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1943 : Juliette LEGIER (Raksha) dite « Lili », témoin de son temps

Témoignage enregistré le 17/04/2011 par Laurann Clément pour le centenaire des EEDF, en présence de Marianne Légier-Bernex, belle-fille de Juliette.  Complété le 18/11/ 2016 et retranscrit par Nelly Gibaja. Montre l’état d’esprit qui régnait, les risques et la volonté de se soutenir dans la situation.

En 1940, Raksha, née en 1920 à Marseille, est Cheftaine de Meute louveteaux au  8° groupe de Marseille où la Troupe Éclaireurs se nomme Kerlion. Leurs Routiers formeront à partir de 1941-42 le Clan du Tourbillon.

« Durant la guerre, cinq de mes louveteaux étaient restés à Marseille. Les autres avaient été envoyés à la campagne pour les protéger des bombardements. Les repas étaient maigres, on faisait beaucoup de jeux. Lors d’un camp, j’avais conçu un menu sur les contes et tous les plats étaient composés de patates !

Notre but en cette période, était vraiment de rassembler les groupes, de se rapprocher les uns des autres. On faisait également des sorties de chefs.

Quand je suis rentrée aux Éclés en 40, c’était déjà la fin du Clan de l’Étoile au Lycée Thiers.  J’avais eu un petit ami qui était à ce lycée. Quand il y a eu une rafle ils ont été déportés. (…) »

Clan de l’Étoile : créé par Louis François et Gustave Monod, E.D.F. professeurs au Lycée Thiers (1928-32). Revue « Le Chef » : 1936 et 37 Conseiller de Clan, Cyprien Gabriel, professeur en faculté de pharmacie, tandis que le Chef de Clan est l’Instructeur faisant fonction, André Boudé.

À partir de 1937, dans cette revue, les groupes, comprenant tout ou partie des branches, ont un numéro. Ici c’est le 10° ‘groupe’. En 1939 la Conseillère de Clan est Elisabeth Gabriel et le Chef de Clan Stagiaire Michel Feldman, arrêté et déporté lors de la raffle de Marseille du 22 au 24 Janvier 1943, en même temps que son aîné Lazare Feldman également E.D.F. Ils ne sont pas revenus. Claire Kaplanski a témoigné de la disparition des oncles de son époux Jacques, quand il était enfant.

Dès 1936, Jean Bulles / Loup, est chef de la troupe Kerlion, jusqu’à sa mobilisation. « Loup, un homme bon, il le portait sur le visage. Un homme très droit. Un chef modèle. Parfait dans ses fonctions. Il a été prisonnier pendant les cinq ans de guerre. Il n’a jamais plus été tout à fait comme avant. 

Zone de Texte:       

On nous a dit : on va vous présenter un jeune chef qui revient des Chantiers de Jeunesse et qui va reprendre ses activités. » : c’était Loutre / André Légier. (son futur époux …) Il était entré aux EDF à 12 ans, avec son frère jumeau Castor / Aimé Légier.

«Des amis à moi, responsables, ont beaucoup agi dans la Résistance : c’était fait dans la plus grande discrétion et, même moi, je n’étais pas au courant de ce qu’ils faisaient, bien que des réunions aient eu lieu chez moi. J’avais deux bébés et on ne me disait rien. On me protégeait sans doute. (discrétion encore à les nommer ?)
Le chant des Partisans a été chanté chez moi. Je voulais qu’on l’apprenne, qu’on le chante, on m’a dit non, entre nous seulement et en sourdine.

« (…) il y avait Jacques Noirault / Chameau (des Pompes funèbres NOIRAULT). Il transportait des résistants dans le corbillard. Mais ça, je ne l’ai su que bien après, à la fin de la guerre. (…) »
Yves Meyer en parle aussi. Et on trouve un Jack Noirault chef d’entreprise à Marseille comme Chef de l’Équipe Pierre Déjean  du 19° CAPPY ROUTE, un Camp école à CAPPY, du 07 au 18/09/1945) …

On avait beaucoup d’éclaireurs juifs venus de Paris (voir annuaire Hasson) car nous étions en zone non occupée. Malheureusement, malgré cela, beaucoup ont été déportés. Mireille Parienty, elle, était Marseillaise ».