2021 : les Astrales : de la F.F.E. N à la Résistance et la déportation - Son témoignage

Ven13Nov202010:34

2021 : les Astrales : de la F.F.E. N à la Résistance et la déportation

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Mémoires de « Miarka », Denise Jacob-Vernay

« Nous étions quatre enfants, tous quatre dans le scoutisme : Jean chez les Éclaireurs après avoir été longtemps louveteau, et les trois sœurs chez les Éclaireuses. Milou, ma sœur aînée, était cheftaine de Nice IV, Simone était dans ma section et moi cheftaine adjointe à Nice VI, section « neutre ».

À la fin de juillet 43, j’avais tout juste 19 ans et j’étais à un camp de formation de cheftaines avec Milou. Papa nous a écrit qu’on commençait à arrêter les juifs français, qu’il valait mieux que nous ne rentrions pas à Nice et que nous essayions de nous cacher et de trouver du travail.

Milou a décidé de rentrer car elle était secrétaire chez des amis et son salaire aidait la famille à vivre. Une cheftaine de Grenoble (Chouka, je crois) m’a proposé une place de surveillante dans un couvent qui cachait déjà des juifs. J’ai refusé car je ne voulais pas me cacher, je voulais participer à  la résistance, à la lutte clandestine contre les Allemands.

Une autre cheftaine (Dorne ?) m’a alors emmenée chez ses parents près de Limoges où ils étaient eux-mêmes réfugiés. J’y fus très bien accueillie et j’y suis restée deux ou trois semaines, jusqu’à ce qu’une troisième cheftaine m’écrive que j’aille chez elle « qu’elle m’avait trouvé ce que je cherchais ». C’était Kikie Mathieu, institutrice à Saint-Marcellin, avec laquelle je m’étais fort liée au cours d’une « retraite neutre » de trois jours que nous avions faite ensemble. Ce n’était pas facile de trouver un joint pour entrer dans la Résistance puisqu’elle devait rester secrète… (…) Kikie m’a présentée à son ami « Doudou » qui lui faisait confiance. Il m’a fixé un rendez-vous et nous nous sommes retrouvés à Lyon où je n’avais jamais mis les pieds. Je n’avais d’ailleurs jamais quitté ma famille, sauf pour aller chez des amis ou avec les Éclaireuses.

Doudou, place des Jacobins, me présente à l’agent de liaison que je devais remplacer, ce pour quoi il m’avait engagé : « Annette, et vous ? » me dit-il. Prise au dépourvu, je réponds « Miarka ». Annette avait été la cheftaine louveteau de mon frère à Nice et nous nous connaissions, elle savait que j’étais une des trois sœurs Jacob ; à notre retour (elle aussi a été arrêtée et déportée), elle m’a dit ne pas savoir laquelle des trois j’étais ! (…). Manquant d’imagination, j’avais donné le nom de « Miarka », mon nom de guerre, car nous avions tous un surnom pour dépister les Allemands, et en déportation mes camarades ont continué à m’appeler ainsi, encore aujourd’hui. (…)

Les Éclaireuses ainsi ont véritablement encadré ma vie de Résistante ».

(Extrait de « Éclaireuses pendant la guerre »)


 

  

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