À partir de 1913, « L’Éclaireur de France » permet d’identifier les sections locales et leur fonctionnement.
Les informations ci-après ont été recueillies en 2000 et 2001 par Nelly Pagès, aidée de quelques anciens, pour la préparation, sous la direction de M. G. Cholvy, professeur à l’Université Paul Valéry de Montpellier, de son mémoire d’histoire contemporaine qui a obtenu la mention Bien : « Contribution aux recherches sur le scoutisme et sa pédagogie : les Éclaireurs de France dans la province du Languedoc-Roussillon (1913-1961) ». Excellent exemple de coopération entre générations !
Ce document complète les informations apportées par les journaux locaux car il donne une vue « géographique » de l’implantation du scoutisme au cours des premières années, dans la région Languedoc-Roussillon qui couvre départements assez disparates (Pyrénées-Orientales, Aude, Hérault, Gard, Lozère) allant de la Méditerranée aux confins du Massif Central.
Sans qu’on puisse affirmer que le scoutisme s’est développé comme « une trainée de poudre », il semble évident que, ayant intéressé un certain nombre de personnes de toutes origines, il s’est implanté relativement rapidement et suivant un mode relativement répétitif d’une section à l’autre, ce qui n’était pas évident.
Contrairement à ce qui est quelquefois affirmé, il ne semble pas que ces initiatives soient toujours le fait des militaires locaux, ce qui aurait conduit à la création de sections dans les villes de garnison, en liaison avec leur implantation : ce n’est pas le cas. Mais les militaires sont en général très présents et jouent un rôle important d’instructeurs, dans une période qui prépare une « revanche » – voir dans un article précédent le pèlerinage des éclaireurs de Meurthe et Moselle au « poteau frontière » de l’Alsace Lorraine perdue en 1870. Nelly nous dit « De nombreux Français languissent la revanche contre l’Allemagne ». En fait, dans la même période commence à apparaître un réel intérêt pour une évolution de l’éducation vers des activités non scolaires, comme le sport, la gymnastique, le naturisme ou le jeu. Ce qui nous permet d’émettre une hypothèse : l’intérêt pour le scoutisme naît de la rencontre de deux besoins, celui d’une éducation élargie et celui d’une formation patriotique. Cette rencontre ne semble pas provoquer de conflit – sauf, peut-être, les divergences de vues entre Nicolas Benoit et Pierre de Coubertin – compte tenu du contexte politique des premières années. Notons qu’une Assemblée Générale, au début des années 20, évacuera la composante « militaire » au bénéfice de l’éducation, dans un « retour aux sources de B.P. » et une volonté délibérée de donner un contenu à une formation commune.
Ces remarques ne concernent pas que la région Languedoc-Roussillon mais apparaissent dans l’analyse qu’apporte le document. À l’issue de recherches menées à la fois dans les archives municipales et départementales et dans la collection de « L’Éclaireur de France », on peut identifier les créations de groupes.