… en provoquant quelques réactions…
Les « Cahiers Route » sont l’organe d’information des responsables de la Route, qui sont, dans leur totalité, des adultes. Ils viennent en complément de la revue « Le Routier » que reçoivent tous les aînés. Ils se présentent sous forme de fiches et sont édités en coopération avec les branches aînées de plusieurs Mouvements européens non confessionnels : Boy-scouts et Girl-Guides de Belgique, Fédération Nationale des Éclaireurs Luxembourgeois, Scouts Musulmans Algériens. Ils sont imprimés sous la responsabilité des E.D.F., mais le sommaire de chaque numéro précise que « ces textes sont communiqués à l’ensemble des lecteurs pour information, mais leur publication n’engage en aucune façon les associations dont le nom ou les initiales ne figurent pas clairement en tête de ces fiches. »
Cette indication explique que le texte qui suit, tout en posant clairement le problème de l’objection de conscience, soit présenté sous forme de « thèse » et sous les initiales B.S.B.. Jean Van Lierde, auteur de cette déclaration (et de l’article) est un militant syndicaliste, ancien président de le J.O.C. et membre de l’équipe nationale de la Route F.S.C. (scoutisme catholique) collaborateur de « Témoignage Chrétien » et d’autres publications. À partir d’une « déclaration de principe de l’Internationale des Résistants à la Guerre », Jean van Lierde expose sa position pacifiste, ayant pour but de « dépasser la guerre par en haut ».
Cette publication, dans une revue éditée par les E.D.F., provoque très rapidement quelques réactions dont certaines sont « d’humeur » mais d’autres posent le problème de fond de l’information des jeunes en vue de la réflexion et du débat. Le titre de la rubrique, « thèse » dans le numéro 22, devient « thèse et débats » dans le numéro 23.
Un exemple de réaction d’humeur, publiée dès le numéro suivant des Cahiers :« Nous avons reçu par la poste la fiche « Pourquoi je refuse d’être soldat », publiée sous la responsabilité des B.S.B. dans le numéro 22 des Cahiers Route, déchirée en plusieurs morceaux et accompagnée de la carte (E.D.F.) de (nom du responsable). Celui-ci n’ayant ajouté aucun commentaire, nous ferons de même, et invitons seulement les responsables Route à donner eux aussi leur opinion sous la forme qu’ils jugeront la plus convenable. ».
Un autre exemple, dans le sens opposé : « Soucieux d’informer, les Cahiers Routes viennent de publier la déclaration que Jean Van Lierde fit au conseil de guerre. N’est-il pas opportun de se demander si « l’information » est une attitude suffisante en présence des drames se jouant autour de l’objection de conscience. (…) Ce qui devrait étonner, c’est la passivité des hommes, et particulièrement celle de Mouvements humanitaires – tel le Scoutisme – devant la violation des consciences. (…) On devrait exiger une prise de position et une action bien déterminée des Mouvements scouts face au respect des consciences pour ne pas rester davantage dans le camp de l’hypocrisie. »
Le numéro suivant prolonge l’échange : le clan de Pau pense que la France devrait disposer d’un statut de l’objecteur de conscience et certains proposent le remplacement du service militaire par un service « civil », en temps de paix comme en temps de guerre. Et Maurice Bayen, figure importante du mouvement, pose sur le fond le problème des débats : « Je dirai donc à l’Équipe nationale Route : Soyez francs. Si vous voulez créer des objecteurs de conscience, dites-le, prenez-en la responsabilité : renvoyez solennellement vos croix de guerre aux autorités compétentes, dites que vous avez été criminels de les mériter, etc., mais ne vous cachez pas en disant que vous n’êtes pas responsables. » Ce à quoi l’Équipe Nationale en question répond : « Pour nous résumer, il ne faut pas considérer les textes, et surtout les réponses faites à ces textes, proposés pour alimenter des cercles d’études, comme des positions officielles de l’Équipe Nationale. »
On peut y voir une étape du « débat sur le débat ». Le Mouvement en connaîtra d’autres !