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1972 – 1974 : les remises en question chez les E.E.D.F.

Le nouveau Mouvement né en 1964 n’a pas fait l’économie de la «crise de société» qui a caractérisé les années qui ont précédé ou suivi 1968. Années de remises en cause, pas uniquement par la jeunesse mais peut-être surtout par elle, des principales caractéristiques d’une société qui n’avait pas su prendre la dimension de sa propre évolution.

 

 

Autant la réflexion menée par les E.D.F. dans les années de l’immédiate après-guerre s’est déroulée sans trop de heurts – si l’on excepte l’ « affaire Bertier » et la création d’une association dissidente de type traditionnaliste -, autant les années en question ont fait apparaître, pour une partie importante de la jeunesse et de ses Mouvements, une réaction de rejet. Cette réaction a frappé de plein fouet les E.E.D.F. dont les principes fondamentaux acceptaient, par définition, toutes les pistes de recherche, voire de contestation. Elle a entraîné plusieurs années de perturbations, dont Jean-René Kergomard pense qu’elles auraient pu être économisées…

 

Une crise de société et une crise du Mouvement

 

L’échelon national en charge du fonctionnement du Mouvement a connu, lui-même, une situation de crise mettant en évidence des conceptions différentes de l’action à mener. Cette situation a conduit quelques militants du Mouvement à faire appel à Pierre François pour succéder à Fernande Chatagner, première présidente des E.E.D.F. .

 

Le nouveau président a immédiatement proposé au Comité Directeur un projet de «Consultation» de l’ensemble du Mouvement, que devaient suivre des «Assises» appelées à définir des orientations constructives pour la suite de la vie du Mouvement… On peut noter que Pierre François, rappelé de sa retraite, a accepté très courageusement d’apporter, dans ces circonstances difficiles, à la fois une expérience de plusieurs décennies aux E.D.F. et un «œil neuf» lié, justement, à son éloignement au cours des années écoulées. À aucun moment, il n’a jugé sa connaissance ancienne de l’association suffisante pour définir ce qu’elle pouvait être dans le futur : c’est après cette «consultation» de l’ensemble du Mouvement, et après des «Assises» réunies en Avignon, que des propositions d’orientation ont été élaborées par un groupe de travail issu du Comité Directeur.

 

Grosso modo, une divergence de vue, ancienne mais exacerbée, divisait le Mouvement en deux grandes «tendances» : l’une, le «collectif Après-demain», souhaitait redonner vie aux orientations pédagogiques définies au cours des années récentes ; l’autre, «Avignon continue», souhaitait une réorientation plus radicale et proposait de nouvelles formes d’animation. Une troisième proposition, très minoritaire, proposait un retour sur des modalités d’animation qui avaient fait leurs preuves quelques décennies plus tôt.

 

Le groupe de travail animé par Pierre François et Jean Estève voyait dans cette divergence un risque de rupture en amenant «scissions, émiettement, liquidation en groupuscules antagonistes et inefficaces ». C’est donc un travail de synthèse de deux projets apparemment divergents qui a été entrepris sous leur responsabilité. Françoise Lefèvre, Jean-René Kergomard, Yvon Bastide et quelques autres en faisaient partie. A posteriori, l’échec de cette tentative était prévisible dans la mesure où les militants impliqués dans l’un et l’autre de ces projets voulaient «en découdre». Mais si l’A.G. de 1974 n’a pas permis de lui donner vie, le partage du nouveau Comité Directeur entre les deux tendances a conduit, quelques années après, à une solution proche de celle qui avait été envisagée.

 

Pierre François et Jean Estève ayant, par la suite, pris définitivement leur retraite du Mouvement, le relais a été pris par quelques autres, et, en particulier, à partir de 1977, par Jean-René Kergomard, qui nous explique pourquoi le Mouvement aurait pu gagner plusieurs années et comment la situation a pu, progressivement, se rétablir, en particulier par un retour vers des actions de formation efficaces et quelques grandes activités motivantes. Parmi lesquelles, sur la suggestion de Claire Mollet alors Déléguée générale, la création et l’animation du centre de Bécours.