dans cet esprit : abandon du « chant fédéral » des E.D.F. (« Toujours tout droit les Éclaireurs de France / S’en vont joyeux vers l’avenir meilleur »… et ça a été difficile !), définition d’un nouvel uniforme, évolution de la pédagogie des branches, etc. Il s’agissait bien d’un « nouveau Mouvement » qui, en 1966, a fêté son « An II ». De ce point de vue, l’association actuelle est bien née en 1964…
Notre Mouvement est donc né deux fois !