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2022.08 : Notre participation à l’Université d’été à Bécours : 03. La Coopération Francophone du Scoutisme Laïque

 Un scoutisme laïque, un scoutisme africain  (Alain Bordessoulles, Henri-Pierre Debord)

 

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La Coopération Francophone de scoutisme laïque (CO.FRA S.L.)

 

Au printemps 1983, huit associations nationales de scoutisme laïque, réunies à Meudon jettent les bases et s’efforcent de faire le lien avec les époques passées en tentant de favoriser la rencontre entre dirigeants actuels des mouvements présents et dirigeants de l’époque des caravanes EROM (Équipe des Relations Outre-Mer) et du CAMEL (Collège Africain et Malgache des Éclaireurs Laïques crée juste après les indépendances en 1962 à Cotonou).

 Ce sera une réussite et conscientes de l’intérêt de la longue coopération qui les a réunies par le passé, décident de créer une nouvelle structure de Coopération Francophone Laïque qui se nommera : la CO.FRA S.L.

Sa présidence est confiée à l’un de ses membres les plus éminents : Abdoulaye Albert N’DIAYE, membre du Comité Mondial du Scoutisme, Président du Comité Africain du Scoutisme, Président des Éclaireuses et Éclaireurs du Sénégal, et en confie le “secrétariat permanent” aux E.E.D.F.

 

1 Abdoulaye Albert NDiaye

 

Il faudra attendre le 8 août 1994 à Bingerville en Côte d’Ivoire, pour que la CO.FRA S.L. est une existence légale. Son siège social est fixé au 12, place Georges Pompidou à Noisy le Grand. La déclaration de constitution est déposée à la Sous-préfecture du Raincy qui en a délivré le récépissé le 3 juillet 1995.

 

1983 – Meudon France

À Meudon, la CO.FRA S.L. se fixe trois objectifs :

–   Éveiller aux enjeux de développement communautaire en privilégiant l’égalité de droits et de devoirs entre membres ;

–   Combiner temps de réflexion et temps d’action afin de favoriser le “transferts bénéfiques de savoirs et de savoir-faire et de savoir être” ;

–   Se donner les moyens d’évaluer tous les deux ans le chemin parcouru et ajuster les programmes d’action et de rencontres en fonction des bilans effectués.

 

 

1984 – Libreville au Gabon

La seconde conférence se tient au cours de l’été 1984 à Libreville (Gabon). Elle est mise sur pied par les Éclaireuses et Éclaireurs du Gabon en lien étroit avec le secrétariat permanent.

 

3 Charte1

 

C’est à partir de cette étape que vont se préciser les “règles du jeu”.

 

 

3 Charte2

 

Libreville va être l’occasion de rédiger et d’adopter le premier texte de référence :

7 articles au service de l’action.

1 : L’orientation fondatrice est clairement affirmée : pas de palabres, de l’action soutenue par une réflexion préalable marquée par le ”sens du concret”.

2 : Affirmation d’une évaluation préalable des “besoins de la jeunesse”, accord entre partenaires sur cette évaluation, encouragement à former au “développement communautaire”.

3 : Rappel au sujet de l’idéal laïque car les influences religieuses ressurgissent parfois.

4 : Appel à faire des camps-chantiers et des rencontres actives Nord-Sud.

5 : Invitation à travailler sur le moyen terme et ainsi dépasser les leçons d’une première expérience.

6 : Anticiper la fragilité dans la préparation ou l’idéalisation du projet qui peut conduire à des déconvenues.

7 : En guise de synthèse, bien utile pour les bilans et mises en perspective des années suivantes.

 

1986 – Namur en Belgique

La 3ème conférence de la COFRA S.L. à lieu à Namur en Belgique en 1986. Deux textes précisant les conditions d’une véritable “éducation au développement” par l’action sont validés.

 

4 Réciprocité2

 

Le premier sur la réciprocité des échanges, un texte en 8 articles qui définissent les règles relatives aux comportements individuels et collectifs, à la connaissance de l’autre, finalement, le rappel de l’axe central des actions de la CO.FRA S.L. : le “développement communautaire”.

Le deuxième texte précise les règles de la sensibilisation à l’éducation au développement. 6 articles qui détaillent la sensibilisation et l’éducation au développement. On y parle d’engagement, de progression, de culture, de rythme… On y parle aussi de rigueur, surtout pour les Associations Nationales (le temps n’est pas le même selon sous quels cieux on se trouve…). On se projette aussi au travers de la nécessité de produire des outils.

 

En 1988, la COFRA S.L. diffuse un document « bilan » de la 4ème conférence de Dakar au Sénégal.

Ce document « officiel » présente la COFRA S.L., en définit ses objectifs ainsi que les actions. On y trouvera aussi en annexe deux outils d’évaluation des chantiers.

Le premier est une fiche d’évaluation du chantier qui précise qui est à l’initiative du projet, les phases et la mission préparatoires, le déroulement du camp et du chantier, le suivi du chantier. Sont demandés aussi comment c’est constitué l’équipe du projet, si elle s’est lancée dans un autre projet ou pas. Enfin, les actions de sensibilisation menées et les retombées du projet.

Le second est une « Fiche identification chantier de développement communautaire » dans lequel on doit renseigner la fiche d’identité et l’objectif du projet, l’impact sur la communauté, l’organisme et les personnes parties prenantes, un planning de réalisation et de suivi du projet et enfin un budget détaillé.

 

1990 – Kigali au Rwanda

Pendant 10 jours en 1990 au Rwanda, les représentants de 23 associations scoutes de 15 pays ont rédigé la « Charte de Kigali » pour promouvoir des programmes de coopération, sous forme de projets jumelés et qui pose les règles du partenariat entre les associations scoutes et guides du Nord et du Sud. Cette Charte qui est toujours en vigueur au sein du Scoutisme Mondial souhaite que les rapports de partenariat soient « codifiés » sous forme de conventions limités dans le temps, qui respectent les principes, buts et recommandations de la charte tout en définissant les règles opérationnelles pour une action ou pour un ensemble d’actions. On retrouve dans ce texte les inspirations de la CO.FRA S.L.

 

8 Kigali18 Kigali2

 

 

 

1996 – Barcelone en Espagne

En 1996, un courrier du 8 mai entre le Secrétaire Général de la COFRA S.L. (Georges Voirnesson) et sa Trésorière (Rosa Maria Pujol) font état de la mauvaise santé des finances de la COFRA S.L. qui mettent en péril le déroulement de l’A.G. de Barcelone. Il semblait primordial d’assurer cette l’A.G. de Barcelone car il y sera présenté le règlement général qui définit le cadre de l’adhésion à la COFRA S.L. et les règles pour les associations qui la composent. Il définit aussi les équipes de travails et le fonctionnement démocratique de la COFRA S.L.. Un texte additif en précisera aussi les rôles de chaque membre du bureau. Sera aussi élaboré le plan d’action 1996-1998.

 

1998 – Dakar au Sénégal

 

6 4ème conférence

 

1999 – Noisy-le-Grand en France

Un Conseil International à Noisy propose de revitaliser la coopération Nord-Sud et propose que l’opération EEDF Bécours 2 000 soit labélisé COFRA S.L.

L’élargissement de la COFRA S.L. est à l’ordre du jour : les Scouts Suisses, les Scouts du Québec, l’ASDE d’Espagne et les SGP de Belgique.

 

10 Noisy1

 

Un bémol tout de même, la nécessité de préciser la différence entre mandat COFRA S.L. et initiative personnelle en ces termes :  » Définir les mandats de chacun au nom de la COFRA S.L.  à bien dissocier des initiatives individuelles »

On sent bien que quelque chose dérange… Sur le bémol d’ailleurs, suivront plusieurs échanges de courriers « tendus » qui trouveront semble-t-il leur règlement lors de l’A.G. suivante.

 

2000 – Bécours en France

Pendant le rassemblement de Bécours 2 000 un CI.I. a lieu. Lors de cette réunion le C.I. constate un certain nombre de difficultés de fonctionnement de la COFRASL :

Les pays suspendus ou radiés par l’OMMS (Centrafrique, Guinée, Tchad).

Un problème récurrent au sujet des cotisations (insignifiantes et irrégulièrement versées, des comptes de résultat déficitaires).

Les actions lucratives et publications proposées par un des membres de la COFRA S.L.

Le fonctionnement du secrétariat général trouvé « flou ».

On perçoit qu’il existe au sein de la direction de la COFRA SL.L.des tensions entre les EEDF et J.M. Schiltz le Vice-président des SGP de Belgique.

 

2004 – fusion ?

Un courrier évoque la possible fusion entre l’U.I.P.L. et la COFRA S.L., bien qu’à l’évidence les deux subissent un « endormissement », elles ne poursuivent pas les mêmes buts.

 

12 Courrier2004 extr

 

2005 – 5ème AG au Bénin

 

13 Bénin2005

Cette A.G. revient sur les difficultés de la COFRA S.L. ces trois dernières années.

Les EEDF proposent des modifications statutaires qui seront votées à l’unanimité et posent le problème du « maintenir des réunions sans avoir à suivre la mise en œuvre d’un plan d’action ».

Pour illustrer le ton de cette AG et les difficultés auxquelles sont confronté la COFRA S.L., voici ce qu’en dit le Vice-Président J.M. Schiltz : « Il n’est plus possible de tenir deux réunions par an notamment pour des raisons financières. Pourquoi faire moins de réunions quand aucune ne s’est tenue sur les trois dernières années ? « .

Le scoutisme sénégalais quant à lui exprime « Une première satisfaction, celle du maintien de la COFRA S.L. qui n’a pas disparu. Malgré les difficultés, il y a des raisons d’espérer ».

Les Escoltes catalans espèrent : « Certes, la situation des trois dernières années est sombre, mais ce rapport d’activités établit des propositions intéressantes qui sont des éléments pour travailler d’une façon plus organisée ».

C’est l’un des derniers documents en notre possession qui prouve une activité de la CO.FRA S.L. N’oublions pas que depuis les années 90 la CO.FRA S.L. était plus ou moins en sommeil. On peut lire d’ailleurs sur Scoutopédia : « Depuis le début des années 2000, l’action de la COFRA S.L. s’est ralentie ».

 

Pour mesurer tout de même le travail accomplis, quelques exemples :

 

Tchad :

 Rédigé par le Comité National, le projet Tchad en 1989 : la création d’une ferme « agro-pastorale ». Ce projet de culture vivrière, de jardinage, de pépinière et d’aviculture dans le verger des éclaireurs à Koubala, village situé à 7 KM de Sarh dans le canton Balimba, vise à atteindre un développement rural maximum avec un coût minime.

 

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Madagascar :

Les premiers groupes Éclaireurs de France ont été créés clans l’île de Madagascar en 1933/1934. Et c’est sur cette base que se développe le mouvement. Les Éclaireurs de Madagascar et les Éclaireurs de France travaillaient en parfaite harmonie pour le développement du siège national d’ Antananarivo et celui de Mantasoa. Toutefois les relations entre les deux mouvements se distendent sans raison particulière après I ‘indépendance de Madagascar en 1960.

Avec la création de la COFRA S.L. renaît en 1986 la volonté de travailler ensemble. il faudra quelques années avant que cette coopération ne soit vraiment concrétisée.

1989 : Une mission des EEDF à Madagascar permet aux deux associations de définir un projet commun : construire à Mantasoa un centre de formation et de développement communautaire.

1990 : Une équipe EEDF du groupe St Dizier franchit les 12.000 km de distance pour construire avec les Kiady la première tranche du centre. En un mois le gros œuvre de deux bâtiments est réalisé. Les travaux continuent après le départ du Groupe de St Dizier avec les seules forces des Kiady.

1991 : Les évènements politiques à Madagascar bloquent tout, aggravant la crise économique, et rendant les bénévoles moins disponibles. Une série de cyclones a dévasté les nouveaux bâtiments. La toiture des deux édifices a été emportée.

1992 : Une deuxième mission EEDF permet une évaluation de l’action passée et une redéfinition des projets futurs. Les Kiady ont pu poursuivre la construction du centre de Mantasoa malgré la période difficile.

1995 : Les Kiady procèdent au terrassement du terrain avec l’aide du Génie Civil Militaire.

1998 : Après une troisième mission des EEDF à Madagascar, un groupe de Rennes prépare avec un groupe Kiady un autre chantier de réhabilitation des bâtiments endommagés en 1991.

1999-2004 : Des groupes EFDF de Rennes et de Lorient viennent successivement donner la main aux groupes Kiady pour terminer le centre.

Le Centre de formation et de développement communautaire d’Ampanazava Montasao a enfin été inauguré au mois de juillet 2004.

2010 : les EEDF de Pays-de-Loire et les KIM construisent deux bungalows qui seront inaugurés par le Maire.

 

15 Madagascar2   15 Madagascar1

 

Petite anecdote : Une innovation est installée au camp d’Ampanazava, qui bouscule les mentalités : des toilettes sèches. Cependant, malgré la démonstration des éclés, les Kiady préféreront continuer à utiliser les WC à fosse septique…

 

2007 – La Caravane de la Paix, don pour la paix des EEDF et de la COFRA S.L. :

Une caravane Nord, pendant un mois, trente jeunes scouts et non scouts (Croix Rouge) âgés de 18 à 25 ans formeront une caravane reliant le centre national EEDF de Bécours à Dakar…Une caravane Sud de 37 jours (Cotonou, Togo, Ghana, Côte-d’Ivoire, Mali, Guinée, Sénégal).

Voici ce qu’en dit Jad, responsable du projet : »Nous venons de vivre un peu plus d’un mois ensemble. Aventure unique et humaine où le dépassement de soi, l’humilité, la solidarité, la chaleur ont été présents de manière quotidienne. Nous avons traversé l’Espagne, le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal. Le défi a été relevé et même bien relevé ».

 

En conclusion,

on peut dire que la COFRA S.L. a essayé de répondre aux envies de faire bien ensemble du développement communautaire dans un idéal pluraliste et francophone mais qu’elle s’est heurtée aux difficultés financières, et peut-être un peu aussi aux divergences de visions et de pratiques.

Les dix premières années, la CO.FRA S.L. c’est : 1 200 jeunes Européens et 2 500 jeunes Africains agissant pour le développement, 70 camps de coopération pour réaliser 20 opérations de travail dans 7 pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Madagascar, Sénégal, Togo, des échanges entre jeunes en Afrique ou en Europe, Des centaines d’actions de sensibilisation, Un programme de formation pour des dizaines de leaders.