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2016: le parcours d’une « ancienne »… centenaire

 

J’y ai trouvé conseil pour mon orientation professionnelle :

 

À ma sortie du couvent, ma tante qui était ma tutrice m’a dit : « Trois mois d’école commerciale, tu passes un examen, et tu trouves du travail, autrement je te remets au couvent. » Elle ne pouvait pas, on ne me reprenait pas, mais je ne le savais pas.

Un magasin s’ouvrait rue St Ferréol : « Le palais du bébé. » Je me présente. On me dit qu’il y a tout le personnel pour les bureaux. Maintenant nous cherchons quelqu’un qui sache garnir les berceaux, faire la mousseline, les voiles, les fleurs, les rubans…
Vous sauriez le faire ? Je dis oui, oui ! Et bien vous commencez dans une semaine. Je n’avais jamais touché à ça, je n’y connaissais rien ! Pendant une semaine j’ai fait tous les magasins : « Bébé confort », « Bébé cadeaux ». J’ai fait la cliente emmerdante, je regardais comment c’était fait, cousu…

J’y suis restée deux ans, au « Palais du bébé ». Quand Jacques SEMPÉ, l’aîné de Suzette, est né, c’est moi qui ai habillé son berceau.

Quand j’ai connu Thérèse, j’étais là, au « Palais du bébé », on ne prenait pas avant l’âge de 20 ans pour les études d’infirmière auxquelles je pensais.

Thérèse FELJAS rentre à l’école d’infirmière pour un an avant de faire Assistante sociale. Elle m’a influencée : j’ai d’abord fait la formation d’infirmière. J’ai le diplôme. J’ai exercé de 20 à 26 ans.

Par comble, j’étais dans la promotion ‘Pétain’ à l’Ecole d’infirmières de La Croix Rouge qui était au Bd. Chave.

Entre les cours, je jouais du piano et notamment, un jour : « It’s a long way To Tipperary ».  On me dit d’arrêter, c’était américain. « Ha bon ! Je ne connais pas cette chanson ! Je ne connais que les notes : mi fa sol sol la si do mi … », alors c’est passé…

 

                     10 Infirmières                 11 Montolivet

Je faisais mes stages à l’Hôpital militaire de Montolivet. C’était un ancien asile de vieillards transformé en hôpital pendant la guerre.

En février 1939, au dernier trimestre de la Guerre d’Espagne, le navire-hôpital ‘Le Patria’ (il y avait aussi le ‘Providence’) est à Marseille avec ses blessés.
On y envoie les élèves infirmières, dont je fais partie avec Thérèse, les apprentis médecins et chirurgiens… La France ne voulait pas recevoir ces blessés de la guerre d’Espagne sur le sol français, ni leur attribuer des personnels titulaires, confirmés. Le bateau, ce n’était pas la France… C’était choquant ! Les Espagnols nous disaient que le fascisme viendrait chez nous, qu’on aurait la guerre avec les Allemands…

 

12 Notre dame Garde

On a vu arriver tout un train de jeunes de 20 ans, un bras en moins, une jambe en moins, l’épaule défoncée… affreux !   J’étais avec le Docteur SWIRN, le père d’Hélène, quelqu’un de très bien. Il pleurait :

– « Ce sont des gosses, ce sont des gosses ! Mademoiselle, vous ne devriez pas voir ça à votre âge. J’ai une fille de votre âge. »

– Je sais, je lui dis : « C’est Chil. »

– Chil ? qu’est-ce que c’est ça ?

– Je sors avec elle aux Éclaireurs.

– Ah ! bon.

Quand j’en ai parlé à Hélène, elle m’a dit : « Il me l’a raconté. »

Un homme gentil, il avait du cœur, sans esbroufe, un chirurgien très compétent.

13 Frostin

Et après-guerre, quand on a créé la sécurité Sociale, j’y suis entrée tout de suite comme assistante sociale et j’y suis restée 33 ans.