Sources :
– Revue EDF Le Chef
– Les Combattantes de l’Ombre, histoire des femmes dans la Résistance, de Margaret Collins Weitz, édité chez Albin Michel ED. 1997 dont la préface est signée par Lucie Aubrac.
– Éclaireuses pendant la guerre, de Denise Joussot, Mario Mella Ed. 1999
– Miarka, d’Antoine de Meaux, Ed. Phoebus, ISBN : 978-2-7529-1219-0.
ou en ligne :
- http://www.libellagroup.com/data/extrait/9782752912190.pdf
- https://www.histoire-du-scoutisme-laique.fr/
Extraits – Éclaireuses pendant la guerre :
« Nous étions quatre enfants, tous quatre dans le scoutisme : Jean chez les Éclaireurs après avoir été longtemps louveteau, et les trois soeurs chez les éclaireuses. Milou, ma sœur aînée, était cheftaine de Nice IV, Simone était dans ma section et moi cheftaine adjointe à Nice VI, section « neutre ».
À la fin de juillet 43, j’avais tout juste 19 ans et j’étais à un camp de formation de cheftaines avec Milou. Papa nous a écrit qu’on commençait à arrêter les juifs français, qu’il valait mieux que nous ne rentrions pas à Nice et que nous essayions de nous cacher et de trouver du travail.
Milou a décidé de rentrer car elle était secrétaire chez des amis et son salaire aidait la famille à vivre. Une cheftaine de Grenoble (Chouka, je crois) m’a proposé une place de surveillante dans un couvent qui cachait déjà des juifs. J’ai refusé car je ne voulais pas me cacher, je voulais participer à la résistance, à la lutte clandestine contre les Allemands.
Une autre cheftaine (Dorne ?) m’a alors emmenée chez ses parents près de Limoges où ils étaient eux-mêmes réfugiés. J’y fus très bien accueillie et j’y suis restée deux ou trois semaines, jusqu’à ce qu’une troisième cheftaine m’écrive que j’aille chez elle « qu’elle m’avait trouvé ce que je cherchais ». C’était Kikie Mathieu, institutrice à Saint-Marcellin, avec laquelle je m’étais fort liée au cours d’une « retraite neutre » de trois jours que nous avions faite ensemble. Ce n’était pas facile de trouver un joint pour entrer dans la Résistance puisqu’elle devait rester secrète… (…) Kikie m’a présentée à son ami « Doudou » qui lui faisait confiance. Il m’a fixé un rendez-vous et nous nous sommes retrouvés à Lyon où je n’avais jamais mis les pieds. Je n’avais d’ailleurs jamais quitté ma famille, sauf pour aller chez des amis ou avec les Éclaireuses.
Doudou, place des Jacobins, me présente à l’agent de liaison que je devais remplacer, ce pour quoi il m’avait engagé : « Annette, et vous ? » me dit-il. Prise au dépourvu, je réponds « Miarka ». Annette avait été la cheftaine louveteau de mon frère à Nice et nous nous connaissions, elle savait que j’étais une des trois soeurs Jacob ; à notre retour (elle aussi a été arrêtée et déportée), elle m’a dit ne pas savoir laquelle des trois j’étais ! (…). Manquant d’imagination, j’avais donné le nom de « Miarka », mon nom de guerre, car nous avions tous un surnom pour dépister les Allemands, et en déportation mes camarades ont continué à m’appeler ainsi, encore aujourd’hui. (…)
Les éclaireuses ainsi ont véritablement encadré ma vie de Résistante ».
Les combattantes de l’ombre :
«Vous n’imaginez pas à quel point l’activité d’agent de liaison vous oblige à développer votre mémoire. Pour commencer, vous changez tout le temps d’identité. Ce qui implique des noms différents, des adresses et des cartes d’identité différentes. Arrêté, questionné, vous devez vous rappeler tous les détails de votre identité du moment. Cela sans compter les nombreux messages qu’il fallait mémoriser. Les mettre par écrit aurait été trop dangereux.»
En 1944, la famille Jacob rassemblée (sauf Denise), fut arrêtée parce que juive bien que non pratiquante. Déportés, garçons et filles, dans des directions différentes, «allèrent de camp en camp». Ni les parents ni le fils ne revinrent. Denise, subit le même sort pour faits de Résistance sous le nom de Denise Jacquier : elle est transférée à Romainville le 30 juin 1944, déportée à Ravensbrück, le 14 juillet 1944, puis Mauthausen, le 2 mars 1945.
Les trois filles ont montré un aspect de la Résistance : celui de la résilience dans les camps nazis.
Dans le cadre du Devoir de Mémoire, Denise et Simone, comme Nicole Clarence se sont exprimées également dans des entretiens documentaires que l’on trouve sur la toile.
L’aînée Madeleine JACOB-JAMPOLSK, dite Milou, fut Déléguée Locale E.D.F à Marseille, Cf.Le Chef janv. 1942.
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