Reportage signé Alain Robert
Le 8 mai à Orléans en 1964
C’est « la » Fête d’Orléans. Une semaine de manifestations, avec des points forts : le 7 au soir « embrasement de la cathédrale » (des feux de bengale pour rappeler les feux allumés au sommet des tours pour annoncer la libération de la ville le 7 mai 1429), le 8 au matin défilé « des provinces »et le 8 mai après-midi le défilé de Jeanne d’Arc. Sur le trajet, les trottoirs sont noirs de monde.
Une boutade, très proche de la réalité dit qu’une moitié des Orléanais regarde l’autre moitié défiler !
En tête, à cheval avec ses pages, la Jeanne de l’année (une lycéenne orléanaise venant alternativement de l’enseignement public et de l’enseignement privé), les corps constitués avec l’invité d’honneur de l’année (en 1964 Christian Fouchet, Ministre de l’Education Nationale) suivi par des délégations de quasi toutes les associations orléanaises.
Il y a aussi une délégation écossaise : souvenons-nous qu’en 1429, Ecossais et Français étaient alliés pour « bouter l’Anglois hors de France »
Pour les associations, une réponse positive à la demande de la municipalité à participer fait partie de la norme. En contrepartie, même si ce n’est pas dit explicitement, subventions, locaux…
Pour mieux comprendre ce fonctionnement, il faut se replacer dans le contexte :
En 1964, à Orléans, il existe encore des « cités d’urgence » construites après la guerre pour reloger les sinistrés des bombardements, en 1945 ; la ville vient juste de devenir capitale régionale, le recteur d’académie (Gérald Antoine, premier recteur nommé en 1962) bataille pour affirmer son autorité et pour installer une université (le collège universitaire d’Orléans dépend toujours de Paris).
L’Orléans moderne est encore en gestation.
Au plan éclé, Les Éclaireuses Éclaireurs de France (EEDF) viennent juste de naître par la fusion des EDF (Éclaireurs de France, fondé en 1911) et de la section neutre de la FFE (Fédération française des éclaireuses, 1921). Il y a alors six groupes sur Orléans en banlieue, plus de 1000 éclés.
Pour compléter l’histoire locale, après le défilé de Jeanne d’Arc a lieu un défilé militaire. En 1964 la France est encore dans l’OTAN et Orléans héberge une importante population américaine. Dans le défilé militaire, il y a donc une unité militaire de l’armée des USA qui défile en grand uniforme, avec des casques en acier inox aussi brillants que des miroirs !