Épouse de Raymond Aubrac, ancien E.D.F., par son petit-fils Renaud Helfer Aubrac
Monsieur le Président de la République,
Raymond,
Mesdames et Messieurs,
Ce sont les dix petits-enfants de Lucie et Raymond qui s’expriment maintenant devant vous.
Dix petits enfants.
Mais ne sommes-nous pas en réalité beaucoup plus nombreux ?
50 000 ? 100 000 ? 200 000 peut-être ?
Rythmé par les visites de Lucie dans les écoles, notre famille s’est en effet considérablement agrandie. De semaines en semaines, devenant toujours plus nombreuse.
Nous en étions heureux.
Nous en sommes fiers.
Les relations exceptionnelles que Lucie nouait avec les jeunes – mais aussi les moins jeunes – étaient empreintes d’un profond respect mutuel et d’un partage constant des valeurs.
Ces relations se fondaient aussi sur le partage des petites choses de la vie.
Ses joies. Ses peines.
L’intimité de ces liens faisait que finalement Lucie appartenait un peu à tout le monde. En retour, il faut bien le dire, nous lui appartenions tous un peu.
Aujourd’hui, Lucie, tu as transmis.
Tu as transmis ces valeurs de notre beau pays et qui te sont si chères :
La Liberté. L’Egalité. La Fraternité.
Ces valeurs pour lesquelles tu as toujours dis OUI à la France.
Aujourd’hui, Lucie, tu as transmis.
Tu as transmis l’exigence d’un Devoir de mémoire.
Ne jamais oublier les horreurs du passe garantit la vigilance pour la construction d’un avenir plus juste.
Aujourd’hui, Lucie, tu as transmis.
Tu as transmis la spontanéité d’un sursaut face à l’injustice que tu sais être sans frontière.
Tu as transmis cette décharge électrique qui nous fait redresser la tête, et dire d’une seule et même voix : NON.
Non aux injustices sociales
Non aux injustices politiques
Combien de personnes meurent encore de faim ?
Combien de personnes meurent encore de froid ?
Combien de femmes et d’enfants subissent encore les conséquences de conflits armes qu’ils n’ont jamais souhaite ?
Combien de libertés encore bafouées ?
Et bien, Lucie, dans ces combats d’aujourd’hui et de demain, nous serons ensemble.
Intimement liés.
Pour défendre les plus démunis.
Pour défendre les plus opprimés.
Pour défendre les valeurs de notre République contre les Injustices.