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2022.08 : Notre participation à l’Université d’été à Bécours : 01.Introduction.

 

Le lien entre le thème de la rencontre et nos présentations « historiques » (Yvon Bastide)

 

Éducation à la paix ?

 

On m’a demandé une introduction rapide pour expliquer le lien entre ce que nous allons raconter et l’éducation à la paix. Et je me suis posé la question.

Je crois que nous aurons un problème : nous nous adressons à des générations qui, dans leur immense majorité, n’ont connu que la paix. Et ne se posent pas la question de savoir ce qu’est l’absence de paix. Or je crois qu’on ne peut parler d’éducation à la paix que si on fait comprendre ce qu’est l’absence de paix. La réponse habituelle est « la guerre » – mais c’est plus compliqué que ça !

J’ai en mémoire ce que racontait mon père, sorti de l’École Normale d’instituteurs en 1914 et qui en a pris pour 4 ans ; il avait été traumatisé par un épisode, celui des « fusillés pour l’exemple » : des officiers français, qui connaissaient parfaitement les conditions de vie de tous ces jeunes soldats sur le front, étaient capables de les condamner à mort et de les faire tuer par leurs copains…

Réfléchissez à ce que ça veut dire : cette situation, c’est la perte de tout sens de l’humain. Pas uniquement en temps de guerre entre nations, mais chaque fois qu’un groupe n’accepte pas un autre groupe, pour une raison quelconque, nationalisme, patriotisme, ethnie, couleur, origine, comportement…

Inutile d’aller très loin : ici, en Occitanie, une « croisade des Albigeois » a, sur plus d’un siècle, poursuivi, emprisonné, torturé, tué toute une partie de la population qui avait le tort de ne pas accepter la religion officielle. À Montségur, la dernière petite fille qui s’est jetée dans les flammes du bûcher avait huit ans… 

Que pouvons-nous y faire ? Une solution simple, évidente mais malheureusement utopique, serait de refuser l’idée de conflit, de choisir la paix comme idéologie, de refuser toute idée de défense, d’oublier que ce n’est pas obligatoirement le choix de tous… Ce serait oublier surtout que toute situation de conflit nécessite une réaction de protection. Un exemple parmi beaucoup d’autres : Jean Estève, responsable éclé et animateur de stages de formation dans la région de Lyon, certainement très « pacifiste » à l’origine, s’est retrouvé au maquis responsable de la formation des nouveaux maquisards… et, en particulier, de leur formation « militaire », emploi des armes compris… La solution n’est pas dans le refus des réalités.

La solution est ailleurs. L’absence de paix, c’est le refus de l’autre, c’est le remplacement d’une relation « humaine » par une relation de pouvoir, une dépendance. Si nous voulons aider les générations qui nous suivent à construire la paix entre les « peuples », c’est sur ce point que nous devons nous engager : agir pour que ces « peuples », ces personnes, se connaissent, s’apprécient, telles qu’ils ou elles sont, quelles que soient leurs origines, leurs croyances, leurs cultures…

Et nous avons une chance : notre scoutisme laïque nous permet d’agir dans ce sens : le scoutisme, en lui-même, est une proposition adressée au monde entier. Mais notre laïcité nous permet aussi de faire se rencontrer des jeunes sans distinction ni sélection. L’éducation à la paix est partie intégrante de notre mission. Elle ne limite pas à une affirmation, à une conception intellectuelle, elle doit savoir passer à l’acte. C’est-à-dire créer, pratiquement, sur le terrain, des relations « internationales » qui permettent que tous ces jeunes se rencontrent, se connaissent, agissent ensemble. Ce n’est pas toujours simple. C’est ce que nous allons essayer de raconter !