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2023.08 : Sur Radio France, « le téléphoine sonne » évoque le scoutisme

… et son évolution actuelle

 

Le scoutisme, toujours aussi tendance

Identifiables par leurs uniformes, les scouts attirent aujourd’hui de plus en plus. Le retour à la nature, l’adaptation à une vie en communauté, débrouillarde et déconnectée séduisent de nombreuses familles. Alors, comment les scouts sont-ils devenus autant tendance ?

Le scoutisme est né au Royaume-Uni en 1907. Fondé par le militaire britannique, Baden-Powell, il a fait son apparition en France dès 1911.

Depuis, le scoutisme rassemble un tas d’adhérents et de bénévoles. Le boom du scoutisme s’est produit à la suite du premier confinement (2020), mais la progression des inscriptions a débuté dès les années 2010. Avec des listes d’attentes qui ne cessent de s’allonger, il faut désormais s’y prendre tôt pour s’inscrire ou inscrire son enfant.

La France compte plusieurs mouvements scouts, confessionnels ou laïques. La Fédération du Scoutisme français en regroupe six, de différentes confessions. De 2012 à 2022, leurs effectifs ont quasiment doublé passant de 75 000 à 130 000 adhérents. La branche catholique, représentée par les Scouts et Guides de France, reste majoritaire en affichant une progression de 35% de ses membres depuis dix ans.

Avec ou sans leur sac sur le dos, les scouts se réunissent dans la nature lors des week-ends et/ou des vacances scolaires. Au programme : activités sportives en équipe, rassemblements entre jeunes, engagements citoyens, actions solidaires…
En apprenant le vivre-ensemble, les scouts se responsabilisent. De plus, l’éclectisme des activités permet à chacun d’acquérir une certaine autonomie, un sens de l’organisation et de réactivité. Des valeurs venant ainsi s’ajouter en complément d’une éducation scolaire.

Enfin, le retour tendanciel du scoutisme tient à l’attractivité de ses tarifs. Pour inscrire son enfant dans un camp scout, il faut compter entre 300 à 400 euros pour un séjour de trois semaines. Une différence majeure avec les colonies qui représentent un coût nettement plus onéreux pour les parents.

Avec nous pour en parler

  • Anne-Claire Bellay, déléguée générale des Scouts et Guides de France 
  • Grégory Vandenberghe, trésorier régional des Éclaireuses Éclaireurs de France des Hauts-de-France 
  • Jean-Jacques Gauthé, spécialiste de l’histoire du scoutisme – « Idées reçues sur les scouts » aux Editions Le Cavalier Bleu 

Le scoutisme, un retour en grâce

Pour 200 000 jeunes en France et des millions à travers le monde, le scoutisme, c’est l’expérience de vivre la nature, l’apprentissage de la vie en équipe, la relation avec les adultes. Aujourd’hui, il y a un véritable retour vers la nature depuis la crise du Covid. Pour Anne-Claire Bellay, déléguée générale des Scouts et Guides de France : « Cela fait maintenant une centaine d’années que le scoutisme existe en France. Actuellement, les familles nous disent qu’ils veulent autre chose que les écrans pour leurs enfants, qu’ils ont envie de se dépenser à l’extérieur, et il y a aussi la question du vivre-ensemble, de la citoyenneté, de la solidarité, qui sont clairement des thématiques qu’on retrouve dans le scoutisme. »

180 000 scouts en France

Le scoutisme en France, a connu des hauts et des bas. Aujourd’hui, il y a à peu près 180 000 scouts en France, toute associations confondues, ce qui signifie qu’on est revenu aux chiffres qui existaient en 1950, mais il y a eu des époques où les mouvements scouts ont été beaucoup plus nombreux. Le maximum historique a été atteint en 1947 où il y avait à peu près 300 000 scouts, guides, éclaireuses et éclaireurs en France. Jean-Jacques Gauthé, spécialiste de l’histoire du scoutisme, souligne que de nombreux responsable politique sont passé part le scoutisme : « À la suite des élections municipales de 2020 en France, on a. On a eu dans deux grandes villes des maires qui ont été élus en faisant explicitement référence à leur engagement scout. Léonore Moncond’huy qui a été élue maire de Poitiers, a été aux Éclaireuses et éclaireurs de France ainsi que l’actuel maire de Villeurbanne. »

La place de la religion

Anne-Claire Bellay évoque que le premier mouvement scout de France est étroitement lié à la religion catholique : « Nous approchons les 100 000 adhérents et nous sommes un mouvement d’éducation populaire et un mouvement catholique et donc ouvert à tous. Nous sommes membres de l’Église et nous cherchons à être en lien dans notre quotidien avec elle. Nos liens existent que ce soit au niveau de la délégation générale, mais également dans les groupes. Nous sommes en lien avec les prêtres dans les paroisses qui sont en lien avec nos groupes. Les autres religions et les non-croyants sont largement acceptés. C’est le propre du catholicisme qui par définition, nous invite à être ouverts à tous. »

Le port de l’uniforme

L’uniforme a été très symbolique dans le scoutisme, il a été conçu par Baden-Powell. Dans les années 1950, tous les scouts portaient la même tenue avec uniforme kaki ou bleu marine. Cela constitue un élément d’identification, de cohésion du groupe. Aujourd’hui, les uniformes ont beaucoup évolué. Selon les associations, il reste quand même un certain nombre de points communs notamment le port du foulard, et même au plan international. C’est un symbole de cohésion du groupe. C’est un symbole de la fraternité mondiale que constitue le scoutisme. Pour Grégory Vandenberghe, trésorier régional des Éclaireuses Éclaireurs de France des Hauts-de-France : « Ça permet aussi de matérialiser la progression individuelle et collective que les jeunes apprennent chez nous. »

Pour en savoir plus, écoutez l’émission…

 

A lire aussi : JEUNESSE – Comment les scouts sont-ils (re)devenus tendance ?

Publié le lundi 17 janvier 2022 à 16h03

4 min

Pourquoi est-ce que les jeunes se tournent de plus en plus vers le scoutisme ? © Getty – sutiporn somnam

A l’heure des distractions multiples de plus en plus d’enfants et d’adolescents s’engagent dans le scoutisme. Pourquoi ? Que trouvent-ils dans ces activités de groupe en plein air ? Que leur apprend le scoutisme ?

Adda Abdelli, handicapé, auteur d’une BD sur les scouts, Marie Mullet-Abrassart, Présidente des Scouts et Guides de France, Christophe Carichon, historien, spécialiste reconnu de l’histoire du scoutisme, Louis Devaud, animateur chez les Éclaireuses et éclaireurs de France, Patrice Huerre, Pédopsychiatre, et la chroniqueuse Gwenaëlle Boulet étaient les invités de Grand bien vous fasse, l’émission d’Ali Rebeihi.

Ils ont expliqué pourquoi de plus en plus de jeunes rejoignent le scoutisme.

Qu’est-ce que le scoutisme ? 

Contrairement à une idée reçue. Ce n’est pas une association paramilitaire. Le scoutisme prône les valeurs de respect, d’entraide, et de bienveillance… « C’est aussi une question de pédagogie » précise Marie Mullet-Abrassart : « Le scoutisme s’intéresse au collectif, à la relation éducative, à la vie dans la nature, et à la relation à l’autre. »

Loin d’être monolithe, le mouvement scout comprend plusieurs branches. Il existe les laics, et les croyants… Marie Mullet-Abrassart : « C’est un mouvement mondial. En France la fédération française de scoutisme reconnait six associations : Les Scouts et Guides de France pour les catholiques et aussi les israélites, les protestants, les laïcs, les bouddhistes et les musulmans. Et en France, on a deux autres associations catholiques : les Scouts unitaires de France et les Guides et Scouts d’Europe. Mais ils ne sont pas reconnus par les mouvements mondiaux de scoutisme.

Louis Devaud : « Les Éclaireuses et Éclaireurs de France se caractérisent par leur adhésion à la laïcité. »

D’où le mouvement scout vient-il ? 

Christophe Carichon : « Le mot « scout », « éclaireur » en français viendrait lui-même du vieux français « aller en escoute » qui voulait dire « partir en éclaireur » justement. Puis, c’est revenu en France. Les Éclaireurs de France et les Éclaireurs unionistes de France ont préféré francisé le terme il y a une centaine d’années.

C’est un mouvement imaginé par Baden Powell au début du XXe siècle. Cet ancien officier militaire britannique assez atypique est un poète. Officier du renseignement il apprécie le théâtre, il aime chanter. Surtout il observe les jeunes dans la rue, l’industrialisation… 

Et il se dit que ces adolescents ont besoin peut-être d’un idéal. À l’époque, celui qui fait rêver est celui de la chevalerie.

Il va commencer par un camp expérimental en 1907, au sud de l’Angleterre, dans le Dorset, avec 20 garçons. Il leur apprend à faire du feu et faire cuire leur nourriture, à chanter des chants indiens… 

Le mouvement arrive en France en 1911 via de jeunes protestants. Ensuite viennent les Éclaireurs de France… Chez les catholiques, l’implantation est plus compliquée. L’église voit au départ d’un mauvais œil cette pratique venue d’un Anglais un peu panthéiste voyant Dieu dans la nature. Le mouvement scout sera véritablement installé après la première guerre mondiale. »

De plus en plus de jeunes attirés

Oubliez le gamin tristoune en uniforme à la sortie de la messe. Aujourd’hui les jeunes scouts s’occupent d’environnement, de solidarité, et ça marche ! En 2018, ils étaient 125 000 adhérents contre 75.000 en 2012. Marie Mullet-Abrassart : « Pour les Scouts et Guides de France. On a 91 000 membres aujourd’hui, dont 64 000 jeunes, et 27 000 personnes engagées bénévolement auprès d’eux. On a progressé de plus de 30% en dix ans. »

Construire des cabanes – Imgorthand

Le film Scout toujours n’en donne pas une bonne image, mais le scoutisme n’est pas un mouvement ringard, puisqu’il est constitué des jeunes d’aujourd’hui qui vivent pleinement dans la société. Il est très 2022 : on vit avec les réseaux sociaux, on s’occupe d’environnement : on a voté en Assemblée générale, une résolution pour avancer sur la conversion écologique et faire des camps zéro déchet. On a avancé sur le handicap… »

Des valeurs d’entraide et d’autonomie

C’est un mouvement ouvert à tous. L’article 1 des statuts des Scouts et Guides de France précise : « L’Association est ouverte à tous, sans distinction de nationalité, de culture, d’origine sociale ou de croyance ».

Simon, auditeur de France Inter explique : « Dans le scoutisme, j’apprécie le contact avec la nature. On nous apprend à être autonomes avec tout ce qui pourrait être dangereux comme le feu, ou les couteaux. On nous enseigne comment construire des cabanes avec les nœuds. 

Mais le plus important : on nous montre comment à être en relation avec les autres et on nous fait pratiquer la notion de solidarité. Cela m’a appris par exemple à trouver les bons mots pour ne pas blesser mes amis… »

Salomé : « Je suis venue poussée par ma mère, mais j’avoue apprécier les notions de liberté. J’ai aussi appris à être moins timide, et à aller vers les autres. »

Des amis et des rituels structurants

Adda Abdelli : « Salomé, tu ne le sais pas encore, mais tu vas vite le découvrir aux scouts, on se fait des amis que l’on garde à vie. »

Gwenaelle Boulet : « Je suis très sensible au rituel. Chez les scouts, faire sa promesse (le moment où on peut faire le signe avec les doigts du scout) au coin du feu est quelque chose dont on se souvient tous. Cela nous fait entrer dans une communauté… Et le fait d’avoir des rituels, d’acquérir des compétences incarnées par des badges qu’on met sur nos chemises, et cette pédagogie basée entre autres sur les rituels m’a énormément structurée »

Marie Mullet-Abrassart : « À la différence des colonies de vacances, la spécificité des scouts est la pédagogie du temps long. On voit se construire la personnalité, le rapport à l’autre. Les jeunes apprennent à faire des concessions, des compromis. Quand ils ont 14 ans, ils doivent défendre leur projet… » 

Christophe Carichon : « Les scouts, les guides, les louveteaux et jeannettes se rencontrent toute l’année le samedi dans un local qu’ils aménagent. Ils forment une autre famille, la famille heureuse au fond des bois ! »

Patrice Huerre : « Les enfants et les adolescents ont besoin pour se construire de relations médiatisées par des adultes en qui ils ont confiance et de pouvoir expérimenter toute forme d’aventure qui leur procure l’idée que le monde est à découvrir, et stimule la curiosité et l’envie de grandir. »

ECOUTER | Grand bien vous fasse sur le scoutisme 

Avec : 

  • Adda Abdelli, Comédien et co-auteur de «Vestiaires», série courte sur le handicap diffusée sur France 2. Il signe aujourd’hui sa première BD sur les scouts avec Cédric Ghorbani (dessin). Auteur de Les scouts. Tome I : paroles de scout ! – Editions Michel Lafon, 2021.
  • Marie Mullet-Abrassart, Présidente des Scouts et Guides de France. Scout depuis l’âge de 7 ans.
  • Christophe Carichon, Historien et chercheur associé au Centre de recherche bretonne et celtique (Université de Brest). Spécialiste reconnu de l’histoire du scoutisme. Il publie Grandes figures du scoutisme – Editions Artège, octobre 2021.
  • Patrice Huerre, Pédopsychiatre, psychothérapeute et psychanalyste. Psychiatre des hôpitaux. Spécialiste des adolescents.
  • Louis Devaud, 19 ans, inscrit aux Eclaireuses et Eclaireuses de France depuis l’âge de 6 ans.  Bénévole et animateur scout.
  • La chroniqueuse de Ma vie de parent, Gwenaëlle Boulet