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1927-1932 et la suite : Le témoignage d’une Éclaireuse « hors normes »

Celui de Denise Gamzon, de la section Suffren à la « montée » en Israël

 

Nous avons choisi de reproduire ce témoignage dans son intégralité, compte tenu de son intérêt pour le Mouvement mais également de son intégration dans la vie du pays.

 

 

 

 

 

Commentaire : Les relations entre les Éclaireurs de France et les Éclaireurs Israélites

 

 

Ce texte est intéressant car il est un témoignage, même s’il ne recoupe pas tout à fait les éléments que nous avons recueillis par ailleurs, en particulier en ligne ou dans l’ouvrage des deux Pierre (voir l’article sur ce thème : 1923-1940, Bureau Interfédéral, E.D.F. et E.I. dans la même section).

 

 

Il semble exact que les unités E.D.F. aient eu des difficultés pour accueillir des jeunes juifs pratiquants souhaitant pleinement vivre leur religion dans le cadre de leur scoutisme, et c’est une situation évoquée par cet article mais également par le témoignage de Lucien Fayman – voir dans la section « la période de la guerre ».

 

 

Lucien Fayman indique d’ailleurs : « Le Mouvement E.I. était pluraliste – cela avait été décidé à un Conseil national en 1932 – de manière à accueillir dans l’organisation des gens qui revendiquaient simplement leur religion, d’autres qui étaient beaucoup plus religieux « orthodoxes », et toute une catégorie qui n’envisageaient le judaïsme que sous l’angle sioniste et se préparaient, le moment venu, à partir en Israël ». Il semble évident, et ce témoignage le confirme, que le couple Gamzon appartenait à cette dernière catégorie.

 

 

 

 

La date de 1932 donnée par Lucien Fayman peut sembler importante : elle correspond très exactement à l’année où l’Assemblée Générale des E.D.F. a voté à l’unanimité une motion demandant l’accueil des E.I. au sein du Bureau interfédéral, ancêtre du Scoutisme Français. Ces deux événements sont peut-être à rapprocher, les E.I. n’apparaissant plus alors comme limités à l’option sioniste.

 

 

 

 

Par contre il n’existe pas, dans nos archives, de documents permettant de penser que  les E.D.F. ont cherché à intégrer des jeunes juifs pratiquants dans une sorte de « section » analogue à celles de la  F.F.E. : cette solution n’a jamais existé aux E.D.F. qui se sont, dès le départ et d’une manière continue, présentés comme « ouverts à tous, SANS DISTINCTION D’ORIGINE, DE RACE OU DE CROYANCE » (le terme de race ayant disparu après la seconde guerre mondiale). L’accueil de jeunes dans une « section » aurait introduit une « distinction » qui n’était pas compatible avec cette définition.

 

 

 

 

L’exemple de Lucien Fayman est d’ailleurs tout à fait significatif : bien que non religieux, il a choisi, après les lois raciales de l’État Français, de rejoindre les Éclaireurs Israélites pour marquer son appartenance et sa solidarité, et les a démontrés par son engagement au service de la Sixième, pendant la guerre, et du Mouvement après son retour de déportation.

 

C’est également le cas de Simone Jacob-Veil qui a très bien expliqué cette situation :

« Née et élevée au sein d’une famille française de longue date, j’étais française sans avoir à me poser de question. Mais être juive, qu’est-ce que cela signifie pour moi comme pour mes parents, dès lors qu’agnostique – comme l’étaient déjà mes grands-parents – la religion était totalement absente de notre foyer familial ?

De mon père, j’ai surtout retenu que son appartenance à la judéité était liée au savoir et à la culture que les juifs ont acquis au fil des siècles en des temps où fort peu y avaient accès. Ils étaient demeurés le peuple du Livre, quelles que soient les persécutions, la misère et l’errance. Pour ma mère, il s’agissait davantage d’un attachement aux valeurs pour lesquelles, au long de leur longue et tragique histoire, les juifs n’avaient cessé de lutter : la tolérance, le respect des droits de chacun et de toutes les identités, la solidarité. Tous deux sont morts en déportation, me laissant pour seul héritage ces valeurs humanistes que pour eux le judaïsme incarnait.

De cet héritage, il ne m’est pas possible de dissocier le souvenir sans cesse présent, obsédant même, des six millions de juifs exterminés pour la seule raison qu’ils étaient juifs. Six millions dont furent mes parents, mon frère et nombre de mes proches. Je ne peux me séparer d’eux. Cela suffit pour que jusqu’à ma mort, ma judéité soit imprescriptible. Le kaddish sera dit sur ma tombe. Je suis juive. »

 

Bel exemple de laïcité active !