Un parcours tout entier consacré à l’éducation populaire Paul Puaux, enseignant, militant E.D.F., CEMEA, Franca puis de l’éducation populaire, a joué un rôle important auprès de Jean Vilar pour le développement et le rayonnement du Festival d’Avignon.
(D’après « Paul Puaux, l’homme des fidélités », édité par l’Association Jean Vilar, 8, rue de Mons, 84000 Avignon)
Entré en relations avec les Éclaireurs de France alors qu’il était élève de l’École Normale, Paul Puaux prend des responsabilités de « chef de troupe » après sa nomination à l’école de Morières au début de la guerre ; « On considérait que faire la classe, c’était instruire certes, mais ce n’était pas suffisant, qu’il y avait à donner un prolongement à notre activité purement professionnelle, et chacun militait, soit dans une organisation périscolaire, comme on disait, la Ligue de l’Enseignement par exemple, soit dans le scoutisme laïque ».
En uniforme Éclaireur avant la guerre
En camp avec Jean Estève
Son engagement dans le Mouvement sera continu, à tous les niveaux : activités de Résistance pendant l’occupation, accueil de jeunes juifs menacés par les lois raciales, organisation de camp d’aînés à Vars en 1946, responsabilités départementales puis régionales, animation de stages de formation, participation au jamboree de 1955 au Canada, puis à l’EROM (« Équipes Route Outre-Mer » en Afrique Noire, dont il dirigera, en 1961, une caravane au Sénégal et au Mali – l’année même de l’indépendance de ces pays.
À côté des E.D.F., Paul Puaux participe aux CEMEA qu’il évoque dans « Les CEMEA, qu’est-ce que c’est » de Denis Bordat : « Qu’offraient les CEMEA ? L’action, d’abord. Combien l’oublient lorsqu’ ils s’adressent à la jeunesse ! L’entraînement aux méthodes d’éducation active ne se justifiait que pour déboucher sur l’action, une action importante, indispensable, urgente : les colonies de vacances (…) Comment former dans le minimum de temps l’encadrement élémentaire ? Une invention assez extraordinaire, le stage, nous permit de découvrir concrètement la liaison entre la théorie et la pratique. J’en ai retenu cette nécessité de ne jamais séparer la réflexion de l’action ». Nouvelle étape dans le même esprit, la participation à la réflexion qui conduit à la création des Francs et Franches Camarades : Paul a accompagné l’évolution des E.D.F. dans leurs prolongements vers l’éducation populaire – et au-delà…
En 1947, devenu inspecteur de la Jeunesse, Paul reçoit une troupe de comédiens venus de Paris, dirigée par un jeune homme de 35 ans, Jean Vilar, pour faire trois créations théâtrales en Avignon. Tout en participant aux installations de la Cour d’honneur du palais des papes et du verger d’Urbain V, il assiste discrètement à quelques répétitions… et alerte les jeunes des Mouvements qu’il anime : « Cette rencontre avec Jean Vilar a changé ma vie. (…) De là s’est développée l’idée de contact plus suivis, plus réguliers, entre le metteure en scène, les comédiens, les artisans et techniciens du spectacle et le public. ». Paul n’abandonne plus la Festival, en liaison avec le Conseil Culturel de la Ville d’Avignon. Détaché de l’Éducation Nationale, il devient « administrateur » du Festival… avec un bureau à Paris, au siège national des E.D.F., 66, rue de la Chaussée d’Antin, avant d’en prendre la direction jusqu’an 1979… même s’il affirmait « on ne succède pas à Jean Vilar ».
Au 66, Chaussée d’Antin
Ce parcours d’un militant nous semble tout à fait significatif de ce que le scoutisme laïque a pu apporter au développement en France de l’éducation populaire, qu’il décrit lui-même dans un texte lumineux : « Mes idées sur l’Éducation Populaire se sont renforcées pendant la Résistance. Ce fleurissement d’organisations culturelles, lié à l’esprit républicain, je le fais remonter à Condorcet, à la fin du XIXème siècle, et au début du XXème avec le Sillon de Marc Sangnier. L’affaire Dreyfus par exemple, qui avait déclenché le mouvement des intellectuels qui allaient au peuple ; les Universités populaires, les Bourses du travail, le Front Populaire de 1936 ; pour tous, la démocratie n’allait pas sans l’instruction, sans la culture… »
Avec Jean Vilar et Maurice Béjart