…militant polonais de l’éducation populaire, en liaison avec le scoutisme
Chemin de rencontres avec les ZHP, autour de la pensée de Korczak et de l’éducation populaire – Février 2012 – Varsovie
Chaque journée de ce voyage d’une semaine, a été riche de promesses de projets d’échanges ; pour que les jeunes puissent prendre parole.
Samedi 18 Février : Rencontre avec des responsables du Scoutisme Polonais (ZHP), en leur siège national et Musée. Rendez-vous avec l’histoire du scoutisme, de l’éducation nouvelle et populaire de ce pays .
En effet, cette année, en Pologne, le Dr Janusz Korczak est à l’honneur. On célèbre le Centenaire de la création de son orphelinat de Varsovie : « Dom Sierot », ainsi que sa disparition au camp d’extermination de Treblinka, avec ses 200 orphelins, il y a 70 ans. Les ZHP lui rendent hommage dans leurs dernières publications en direction des jeunes.
Pourquoi, ce pionnier de l’éducation nouvelle a t-il laissé son empreinte sur les actuels responsables du scoutisme polonais ?
C’est un fait que je n’aurais pas imaginé, moi qui suis aussi membre de l’Association des Amis du Dr Korczak. Mais, je me suis souvenue de récits de jeunesse de ma mère, native elle aussi des quartiers juifs de Varsovie. Elle évoquait ses souvenirs au sein d’un mouvement d’éducation populaire sioniste : «Hashomer Hatzaïr», inspiré de Baden Powell, qui se créa dans les années 1910, en même temps que les ZHP. Le Dr Korczak organisait des «colonies de vacances» durant l’été pour les orphelins, marcha donc sur les traces de ce courant du scoutisme, au service de la communauté éducative. Là aussi, on découvre tout un champ d’innovations dans ses écrits. Pas étonnant que ma mère décida plus tard « d’envoyer » ses enfants aux EEDF, car elle fut membre de ce mouvement sioniste de jeunes entre les deux guerres !
Mais le rouleau compresseur de l’Histoire, avec la Deuxième Guerre Mondiale passa par là ; détruisant Varsovie, exterminant les juifs du Ghetto, installant un silence assourdissant, opposant les communautés de pensée, pour asseoir la barbarie et la haine.
Vingt ans après, ce fut la force de nos deux mouvements : EEDF et ZHP, d’ouvrir des lucarnes d’espoir, de bonheur, de dire : Plus jamais ça ! envers des personnes qui voulaient apprendre à comprendre. Nous avons imaginé des projets.
Nous n’avons pas fini de redécouvrir les bénéfices tirés de nos premières rencontres. Elles furent décisives pour faire entendre nos voix singulières, donner réalité à nos rêves de fraternité, reconstruire par des actes de solidarité une société plus juste.
Grâce à des pratiques novatrices de pédagogie de projets, des instances démocratiques comme la pratique des conseils d’enfants, la réflexion autour des droits de l’enfant, dont Korczak fut l’inspirateur dès 1928 (cf « Le Droit au respect de l’Enfant ») ; il s’opère dès le plus jeune âge, des effets de transformation à long terme sur les personnes.
Lors de cette rencontre du 18 Février, au-delà des évènements factuels importants, j’ai senti que mes interlocutrices se mettaient en situation de recherche pour appréhender des pans entiers de leur histoire. Elles font le constat que durant deux générations, il a été difficile de se poser des questions au sujet de la complexité des évènements d’un passé douloureux.
Il y a alors une curiosité, un appétit qui s’installe, car, nous avons des choses à nous dire ; non pas pour demander des comptes à chacun, chacune… mais bien pour faire émerger des pratiques dans le champ de l’éducation populaire en particulier au sein de nos Mouvements de Scoutisme ; afin de ne plus accepter des situations intolérables, où les droits de l’Enfant sont bafoués, alors qu’existe une Convention Internationale ratifiée en 1989, pour construire une culture de paix dont les jeunes sont les messagers. Oui, une autre société est possible, permettant l’apprentissage de la démocratie et l’exercice de la citoyenneté.
Sachons répondre à leur appel, il y a comme une soif d’échanges, alors, donnons-nous en les moyens. Nous aurions tant à y gagner !
Les relations entre les EEDF et les ZHP sont également évoquées, en particulier par par Henri-Pierre Debord et François Daubin, dans le compte-rendu de la réunion à Orléans le 18 janvier 2012, dans la rubrique « Les éclés du deuxième siècle ».
Colette en compagnie de quelques ZHP au Musée du Scoutisme à Varsovie :
Pour en savoir un peu plus sur Janusz Korczak :
Extraits de http://memoire-net.org
communiqués par Astrid Blanc :
Les enfants ne deviennent pas des hommes, ils en sont déjà … Janusz Korczak. Varsovie. 1917
Une vie au service de l’enfance
Écrivain, médecin, éducateur, Janusz Korczak est entré dans l’Histoire le jour de sa déportation au camp de Treblinka, accompagnant dans la mort les enfants du ghetto de Varsovie qu’il avait refusé d’abandonner.
Originaire de Varsovie, Janusz Korczak doit, dès l’âge de 12 ans, subvenir aux besoins de sa famille ruinée par l’internement psychiatrique de son père. Il devient précepteur et découvre son goût et ses capacités à communiquer avec les enfants. En observant et en aidant les orphelins perdus dans la ville, il comprend l’ importance de l’ amour, du respect et de l’éducation dans la vie d’un enfant. Il élabore ainsi ses premières théories pédagogiques. De 1896 à 1907, il écrira plus de 600 articles dans des revues spécialisées.
Devenu auteur à succès et médecin, il abandonne une carrière prometteuse pour créer deux orphelinats pilotes, Dom Sierot en 1913, Nasz Dom en 1919. Il instaure dans ces établissements une véritable société démocratique, organisée selon des principes de justice, d’égalité en droits et en obligations : « La République des enfants ».
Les causeries du Vieux Docteur, émission de radio familiale, La petite revue (ou Le petit journal) créée par les enfants, et ses nombreuses publications font de lui un homme connu de toute la Pologne. Il invente son héros emblématique Le roi Matdlias 1er qui devient son messager, son fils spirituel.
En 1928 paraît Le droit de l’enfant au respect, texte fondateur des principes reconnus en 1989 par la Convention des Nations Unies des droits de l’enfant.
Le destin de Janusz Korczak s’inscrit également dans toute l’histoire tragique de la Pologne et de la Shoah. Victime dès 1936 de l’antisémitisme, la situation de Janusz Korczak et de ses enfants s’aggrave avec l’installation du pouvoir et des idées nazis. Ignorant la montée du danger, il refuse d’émigrer en Palestine et d’abandonner les orphelins dont il a la charge.
Dom Sierot est transféré dans le ghetto de Varsovie créé en octobre 1940. C’est une lutte quotidienne pour nourrir les 200 enfants, une vie qu’il relate dans son Journal du Ghetto retrouvé et publié après sa mort. Une nouvelle fois, il choisit de rester, contre l’avis de ses amis qui lui proposent la fuite. Le 5 août 1942, peu après le début de la liquidation du ghetto, il embarque avec les enfants pour les chambres à gaz de Treblinka.
Personnalité scientifique la plus en vue dans le domaine de l’enfance en Pologne, Janusz Korcrak oeuvrait depuis le début du siècle à une refonte complète de l’éducation et du statut de l’enfant. Cinquante ans après sa mort, sa pensée, son histoire et sa pédagogie interpellent plus que jamais Ies pratiques et les regards des adultes sur les enfants.
(NB : les manifestations de Varsovie en 2012 commémorent à la fois le centenaire de sa naissance et le 70ème anniversaire de son départ pour Treblinka)
Référence : <http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=261>
Extraits de http://korczak.fr, site de l’Association Française Janusz Korcsak
« Vous dites :
— C’est épuisant de s’occuper des enfants.
Vous avez raison.
Vous ajoutez :
— Parce que nous devons nous mettre à leur niveau. Nous baisser, nous pencher, nous courber, nous rapetisser.
Là, vous vous trompez. Ce n’est pas tant cela qui fatigue le plus, que le fait d’être obligé de nous élever jusqu’à la hauteur de leurs sentiments.
De nous élever, nous étirer, nous mettre sur la pointe des pieds, nous tendre.
Pour ne pas les blesser. »
Janusz KORCZAK, Quand je redeviendrai petit (prologue), – AFJK, traduction révisée en 2007.
Cette citation est diffusée depuis 1990 par l’Association française Janusz Korczak en hommage à la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) adoptée par l’ONU en 1989, sous la forme d’une carte postale illustrée par le peintre surréaliste W. Siudmak, qui a connu un très grand succès. (…)
L’ouvrage de Janusz Korczak dont elle est tirée, Quand je redeviendrai petit, est l’un des plus beaux romans pour roman pour enfants de Korczak dédié aux droits de l’enfant. Il a été traduit et publié en français sous le titre : Le droit de l’enfant au respect, coédition Laffont/Œuvres représentatives de l’Unesco, 1979 (épuisé).
Référence : <http://korczak.fr/m4textes/citations/korczak-poeme_vous-dites-enfants-fatigants.html>