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2018 : Éveiller la conscience

 

… avec des jeux et des entreprises.

 

 

Semer des petites graines pour éveiller la conscience des citoyens de demain

 

 

Sylvie Bachelet, responsable du groupe de Fontainebleau

 

 

J’espère que, dans la société actuelle de consommation de loisirs, les enfants qui nous sont confiés le sont parce que nous sommes porteurs d’un projet et de valeurs.

 

Pour un public non averti, ce projet et ces valeurs peuvent être mis en lumière par les moyens modernes de communication (site national, site du groupe, blog…). Les parents qui ne sont pas des anciens cherchent sur la toile, ils nous le disent souvent. Ils savent donc que notre action éducative s’appuiera sur nos valeurs dont l’apprentissage de la démocratie fait partie.

 

 

L’apprentissage de la démocratie, vaste programme ! La recette en est complexe, elle peut passer entre autres par :

 

1.  le jeu (en référence à Baden Powell), jouez, jouez encore, il en restera toujours quelque chose,

 

2.  l’expression de la démocratie et l’usage que le participant peut en faire et donc éventuellement regretter,

 

3.  la réflexion personnelle…

 

Encore faut-il nourrir suffisamment cette réflexion personnelle ! Je vais vous faire un petit retour d’expérience dont voici le contexte.

 

 

Les groupes de Fontainebleau et de Dammarie les Lys font globalement leurs activités en commun. Notre équipe pédagogique et d’animation s’est choisi au fil des années un fil conducteur : l’actualité du monde qui nous entoure.

 

 

Le ressort pédagogique, d’autres diraient le moyen employé, consiste à rebondir, au travers d’une activité aux éclés, sur un évènement de portée nationale voire internationale. L’activité, qu’elle qu’en soit la forme, utilise l’actualité pour mettre en lumière ce que tout un chacun (mais surtout et y compris l’enfant) peut ou pourrait faire face à une situation donnée. Elle doit avoir pour but d’enrichir la réflexion personnelle des participants de tous les âges et si possible de déboucher sur une action ou des actions concrètes, ponctuelles, voire de longue durée. Les prises de conscience que nous favorisons sont donc dépendantes de l’actualité. Nous avons l’ambition d’éclairer celle-ci à l’échelle de l’enfant. Un lutin, un louveteau, un éclaireur qui subit, via le journal de 20 heures, une information, ne la comprend pas toujours, ne la perçoit pas de la même façon qu’un adulte. De nombreuses informations sont choquantes et révoltantes et il n’est pas facile d’en parler, ni à la maison, ni à l’école, ni aux éclés.

 

 

Nous avons choisi de nous positionner très clairement dans la société d’aujourd’hui parce que nous croyons en la jeunesse. Notre engagement aux éclés est étayé par des actions visant à faire prendre conscience aux jeunes de leur pouvoir politique (au sens noble du terme), savoir ce qu’ils font ou ne font pas et surtout pourquoi. Il faut éclairer les choix futurs. L’objectif est de faire comprendre quelles peuvent être les conséquences de l’action ou de l’inaction et de favoriser l’engagement sur des actions à la portée de chacun dans le groupe même si elles sont modestes. Nous n’avons pas dit que les actions ambitieuses étaient à écarter.

 

 

Un tout petit exemple pour débuter :

 

 

Aux éclés, nous parlons de développement durable, de protection de notre planète. Nous avons décidé de nous intéresser à la sauvegarde des félins. Nous nous sommes rendus au Parc des Félins à Lumigny en Seine et Marne (77). Ce parc est un centre de préservation et de reproduction consacré aux félins, des plus petits aux plus gros. Nous avons pu observer les animaux, nous avons discuté avec les soigneurs. Nous avons été témoins de plusieurs accouplements porteurs de la promesse de nouvelles naissances au parc.

 

 

Nous avons compris que les hommes étaient de redoutables ennemis pour les félins. Certains les chassent pour leur belle fourrure, d’autres essaient d’en faire des animaux de compagnie et… nous aussi, nous aux éclés ou chez nous… nous sommes coupables !

 

Comment ? Indirectement…

 

Nous consommons des produits (gâteaux, pâte à tartiner…) qui contiennent de l’huile de palme. Mais voilà, la production de l’huile de palme contribue à la déforestation et à la destruction de l’habitat naturel des tigres (qui est aussi celui des grands singes).

 

 

Alors, nous avons décidé de bien regarder les étiquettes et, depuis, notre groupe n’achète plus que de la nourriture sans huile de palme. Les goûters sont devenus pur beurre, c’est un peu plus compliqué à trouver et c’est un peu plus cher, c’est meilleur aussi. Nous assumons totalement ce choix d’autant que les jeunes sont devenus ambassadeurs auprès de leurs familles. Un grand nombre d’entre elles s’y sont mises aussi car les enfants ont su transmettre la réflexion à leurs parents. D’une prise de conscience à l’action, il n’y avait qu’un pas. De l’action minuscule à l’échelle de la planète qui consiste à modifier les habitudes de consommation d’une bande d’éclés uniquement quand ils sont aux éclés, à la transposition de la même action dans les familles, c’est possible et fait tache d’huile (mais pas de palme).

 

 

Peut-être vous dès demain… c’est l’effet papillon. Maintenant ce sont les jeunes eux-mêmes qui expliquent et transmettent aux nouveaux arrivants. Un enfant convaincu dispose auprès de son entourage d’un immense pouvoir de persuasion.

 

 

 

L’Équipée a fait paraître un article sur notre entreprise en juin 2015.

 

Bien sûr, les activités proposées en lien avec les grands sujets du monde d’aujourd’hui n’ont pas la même résonance auprès des lutins et louveteaux qu’avec des aînés. Lors de l’accident nucléaire de la centrale de Fukushima au Japon, nous avons joué à éteindre la centrale nucléaire en l’arrosant. Nos pompiers d’un jour tentaient de protéger leur santé avec des pastilles d’iode représentées par des petits œufs en sucre difficiles à trouver (pharmacie fermée ou en rupture de stock). Les plus jeunes ont alors très bien compris que des hommes avaient risqué leur vie pour sauver celles des autres. Les plus grands, eux, ont débattu du nucléaire.

 

 

Pour autant, jouer, agir, réfléchir en vase clos ou au sein d’un cercle restreint n’est pas suffisant. Il nous apparaît nécessaire de relayer nos actions pour les valoriser voire de leur faire prendre un peu d’ampleur et même d’aider à la réflexion d’autres éclés. Un groupe d’enfants se sent mis en lumière s’il se voit dans le journal. L’objet de l’article est valorisé, l’action est prolongée, il y a un effet « piqûre de rappel » et même les membres du groupe qui étaient absents peuvent s’emparer du sujet comme étant le leur. L’action décidée ou la réflexion retrouvent un nouvel élan alimenté et décuplé par la médiatisation. En effet, comment pourrions-nous renier une décision prise alors que tout le monde sait que nous nous sommes engagés ?