… en élargissant le domaine de réflexion à l’occasion de la « journée de la mémoire ».
Dominique Bénard est psychologue de formation. Il a exercé dans l’Éducation Nationale comme Conseiller d’orientation Scolaire et professionnelle.
Après avoir été permanent national puis Commissaire Général des Scouts de France de 1970 à 1983, il a pris la direction du recrutement et de la formation à l’Association Française des Volontaires du Progrès, cogérée par les pouvoirs publics et les mouvements de jeunesse.
Il a été membre du Comité Mondial du Scoutisme de 1983 à 1989. Directeur du Bureau Européen du Scoutisme, de 1990 à 2000, il a été en particulier chargé de l’appui à la renaissance du Scoutisme en Europe de l’Est. Il a été nommé ensuite Directeur des Méthodes Éducatives au Bureau Mondial du Scoutisme et Secrétaire Général adjoint.
Depuis sa retraite en 2007, il a développé une carrière de consultant international spécialisé entre autres dans le développement de programmes éducatifs non formels visant la participation et l’émancipation des jeunes ainsi que la formation à la création de petites entreprises. Il écrit et édite des livres et une revue bimestrielle accessibles à https://approchescooperatives.com
Dominique devait intervenir lors de la Journée de la mémoire du scoutisme laïque sur le thème « Laïcité » mais en a été empêché par une grippe. Il nous a communiqué le texte de son intervention.
Le développement spirituel dans le Scoutisme
Le Scoutisme vise un développement intégral de la personne, prenant en compte toutes ses dimensions : physique, intellectuelle, affective, sociale, spirituelle ainsi que le développement de l’autonomie personnelle, le caractère.
Il n’est pas facile de cerner le développement spirituel dans sa dimension spécifique car on a souvent tendance à le confondre avec l’éducation religieuse. Je voudrais ici tenter d’éclaircir le débat en l’abordant dans une double perspective, d’abord historique et ensuite pédagogique.
1. PERSPECTIVE HISTORIQUE : LE « DEVOIR ENVERS DIEU »
La Constitution de l’Organisation Mondiale du Mouvement Scout stipule que le Scoutisme s’appuie sur trois principes fondamentaux : le « devoir envers Dieu », le « devoir envers autrui » et le « devoir envers soi-même ».
Le « devoir envers Dieu » est ainsi défini : « L’adhésion à des principes spirituels, la fidélité à la religion qui les exprime et l’acceptation des devoirs qui en découlent. »
Ce texte a été adopté à la Conférence Mondiale de Montréal, au Canada en 1977. J’ai participé à cette Conférence au sein de la délégation du Scoutisme Français et je peux témoigner que notre délégation aussi bien que la plupart des associations européennes – y compris les associations confessionnelles – ont voté contre cette formulation.
Notre opposition était fondée sur les raisons suivantes :
- Alors que le Scoutisme est une pédagogie de la découverte, de l’expérience et de l’expression, cette formulation utilise des termes plus liés à une imposition idéologique : « devoir », « adhésion », « fidélité », « acceptation ». Nous avons pensé qu’il pourrait être utilisé comme un outil d’exclusion. Et en vérité, certaines organisations scoutes nationales telles que les Boy Scouts of America l’ont utilisé pour interdire l’entrée de jeunes non-croyants dans le Mouvement scout ou pour les exclure.
- Cette formulation favorise la notion d’un Dieu personnel qui est loin d’être accepté par toutes les grandes familles spirituelles ; le bouddhisme, par exemple, n’implique pas la croyance en un tel Dieu.
- Cette formulation va à l’encontre de l’attitude d’ouverture prônée par Baden-Powell et qui l’avait amené à accepter le principe de la « promesse alternative »[1] utilisée par les Éclaireurs de France et d’autres associations de Scoutisme non confessionnelles ou laïques.
- Enfin, ce texte nie la possibilité que des principes spirituels puissent exister en dehors de l’adhésion à une religion. L’histoire de l’humanité, de l’antiquité aux événements les plus récents, montre cependant que des sentiments religieux peuvent se développer indépendamment et même en opposition avec les principes spirituels les plus fondamentaux.
Baden-Powell, le fondateur du Mouvement, avait dès le début adopté une position souple et non doctrinaire. Il prônait la création d’associations scoutes « ouvertes », c’est-à-dire pluralistes, acceptant des jeunes de toutes religions et spiritualités.
Il n’avait jamais formulé le Devoir envers Dieu d’une manière aussi rigide. Dans « Rovering to Success », il écrit : « Dieu n’est pas un personnage étroit d’esprit, comme certains semblent l’imaginer, mais un vaste Esprit d’Amour qui ignore les différences mineures de forme, de croyance et de dénomination et qui bénit chaque homme qui fait vraiment de son mieux… ».
De plus, il avait accepté pour les EEDF et plusieurs associations scoutes européennes non confessionnelles le principe d’une promesse alternative.
Malheureusement, lors de cette Conférence mondiale de 1977, nous avons été mis en minorité et le nouveau texte de la Constitution a été voté sous la pression des Boy Scouts of America (BSA) et des associations scoutes musulmanes.
En 1990, j’ai été nommé Directeur du Bureau Européen du Scoutisme. Ma tâche principale était de soutenir la renaissance du Scoutisme dans les 15 pays d’Europe de l’Est où le régime communiste s’était effondré. Dans une région où l’athéisme était la doctrine officielle depuis 50 ans, les associations scoutes émergentes avaient du mal à adopter le principe du « Devoir envers Dieu ». En République tchèque, l’évêque catholique de Prague avait écrit au Comité mondial pour expliquer qu’il était impossible dans les circonstances actuelles d’imposer aux jeunes le « Devoir envers Dieu ».
Nous avions par la suite aidé plusieurs associations à proposer au Comité mondial une interprétation plus souple du Devoir envers Dieu, permettant la reconnaissance de textes de promesse mentionnant par exemple la recherche d’une réalité spirituelle au lieu de mentionner Dieu.
Le Comité mondial a approuvé plusieurs formulations de ce type.
Enfin, l’Association des Scouts britanniques a récemment pris la décision d’adopter la promesse alternative et d’accepter des jeunes non-croyants dans ses membres. Autant que je sache, le Bureau mondial n’a pas exclu l’Association scoute britannique de l’OMMS.
Il est donc possible que les choses aillent dans le bon sens.
2. LA SPÉCIFICITÉ DU DÉVELOPPEMENT SPIRITUEL
La première question que nous devons nous poser, d’un point de vue pédagogique, est la suivante : le développement spirituel a-t-il une spécificité, un caractère intrinsèque sans référence obligatoire au domaine religieux ?
Les termes « développement spirituel », « développement de la foi » et « éducation religieuse » ont des significations différentes, mais sont souvent utilisés de manière interchangeable.
La Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (1991) accepte le développement spirituel comme une catégorie du développement humain et de la santé. L’article 27 reconnaît « le droit de tout enfant à un niveau de vie suffisant pour assurer son développement physique, mental, spirituel, moral et social » (p. 14).
Il convient de noter que la CDE protège la religion en vertu d’un ensemble différent d’articles. L’article 14 note que « le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion » (p. 7) et, au paragraphe 3, « la liberté de manifester sa religion ou sa conviction » ne sont limités que par la nécessité de protéger les libertés et droits des autres. L’article 29 d encourage « l’esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité des sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux, religieux et autochtones » (p. 15) et l’article 30 précise les droits des minorités « ethniques, religieuses ou linguistiques » afin que les membres de ces minorités puissent « exercer leur propre culture, pratiquer leur propre religion ou employer leur propre langue » (p. 16).
La religion est identifiée comme une question d’esprit, de croyance et de pratique, comme faisant partie de l’expression culturelle associée aux droits des minorités et à l’égalité humaine. Le développement spirituel est identifié comme un aspect du développement humain et de la santé humaine en général.
Comment définir le développement spirituel ?
Le développement spirituel n’est donc pas seulement une question de culture ou de religion, de croyance ou de pratique, c’est un élément essentiel du développement humain, au même titre que le développement physique, intellectuel, social et moral.
Comment les enfants font-ils l’expérience de la spiritualité et en quoi est-elle différente selon l’âge et le niveau de développement dans différents contextes sociaux et culturels ? Existe-t-il une expérience spirituelle commune du développement humain qui puisse être reconnue comme normative ou naturelle ?
On peut dire que « le développement spirituel est lié aux efforts pour comprendre le sens et les causes de l’expérience de vie… ». (Thomson et Randall, 1999[2])
Le développement spirituel est lié à la réflexion et à la préoccupation sur des questions telles que :
- Quel est le sens et le but de ma vie ?
- Qui suis-je ? Pourquoi suis-je ici ?
- Quel est mon avenir ?
- Qu’est-ce qui définit les différences entre le bien et le mal ? Pourquoi devrais-je faire ce qu’il faut ? Pourquoi y a-t-il tant de mal dans le monde ?
Le développement spirituel ne peut donc pas se résumer au développement d’une croyance en une divinité. Cette dernière implique l’adhésion progressive d’un individu à un réseau propositionnel de valeurs, croyances et pratiques d’une religion organisée. Yuval Noah Harari a écrit[3]: « Spiritual development is a journey, religion is a deal”. (Le développement spirituel est un voyage, la religion est un accord ou un contrat).
On peut donc dire que le développement spirituel ne peut pas se résumer au développement d’une croyance religieuse. Il peut exister en effet – l’histoire et l’actualité le montrent – une religiosité établie en dehors et à l’encontre même des principes spirituels fondamentaux.
En ce sens, même les associations confessionnelles doivent se donner pour objectif le développment spirituel des jeunes, sans se limiter à l’éducation religieuse.
L’expérience spirituelle des enfants
Deux chercheurs américains, Hay et Nye (1998)[4], ont cherché à comprendre l’expérience spirituelle des enfants, ils mettent l’accent sur le point suivant :
« La connaissance de la religion et la capacité d’utiliser le langage religieux ne sont pas toute l’histoire quand on pense à la spiritualité. Il est important de ne pas se laisser prendre dans l’hypothèse que la spiritualité ne peut être reconnue que par l’utilisation d’un langage religieux spécialisé. J’ai parlé de la difficulté de presque toutes les recherches sur la vie spirituelle des enfants, jusqu’à un passé très récent, en ce sens qu’elles ont porté sur la parole de Dieu plutôt que sur la spiritualité. J’ai également présenté une notion de spiritualité comme quelque chose de construit biologiquement dans l’espèce humaine, une conscience holistique de la réalité qui est potentiellement présente dans chaque être humain. » (p. 57)
Ces chercheurs affirment qu’il y a un déficit et qu’il faut explorer l’expérience spirituelle par des métaphores et un langage qui pourraient libérer l’expression de la spiritualité du langage religieux. Les enfants sont pris dans un déficit théorique et culturel démontré par l’absence de formes alternatives de langage. Ils n’ont pas accès à un vocabulaire ou à des concepts qui leur permettraient de parler ouvertement de leurs expériences s’ils ne les situent pas dans des contextes religieux.
3. PERSPECTIVE ÉDUCATIVE
Hay et Nye fournissent un cadre d’interprétation pour comprendre l’expérience spirituelle généralement acceptée des enfants. Ils suggèrent que les enfants ont une inclination spirituelle qui s’exprime sous la forme d’une « Conscience Relationnelle » : un processus intentionnel et naturel de relation au monde, à toutes choses animées et inanimées, aux autres, et à soi. Le cadre de compréhension de Hay et Nye est fréquemment cité dans la littérature sur la spiritualité et l’éducation des enfants. On va essayer de l’explorer un peu.
Hay et Nye (1998) ont mené des recherches sur la spiritualité de l’enfant comme orientation à la conscience relationnelle. Leur approche est basée sur des entretiens avec des enfants d’âge scolaire (moins de dix ans) au Royaume-Uni.
Le modèle de Hay et Nye utilise trois sensibilités : perception de la conscience, perception du mystère et perception des valeurs pour décrire leur vision des capacités spirituelles de l’enfant. Ils suggèrent que ces termes décrivent une capacité spirituelle naturelle chez les enfants qui s’exprime dans leur vision du monde telle que révélée dans la façon dont ils parlent de ces expériences au cours des entretiens.
Perception de la conscience
Le concept de perception de la conscience attribue aux enfants une sensibilité de perception basée sur la présence dans l’ici et maintenant avec la capacité d’être en harmonie à travers un sens aigu de la conscience d’une expérience. Ils sont capables d’être pris dans le flux d’une expérience et peuvent se concentrer sur un sentiment physique de l’expérience qui la rend holistique, à la fois ancrée dans le corps et simultanément transcendantale de l’ordinaire.
La pleine conscience, la capacité d’être attentif ici et maintenant à ce qui se passe et à ce qui est vécu sont des termes utilisés par différentes traditions spirituelles telles que le bouddhisme.
Hay et Nye suggèrent que la quête adulte de la discipline spirituelle de la pleine conscience peut fournir un indice important sur les premières formes d’attention spirituelle dans la vie humaine et un marqueur important pour le développement spirituel.
Perception du mystère
Hay et Nye (1998) soutiennent que la détection des mystères, fondée sur la capacité d’être présent et de s’émerveiller de ce que l’on ressent, rend chaque moment riche en imagination et en possibilités. La vie est d’abord vécue comme fraîche et « donc mystérieuse » avant d’être expliquée (p. 69). Cela conduit à un intérêt intense et à une enquête persistante sur la nature des choses et le fonctionnement du monde.
Un enfant est naturellement curieux de découvrir et de connaître le monde dans lequel il vit. Les enfants expriment un large éventail de capacités cognitives dès la naissance. Le monde est inconnu et mystérieux quand il est nouveau. Pour Hay et Nye, cette capacité de s’émerveiller devant le mystérieux a un élément spirituel.
Perception des valeurs
Pour Hay et Nye (1998), la notion de valeur est fondée sur la capacité des enfants de vivre une vaste gamme d’émotions et de sentiments allant de la terreur au plaisir, du désespoir à l’espoir. Ils prétendent qu’une partie de leur capacité à se réjouir et à désespérer est basée sur un sentiment de bonté ultime.
Les enfants vivent des moments de sens qui peuvent inclure des moments transcendants d’unité qui les sortent de leur contexte ou les dépassent, ce qui peut leur donner un sens qui a le potentiel d’un soutien à vie. Les enfants peuvent avoir une sensibilité émotionnelle à ce qui se passe autour d’eux. Ils sont attentifs à leurs émotions et à leurs valeurs et sont aussi ouverts à eux qu’ils le sont aux autres détails de leur vie.
Le Scoutisme, un chemin de développement spirituel
Le concept de conscience relationnelle peut aider à mieux identifier comment le Scoutisme peut être un chemin de développement spirituel, c’est-à-dire comment les expériences offertes par le Scoutisme peuvent aider les jeunes à découvrir un sens spirituel et à l’intégrer dans leur propre vie.
Une approche en deux étapes peut être décrite :
Ouvrir aux jeunes des expériences porteuses d’un sens spirituel
Les scouts britanniques, qui ne sont pas une association laïque mais pluraliste, ressentent naturellement le besoin de définir un chemin de développement spirituel qui ne soit pas spécifique à une religion particulière. Ils ont donc défini un concept intéressant, celui des cinq W. Ce concept consiste à identifier 5 types d’activités qui peuvent être propices à une expérience spirituelle :
- WELCOME – Accueil, ouverture aux autres, empathie et solidarité.
- WONDER – Émerveillement devant les merveilles de la nature et de la vie.
- WORK – Travailler, coopérer avec les autres pour rendre le monde meilleur.
- WISDOM – Sagesse, autodiscipline, esprit critique.
- WORKSHIP – La reconnaissance et la célébration d’un sens spirituel dans les événements vécus.
Ce concept a le mérite premier de montrer que le développement spirituel, comme les quatre autres domaines de développement personnel que le Scoutisme recherche (physique, intellectuel, émotionnel, social), peut être réalisé à travers les expériences offertes par les activités scoutes et non en ajoutant une pratique religieuse aux activités scoutes.
Nous voyons aussi qu’il correspond bien au concept de conscience relationnelle développé par Hay et Nye.
En effet, les cinq questions détaillent les deux types fondamentaux d’expérience qui peuvent mener à la découverte spirituelle : d’une part, la découverte et l’exploration des merveilles de la nature et du monde ; d’autre part, la découverte et l’exploration des relations humaines. Traditionnellement, les activités scoutes ouvrent ces deux types d’expériences :
- Les activités de découverte de la nature et de protection de l’environnement permettent aux jeunes de découvrir et d’admirer les merveilles de la nature et de développer leur sens des responsabilités envers la planète et la vie.
- Les activités de service, les rencontres internationales, la participation au développement permettent de se libérer des préjugés ethniques et racistes, de s’ouvrir à la compréhension interculturelle et à la solidarité humaine et d’acquérir un sens de citoyenneté mondiale.
On retrouve ici les trois perceptions définies par Hay et Nye : la pleine conscience du présent, le mystère (merveille) et les valeurs.
Aider les jeunes à acquérir quatre compétences spirituelles
Dans la vie moderne, les jeunes ont souvent peu d’occasions de réfléchir aux événements qu’ils ont vécus pour en tirer des leçons et des valeurs pour leur vie quotidienne. Il y a deux dangers qui menacent les jeunes dans le monde d’aujourd’hui : le fondamentalisme, c’est-à-dire le refuge dans des croyances absolues et déraisonnables, et l’absence de valeurs, la perte de sens dans une consommation exacerbée.
Le Scoutisme doit lutter contre ces tendances et aider les jeunes à acquérir, à travers les activités scoutes, le dialogue et la coopération, quatre compétences spirituelles fondamentales : la recherche spirituelle, l’approfondissement spirituel, l’ouverture spirituelle et l’engagement spirituel.
- Recherche spirituelle : Les responsables scouts doivent veiller à laisser aux jeunes du temps pour analyser et évaluer ce qu’ils ont vécu à la lumière des valeurs communes (résumées dans la Loi scoute) afin d’exprimer une signification spirituelle. Ce sont les moments de réflexion qui suivent naturellement toute activité, que ce soit en équipe ou tous ensemble. Il s’agit ensuite de passer en revue les événements vécus, la vie du groupe, de les évaluer et d’en tirer des leçons. Par exemple, en adoptant des règles de vie collective basées sur les valeurs découvertes dans l’expérience et à la lumière de la Loi scoute.
- Approfondissement spirituel : L’une des préoccupations les plus importantes du responsable scout doit être d’aider chaque jeune à faire le lien, dans une réflexion critique, entre les expériences vécues dans le Scoutisme, les valeurs scoutes et le patrimoine spirituel ou religieux qui lui est transmis par sa famille et sa communauté. Cela peut aider les jeunes à passer d’une acceptation passive des valeurs spirituelles ou religieuses conventionnelles à la construction de valeurs et de convictions plus personnelles et intériorisées, exemptes de préjugés ou de stéréotypes.
- Ouverture spirituelle : Une des convictions fondamentales du Mouvement scout est que le développement spirituel doit rassembler des personnes de convictions différentes plutôt que de les confronter ou de les mettre en conflit. Les sociétés modernes étant nourries par la communication et l’échange et comprenant généralement une multiplicité de cultures et de croyances spirituelles ou religieuses, il est essentiel de préparer les jeunes à cette diversité. Ils doivent être exempts de préjugés et développer le respect et l’ouverture envers les personnes issues d’autres familles culturelles, spirituelles ou religieuses, tout en restant capables d’exprimer et de défendre leurs convictions personnelles d’une manière non agressive.
- Engagement spirituel : Les responsables scouts doivent encourager le raisonnement critique, l’intériorisation et la cohérence entre les principes spirituels formulés et l’engagement personnel dans la vie sociale. Le développement spirituel n’a de sens que s’il est intériorisé par l’individu et conduit à un engagement personnel et à des choix dans la vie quotidienne. Le développement spirituel de l’adulte est basé sur des convictions profondes sur des valeurs telles que la vérité, la justice, l’amour et la solidarité. Ces convictions peuvent amener les individus à adopter des comportements inhabituels, parfois radicaux, comme s’engager auprès des personnes défavorisées, rejeter la violence ou résister à l’oppression.
On peut donc voir que le développement spirituel dans le Scoutisme ne consiste pas à ajouter une pratique religieuse aux activités scoutes. Le responsable scout ne doit pas se transformer en prêtre d’une religion quelconque. On lui demande simplement d’aider les jeunes à s’ouvrir à la « conscience relationnelle » à travers les expériences actives, les découvertes et les réflexions offertes par le Scoutisme.
Rappelons-nous ce que Baden-Powell a écrit (dans le manuel des éclaireuses) :
« L’âme est éduquée – c’est-à-dire épanouie – de l’intérieur ; elle ne peut être développée artificiellement par l’application d’instructions livresques et de règles imposées de l’extérieur. »
[1] Possibilité donnée au jeune de faire ou non référence à Dieu au moment de prononcer sa Promesse
[2] Thompson, R. A. & Randall, B. (1999). A standard of living adequate for children’s spiritual development. In A.B. Andrews & N. Kaufman, (Eds.). Implementing the U.N. Convention on the Rights of the Child. A standard of living adequate for development. Westport,CT: Praeger, p. 88.e
[3] Yuval Noah Harari, né le 24 février 1976 à Kiryat Ata, est un historien israélien et professeur d’histoire à l’Université hébraïque de Jérusalem, il est l’auteur du best-seller international Sapiens : une brève histoire de l’humanité et d’Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir.
[4] Hay, D., & Nye, R. (1998). The spirit of the child. London: Fount Paperbacks, Harper Collins Publishers.