… proche du Mouvement…
Marcel Marceau, mime mondialement connu pour son personnage « Bip », a toujours été proche du Mouvement sans qu’il soit possible de préciser s’il en a été ou non membre dans sa jeunesse. Il a souvent apporté bénévolement sa participation aux veillées des grandes rencontres des E.D.F., en particulier pour le « congrès des C.P. » en 1947. Il nous a paru intéressant d’en situer le parcours, en particulier lors de son passage à la Maison de Sèvres où tous les animateurs étaient connus par leurs totems !
Extrait de la fiche proposée par GEO : www.geo.fr/histoire/
Animateur de théâtre… et de chant
Marcel Mangel naît à Strasbourg le 22 mars 1923, dans une famille juive d’origine polonaise. À l’âge de 15 ans, il doit quitter précipitamment l’Alsace avec ses proches, comme 80.000 autres Alsaciens poussés à l’exil par l’avancée des troupes allemandes nazies, qui annexent la région dès juillet 1940. Il se réfugie alors à Périgueux (Dordogne) puis à Limoges (Haute-Vienne). Doué pour la céramique, le jeune Marcel intègre l’école des arts décoratifs de la ville en parallèle de sa vie de lycéen. En 1942, il devient moniteur de théâtre au château de Montintin, puis plus tard à la maison d’enfants de Sèvres (Hauts-de-Seine), deux lieux ayant abrité clandestinement plus d’une centaine d’enfants juifs menacés par la déportation. C’est ainsi que la même année, il rejoint la Résistance avec son frère Simon, retrouvant son cousin germain George Loinger (1910-2018), déjà engagé au sein du réseau Bourgogne.
Dans la Résistance
« Il y avait de la résistance secrète dans les villes et les maquis à la campagne. De temps à autre, nous étions envoyés en mission […] Grâce à mes dons en dessin, je contrefaisais des cartes d’alimentation avec un crayon correcteur pour les Français qui devaient être envoyés au Service de travail obligatoire en Allemagne : on changeait les dates pour Ie Service de travail obligatoire que les Allemands avaient décrété. Et, avec un des crayons de couleur de pastel rose, on imitait la couleur naturelle de la carte d’alimentation. On fabriquait également des fausses cartes d’identité ». — Le mime Marcel Marceau : entretiens et regards avec Valérie Bochenek (éd. Somogy, 1996).
À 19 ans, Marcel Mangel intègre donc le mouvement de résistance intérieure française au sein du groupe des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Dordogne Nord. Il aide notamment son cousin George Loinger à évacuer plusieurs enfants juifs par semaine vers la frontière suisse, depuis Lyon jusqu’à Annemasse (réseau Garel). Le futur maître du silence agit comme passeur. « Nous étions déguisés en boy-scouts. À la moindre erreur, nous pouvions être pris. On ne pensait pas à cela. On était préparé à vivre, et non à être torturé », raconte-t-il dans ses entretiens avec Valérie Bochenek. Grâce à son talent pour la comédie déjà bien présent, il permet aux enfants terrifiés de rire. Le 11 février 1944 néanmoins, son père est arrêté à Limoges, alors qu’il travaille dans une boucherie. Au sein du convoi n° 69, il est déporté au centre d’extermination d’Auschwitz quelques jours après, où il meurt
Du résistant Marcel Mangel au mime Marcel Marceau
Le nom de Marcel Mangel apparaît sur la liste des hommes recherchés par le quartier général de la Gestapo, police politique de l’État nazi. Sa mère repart pour Périgueux. « Nous n’étions plus en sécurité à Limoges. Mon frère Simon était devenu le lieutenant Alain. II jouait un rôle très important dans un réseau de résistance et m’a procuré de faux papiers. » C’est à ce moment-là que celui qui aurait été surnommé « Kangourou » à la maison d’enfants de Sèvres se choisit une nouvelle identité, Marceau. Un surnom tiré du livre Les Châtiments (1853) de Victor Hugo : « Je me souvenais d’une phrase […] parlant des généraux des campagnes napoléoniennes d’Italie : ‘Hoche sur l’Adige, Marceau sur le Rhin’. Comme j’étais né dans le Bas-Rhin, j’ai décidé de m’appeler Marcel Marceau ». Il monte sur Paris puis à la Libération, s’engage dans la Première armée du général de Lattre et fait la campagne d’Allemagne.
Après la guerre, il se concentre à nouveau sur ses talents et contribue à remettre l’art du mime sur le devant de la scène. En 1947, il dévoile au théâtre de Poche à Montparnasse le personnage qui fera sa renommée internationale : Bip, un pierrot lunaire populaire, pourtant l’incarnation de son enfance envolée. Pour transmettre son savoir, il crée en 1978 l’École Internationale de Mimodrame, toujours sur pieds à Paris. Il s’éteint le 22 septembre 2007 à Cahors (Lot) et est inhumé au Père Lachaise. Le plus célèbre des mimes a été fait Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’Ordre National du Mérite et Commandeur des Arts et Lettres. Et durant toute sa brillante carrière, il a conservé son pseudonyme, « en souvenir de la Résistance, qui est toujours en moi lorsque j’évoque tous ceux qui ont disparu, tous ceux qui ont été torturés et fusillés, pour que notre monde reste libre et juste ».
La Maison de Sèvres
Extraits de la fiche Wikipedia
Informations sur le site : https://lamaisondesevres.org
La Maison d’enfants de Sèvres fut fondée en 1941 par Yvonne et Roger Hagnauer dans une grande propriété sans style qui, jusqu’à la guerre, abrita une communauté religieuse. Sous l’égide du Secours national (Entraide française), elle était, à l’origine, destinée à héberger des enfants de la région parisienne victimes des restrictions alimentaires. Mais elle a évolué sous l’influence de sa directrice, Yvonne Hagnauer (« Goéland »), en refuge pour les enfants victimes de la guerre et des persécutions politiques.
Au cours des années 1942, 1943, 1944, elle a abrité jusqu’à plus de soixante enfants admis clandestinement, cependant que leurs parents subissaient la proscription et la déportation. La Maison fut rattachée aux services de l’enseignement de la Seine en 1949.
(Marcel Marceau fait partie du groupe à la Maison de Sèvres)
En 1951, elle comptait cent trente enfants en moyenne, garçons de 3 à 12 ans, filles de 3 à 17 ans : enfants de déportés raciaux et politiques, orphelins de guerre, orphelins de père et/ou de mère, enfants de mères abandonnées, enfants de familles sinistrées, enfants de ménages dissociés, enfants en danger moral dans leur famille, enfants de familles ouvrières dont les conditions matérielles d’existence contrarient le développement normal (familles nombreuses, au logement insuffisant, par exemple), enfants présentant des troubles de l’émotivité provoqués par les événements de guerre. La Maison de Sèvres n’était pas « spécialisée », comme l’étaient la plupart des centres créés pour le sauvetage des victimes de la guerre.
En novembre 1958, la Maison emménagea au Château de Bussière. Yvonne Hagnauer la dirigea durant 29 ans, jusqu’en septembre 1970. La Maison continua sous la direction d’« Orchidée » (de 1970 à 1990). Au cours de cette période, l’internat et le collège furent rattachés au département des Hauts-de-Seine. Au fil des années, les sections professionnelles furent supprimées ; puis les classes maternelles, puis les classes élémentaires. En 2006, l’enseignement ne se fit plus sur place mais au collège Saint-Exupéry de Meudon. L’effectif d’enfants accueilli fut systématiquement réduit (suppression des 6e, puis des 5e, puis des 4e). L’internat accueillant 12 élèves de 3e a été définitivement fermé fin juin 2009.