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2013 : Pierre Déjean, toujours d’actualité

 L’ouvrage est sorti début octobre. Son frère Maurice et sa sœur Annie nous décrivent un parcours qui donne un excellent exemple d’engagement toujours actuel, au service du Mouvement et de ses valeurs réelles.

 

 

 

Extrait de la « postface » de l’ouvrage :

 

Pourquoi, soixante-dix ans après, éditer une publication à la mémoire de Pierre Déjean, commissaire national des Éclaireurs de France assassiné en déportation ? L’histoire de cette période, et celle du Mouvement, ont déjà été racontées… Et pourtant je suis persuadé que ces écrits, dus au frère et à la sœur de Pierre, répondent à un besoin, et pour plusieurs raisons.

En tout premier lieu, le scoutisme laïque actuel est le résultat d’une évolution qui a commencé un peu avant la première guerre mondiale mais s’est concrétisée dans les années 20 : il est intéressant de voir, comment il s’est pratiquement implanté dans une petite ville de province, comment il fonctionnait, comment il créait, chez de nombreux adultes et adolescents, une « motivation » qui allait durer plusieurs décennies : Auch a donné au Mouvement un grand nombre de militants, qui en ont gravi les échelons de responsabilité – locale, départementale, régionale et, pour deux d’entre eux, Pierre Déjean et René Duphil, nationale. Nous y voyons bien évidemment un excellent exemple de cet engagement qui est souvent évoqué aujourd’hui encore, et qui a été un thème majeur de la rencontre « Transhumances » des « jeunes adultes éclés » en août 2011 à Bécours. Le parcours de Pierre Déjean nous permet de mieux connaître l’histoire du Mouvement telle qu’elle a été vécue, simplement et concrètement, sur une vingtaine d’années.

Ensuite, et ce point est important, Pierre Déjean a subi, dans sa jeunesse, un traumatisme majeur avec un accident de la circulation qui en a fait un handicapé de la vie – et lui a causé des souffrances tout au long de cette vie. Il est intéressant de constater comment Pierre a vécu ce handicap, comment il a été aidé par le scoutisme, comment il a accompagné le scoutisme.

Un souvenir personnel : responsable à Garches d’une unité de garçons, en rééducation des séquelles de poliomyélite, en fauteuil roulant ou en chariot plat, il m’est arrivé de raconter l’histoire de Pierre dans la préparation à la promesse, pour en évoquer le courage et l’intégration dans la vie scoute…

Enfin, et c’est une rectification indispensable, il est possible, à travers ce récit, de revenir sur la période de la seconde guerre mondiale et sur les événements qui l’ont marquée, dans le Mouvement et dans le pays. Diverses interprétations ont été émises, par des historiens quelque peu approximatifs, sur le comportement du scoutisme en général, et du scoutisme laïque en particulier, au contact d’un régime imposé sous l’occupation ennemie. Il s’est avéré nécessaire, en 2011, de rétablir une vérité au vu de certaines affirmations. Bien sûr, les associations ont été subventionnées par l’État Français, qui y voyait un moyen d’action au service de ses options, et quelques articles des revues évoquent le chef de l’État. Mais un examen objectif de la réalité des comportements permet cette rectification : dès le début de 1941, quelques mois après la mise en place du nouveau régime, Pierre Déjean imagine un camouflage des activités en zone occupée, et le présente par des lettres aux responsables dont la teneur est tout à fait significative du contexte de résistance qui est en cours d’installation. Son engagement personnel dans un réseau, tel que décrit par son épouse, est aussi la démonstration d’un choix difficile et dangereux. Et il est peut-être utile de rappeler que – pour ne citer que quelques-uns –  plusieurs membres de l’équipe nationale E.D.F. – Pierre François, André Basdevant, René Duphil – ont témoigné également de leur refus personnel d’une politique inique en hébergeant à Vichy, dans les annexes du Pavillon Sévigné, des jeunes filles juives menacées ; qu’Étienne Peyre, commissaire national à la branche aînée, s’est également engagé en Résistance en zone interdite, et a perdu un fils dans un combat du maquis… La liste est longue des responsables qui, comme Pierre Déjean, ont choisi cette voie et ce témoignage des valeurs de notre Mouvement.

Sur la suggestion de Maurice Déjean, le Mouvement a organisé, en conclusion de l’année du centenaire du scoutisme laïque, un colloque sur le rôle important de notre Mouvement dans la formation des jeunes à la citoyenneté, hier, aujourd’hui et demain. Le parcours de Pierre Déjean en donne un excellent exemple, et je suis reconnaissant à Maurice et Annie d’avoir si bien su nous le rappeler. L’association pour l’histoire du scoutisme laïque est heureuse de les remercier également de nous avoir confié le soin de la réalisation et de la diffusion de ce document.

Yvon Bastide

Président de l’A.H.S.L.