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2022.08 : Notre participation à l’Université d’été à Bécours : 02. Historique

 

 

La construction d’un scoutisme européen, d’un scoutisme laïque et d’un scoutisme africain :

 

Un scoutisme européen :

Dès les années 60, l’objectif est la consolidation de la position des E.E.D.F. : privilégier notre participation à la Conférence Européenne.

Rapport moral de l’Association (1959-1960) : «Pour nous, les seuls moyens d’éviter que certaines tendances n’envahissent complètement le scoutisme européen, sont de fuir notre tour d’ivoire et d’apporter notre témoignage, moins par des paroles que par des exemples concrets.»

En effet il est plus aisé de figurer efficacement parmi les associations européennes, généralement plus aptes à comprendre nos positions, qu’au sein du Scoutisme Mondial, à condition de s’organiser et peser davantage dans le Scoutisme Mondial.

1960 : première Conférence Européenne du Scoutisme à Altenberg : «Au cours de la Conférence nous avons été heureux d’apprendre par des déclarations publiques que la coéducation faisait son chemin.»

Les suivantes :

–   1962 Hove (Grande Bretagne),

–   1964 Helsinki (présidence EEDF),

–   1966 Vichy avec pour thème «un nouvel élan pour le scoutisme», occasion de bien mettre en valeur nos réalisations, nos expériences de coéducation, nos pratiques scoutes (ateliers à la Planche). À Vichy mise en place du bureau régional permanent à Lausanne.

 

Un scoutisme laïque :

En 1963 (conférence de Rhodes) recommandations du C.D.  à Jean Estève (Commissaire Général) : renforcer nos liens avec les autres associations laïques ou neutres du scoutisme, peu nombreuses, déjà reconnues :

–   Boy Scouts de Belgique (B.S.B.),

–   Bund der Pfadfinder (B.D.P.) en Allemagne,

–   Fédération Neutre des Éclaireurs Luxembourgeois (F.N.E.L.),

–   G.E.I d’Italie,

–   associations africaines de Madagascar, du Sénégal, du Congo (reconnues en 1963, les autres plus tardivement).

et des associations non reconnues :

–   Scoutisme Catalan,

–   Union des Éclaireurs et Éclaireuses Polonais

Objectifs :

–   mise au point de positions communes à tenir au sein du Scoutisme Mondial face en particulier à la Conférence «Duty to God»,

–   mais aussi et surtout du développement des échanges internationaux de jeunes, d’organisation de manifestations internationales comme le stage franco-allemand.

Suite :

Janvier1967, sous l’impulsion de Jean Estève et de Charles Boganski, création du Comité Scout Européen d’Aide au Développement (EURAID)(B.S.B., les G.G.B., les E.E.D.F., la F.N.E.L. (Luxembourg) et les N.P.V (Pays-Bas), mais pas les G.E.I. (Italie)

afin de renforcer les liens par des actions concrètes :

–   caravanes,

–   formation des cadres en Afrique,

–   participation à la Campagne Mondiale contre la Faim.

–   journées européennes des associations laïques et pluralistes du Scoutisme (en 1982, réflexions sur le sens de la laïcité et de l’engagement).

 

Un scoutisme africain :

Anticipant largement sur les déclarations d’indépendance des pays africains, les E.D.F.

–   après la guerre, création des Éclaireurs Africains (E.D.A.),

–   soutien à la création des Scouts Musulmans Algériens, 

–   plan d’action du secteur Outre-Mer des E.D.F. de 1960-61 : transformation des E.D.A. en une fédération beaucoup plus souple.

–   1962 : création à Cotonou du Collège Africain et Malgache des Éclaireurs Laïques (CAMEL) par 14 associations dont les E.D.F..

Objectif :

La formation des cadres : mise en place un centre à Mbalmyo, à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé au Cameroun (Centre Africain de Formation C.A.F.).

1963 : deuxième session de formation en 1963, participaient 9 associations.

Préoccupation principale du CAMEL : la pratique d’activités utiles au développement.

Au passage, problèmes de coordination avec la formation traditionnelle de Gilwell, décernant le double tison, sous l’égide du Bureau Régional du Scoutisme Africain mis en place à Lagos en 1965 (incompatibilité entre le principe de la reconnaissance d’une seule association par pays et une organisation séparée de Mouvements laïques coexistant avec des associations confessionnelles).

Exemple (D. François) : camp-école de Sokodé au Togo en 1968, une expérience des plus enrichissantes, avec intervention dans un village où une enquête des stagiaires avait pu détecter le besoin de cimenter le sol de l’école, celui de construire un apatam pour le marché.

«Nous avons donc réalisé ces deux travaux, après que le chef du village m’eut assuré que le faiseur de pluie interviendrait pour éviter les précipitations. Après un match de foot mémorable, au cours du feu de camp, les stagiaires improvisèrent une pièce désopilante sur un mariage forcé avec participation de la population hilare. De plus, l’ambiance de Mai 68 eut aussi quelqu’effet avec des assauts d’éloquence sur la pratique de la démocratie, y compris dans le train de retour à Lomé, non sans interventions des autres passagers».

Le CAMEL se préoccupe également de l’organisation de caravanes qui, en liaison étroite avec un groupe africain ou malgache, réalisaient des chantiers, suivies par l’Équipe des Relations avec l’Outre-Mer (EROM) qui donnait des instructions détaillées pour leur bonne organisation et un déroulement correct.

Exemple : en 1967, sept caravanes furent organisées avec 36 filles et 31 garçons au Sénégal, au Mali, en Côte d’Ivoire, au Dahomey, en Algérie et au Liban.

1984 : La Coopération Francophone des Associations de Scoutisme Laïque, la COFRASL, prend le relais, à la fois de l’embryon informel de concertation des associations laïques, de l’EURAID et du CAMEL des années soixante.

 

Conclusion de Dominique François en 2011 :

Les E.E.D.F. ont été des précurseurs et le débat est enfin tranché puisque la Conférence Mondiale de 1988 à Melbourne déclare : «En tant que mouvement d’éducation, le scoutisme doit préparer le jeune à prendre sa place et apporter sa contribution à la société dans laquelle il vit.»

Plus précisément, le plan «vers une stratégie pour le scoutisme» adopté à cette Conférence Mondiale définit ainsi le scoutisme :

–   un mouvement d’éducation utilisant des méthodes récréatives pour atteindre son but – et non pas simplement un mouvement de loisirs comme on a trop souvent tendance à le percevoir,

–   un mouvement destiné à préparer la personne à apporter une contribution positive à la société et par conséquent proche des réalités sociales – et non pas coupé des réalités,

–   un mouvement pour les jeunes de tous âges, particulièrement adapté aux adolescents, – et non pas un mouvement essentiellement destiné aux enfants.

 

«Alors que les E.D.F. puis les E.E.D.F. affrontaient des attaques vives au sein du scoutisme mondial dans les années cinquante et soixante, ils se développaient de façon tranquille. Je me suis étendu sur ce que furent nos préoccupations d’état-major à cette époque. Je ne pense pas qu’elles aient retenti fortement sur la pratique du scoutisme par les jeunes du Mouvement.

On sait qu’après Mai 68, si, au contraire, les relations internationales étaient plus apaisées, une crise grave a secoué le Mouvement. Le souci d’une pédagogie active, inhérent au scoutisme, profondément enraciné chez les E.E.D.F., a ramené calme et sagesse.

Il leur a fait jouer, au long de leur histoire, un rôle de pionniers, qui a bien souvent focalisé les critiques des orthodoxes grincheux : coéducation, décolonisation, engagement au service du développement. Mais le scoutisme mondial a, semble-t-il, adopté, dans l’ensemble, les vues et pratiques qui sont celles des E.E.D.F.»