Je vous invite à relire dans » 100 ans de laïcité dans le scoutisme » à la page 289 le paragraphe qui commence par « Il a fallu se préoccuper de Saint Jorioz, des Circuits Corse… »
J’y rends hommage à Claude Deru, mais il fallait trancher sur la situation en Corse. Il y a le fond et la forme. Nous sommes coupables sur la forme. Claude DERU ne méritait certainement pas une telle humiliation. Je fais appel à ma mémoire qui peut être défaillante. Le Comité Directeur avait décidait de trancher dans son programme de décisions à prendre. Dans ses séances précédentes il avait instruit le fond en demandant à Daniel Goux de se rendre sur place et de rendre compte au délégué Général de l’époque : François Daubin. Ce qui a été fait.
Il s’agissait de prendre une décision nationale et non parisienne. L’instruction de l’affaire a été faite dans les règles et il me semble que Claude Deru a été écouté le premier jour du CD (à l’époque le CD durait 2 jours) et le lendemain le CD prenait sa décision. Claude Deru n’a pas convaincu le CD et il est vrai que la décision du CD l’a certainement surpris.
Sur le fond, personnellement, je veux bien dire pourquoi j’ai voté cette décision bien que celle ci concernant des personnes qui pouvaient en être meurtries était à bulletin secret. J’ai cru comprendre que les finances pouvaient mettre en péril toute notre association et que nous étions tenu de payer l’impôt corse pour rester en vie sur ce territoire. Moralement, payer cet impôt corse m’était insupportable. Il faut comprendre que la décision est prise de façon démocratique et qu’un certaine confidentialité est requise dans le jugement. Elle est collégiale. Je ne me souviens plus très bien comment cette décision a été notifiée à Claude Deru. C’est peut-être là que je me sens coupable.
Et du délégué général
A propos de l’article sur Claude DERU et la réaction de Jacques DELOBEL que je partage et souhaite compléter par le regard de l’équipe Nationale.
En effet, en tant que délégué Général j’ai eu à gérer le dossier de la succession de Claude à la direction des Circuits Corses.
En préalable je dois avouer que j’avais pour Claude une grande admiration. Partant de la pédagogie des ainés il a été avec TULPIN, Cascade et plus tard Emile GAGNON un pionnier dans le domaine des vacances d’adolescents.
Responsable du service 15/24 d’Orléans j’ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois. C’était un bâtisseur, un innovateur, un gestionnaire, un animateur d’équipes sachant communiquer son enthousiasme. Il a su construire un bel outil.
Mais dans les années 80 tous nos services sont confrontés à une crise qui les mets en difficulté. Le secteur des adolescents évolue avec un public qui voie s’ouvrir un champ de possibilités de vacances plus élargi et un public qui s’émancipe. De plus nos prescripteurs historiques, surtout les comités d’entreprise, sont eux aussi en difficulté avec la désindustrialisation de notre pays et la disparition des mines de charbon.
Les recrutements de participants deviennent difficiles. De plus les Circuits Corses ont un patrimoine important qui ne sert que l’été.
Claude a conscience de cette évolution et tente sans grands moyens de lancer des vacances pour les familles. Mais la situation se dégrade.
Globalement tous nos services vacances sont confrontés à cette évolution qui touche l’ensemble du secteur associatif.
En 1988 plusieurs services sont en difficulté. En particulier le service neige de Lyon qui cumule les déficits.
Le secteur vacances contribue aussi au financement de l’échelon national avec probablement plus de 10.000 cotisants. Ce n’est pas négligeable
C’est dans ce contexte que Daniel GOUX en charge du secteur Vacances dans l’équipe Nationale prend en main le dossier de la succession de Claude.
Nous avons à l’époque une proposition des Circuits Corses qui avance la candidature du fils de Claude. Mais il n’a pas, nous semble-t-il d’expérience particulière dans ce domaine et nous n’avons pas d’échos de son travail dans les circuits.
Se dessine alors une seconde solution. Réunir les vacances de neige (qui avaient été lié dans le passé avec les circuits) avec de nouveau le service de Claude. Nous pensions, avec une approche comptable, qu’en diminuant les frais de structure nous pouvions apporter une solution. C’est le dossier que l’équipe Nationale a présenté au Comité Directeur de l’association. Ce que Jacques DELOBEL confirme avec il est vrai une petite pression venue de Corse.
Je rejoins Jacques sur la manière dont nous avons traité l’aspect humain de cette succession. Le regret d’avoir failli et snobé Claude de ne pas l’avoir assez associé au dossier.
J’ai quitté le mouvement en 1993 et j’ai perdu le contact. Plus aucune information ne m’est parvenue. Je n’ai même pas eu connaissance de son décès.
Claude demeure pour moi un grand bonhomme.