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2021 : les Astrales : des Guides de France à la Résistance en Alsace

… le parcours d’Alice Gilig-Daul

 

Le lien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Gillig

 

Résumé de la fiche :

Alice Gillig (née Daul), née le 19 juillet 1916 à Strasbourg et morte le 11 novembre 2011 dans la même ville, est une ancienne cheftaine des Guides de France. Figure féminine de la Résistance française, elle participe pendant la Seconde Guerre mondiale à l’Équipe Pur Sang, un réseau de passeurs. Elle est militante de La Vie Nouvelle et de l’Union Féminine Civique et Sociale (UFCS).

Une famille francophile et patriote

Alice, Jeanne, Joséphine Marie Daul est née allemande le 19 juillet 1916 à Strasbourg pendant l’annexion de l’Alsace  de 1870-1918. Comme beaucoup d’Alsaciens, elle changera quatre fois de nationalité au gré des événements historiques de sa région (1870 Allemande, 1918 Française, 1940 Allemande, 1945 Française). Elle a été élevée dans une famille profondément francophile et patriote. (…) Comme la majorité des Alsaciens (français avant 1870), la famille est réintégrée en 1919.

Alice fréquente pendant toute sa scolarité l’institution Notre-Dame de Sion où elle obtient son baccalauréat en 1936. Elle s’investit dans le scoutisme. Elle entre au sein des Guides de France. Elle choisit Bayard comme totem et prononce sa promesse en 1930.

Elle s’inscrit à l’académie de médecine de Strasbourg pour devenir infirmière et signe un engagement comme infirmière militaire en cas de guerre.

En 1938, elle s’inscrit avec sa sœur Marie-Louise à l’Institut d’Enseignement Commercial Supérieur de Strasbourg (IECS).

 

Son action pendant la Seconde Guerre mondiale

En 1939, la guerre interrompt ses études et elle est mobilisée comme infirmière militaire au Mont Sainte-Odile puis à Neufchâteau (Vosges). En octobre 1940, elle est démobilisée à Pau (Pyrénées-Atlantiques).

Elle rentre à Strasbourg et travaille comme secrétaire-comptable dans la distillerie familiale « La Cigogne de Strasbourg ». Elle rejoint Lucienne Welschinger qui est responsable des Guides de France pour Strasbourg et qui crée le réseau Équipe Pur Sang auquel elle adhère avec sa sœur Marie-Louise.

Au début, il ne s’agit que d’adoucir le sort des prisonniers de guerre très nombreux à Strasbourg en leur faisant parvenir du linge, de la nourriture, des cigarettes et de faire passer le courrier.

En octobre 1940, Lucienne et Lucie Welker font fuir deux officiers polonais évadés à travers les Vosges. C’est le premier succès à l’origine de la filière d’évasion de l’Équipe Pur Sang au sein de laquelle Alice s’engage entièrement. (…). D’octobre 1940 à mars 1942, 350 prisonniers ou réfractaires retrouvent la liberté grâce au réseau de l’Équipe Pur Sang. Les six jeunes cheftaines Scouts préparaient et guidaient les fuyards. Elles avaient établi des réseaux d’entraide pour trouver des lieux d’hébergement, des vêtements, de la nourriture, de l’argent et des faux papiers. Leur connaissance de la région, leur entraînement à la marche, leur pratique des cartes et de la boussole dus au scoutisme étaient d’un précieux secours. Durant ces années, Alice Daul est notamment chargée du ravitaillement, elle récolte des vivres gratuitement auprès de commerçants sympathisants. À cela s’ajoute la fabrication de faux papiers. De fausses pièces d’identité sont fournies par Paul Widmann, alors agent de police, Charles Latzarus fournit les photos, Alice Gillig s’occupe quant à elle de remplir les fausses cartes et de les signer.

Le 28 février 1943, de retour d’un passage en France de l’intérieur, Lucie Welker est arrêtée à la gare d’Avricourt par la police allemande. La Gestapo trouve la liste des membres du groupe dans son logement. Alice est arrêtée le 21 mars 1942 sur son lieu de travail à Strasbourg. Avec elle presque tous les membres du réseau sont arrêtés et enfermés à la prison de Kehl. Ces anciennes guides enfermées dans des cellules individuelles utilisent alors le morse pour communiquer entre elles et répondre de manière cohérente aux interrogatoires. Après plusieurs semaines d’interrogatoire elles sont transférées au camp de redressement de Schirmeck le 30 avril 1942. Alice Daul continue de provoquer les autorités nazies, dans le camp elle confectionne des coussins à épingles aux couleurs tricolores, assortis de breloques telles que la croix de Lorraine, les armoiries de Strasbourg ou la croix scoute. Un coussin est encore visible dans la collection du musée historique de Strasbourg.

Le 22 janvier 1943 à la prison Sainte-Marguerite de Strasbourg, Alice et sa sœur sont jugées par le tribunal du peuple (Volksgerichtshof) de Strasbourg. Le 26 janvier 1943 elles sont condamnées à huit ans de prison pour aide à l’évasion. Le 5 février 1943 Alice est déportée à Stuttgart. En novembre 1943, elle est transférée à la maison centrale de Ziegenhain au nord de Francfort-sur-le-Main pendant deux ans. Le travail y est obligatoire et consiste à coudre des boutons sur des toiles de tentes militaires pendant dix heures par jour sans chauffage. Les détenues sont par huit dans une cellule individuelle ne contenant qu’une seule paillasse.

 

Son évasion

Alice décide de préparer son évasion. Grâce à ses compétences professionnelles, elle travaille au bureau de la prison et peut circuler sans attirer l’attention. Avec ingéniosité et patience, elle se procure tout ce qui est nécessaire à son projet (papiers administratifs, cartes, équipements, habits, provisions…). Le 5 février 1945 elle décide de s’évader car elle vient d’apprendre que Strasbourg est libre depuis le 23 novembre 1943 et aucune représaille ne peut plus être exercée sur sa famille. Elle se cache dans la prison. Après être restée toute la nuit à démonter la serrure d’une porte, elle doit renoncer. Au petit matin en retournant à sa cachette, elle saisit l’opportunité de sortir par la porte que vient d’ouvrir la gardienne qui surveille les détenus préparant le petit déjeuner des prisonnières. Elle se retrouve en dehors de l’enceinte.

Se guidant avec les étoiles, elle se dirige immédiatement vers la ville la plus proche, pariant sur le fait que les recherches pour la retrouver seront lancées en direction de la forêt, destination logique selon elle de tout fuyard. Vers 6 h du matin, sur la route, un gendarme à vélo la repère et l’attrape par le bras. Elle garde son sang-froid, prend un ton courroucé et lui demande ce qu’il veut à une heure pareille. Surpris, le gendarme la lâche. Alice coupe immédiatement à travers les champs inondés, traverse par deux fois des cours d’eau à la nage.

Elle rencontre un prisonnier de guerre qui lui donne de l’argent ce qui lui permet de prendre le train en direction de la Suisse. Elle parcourt 600 km à pied et en train dans une Allemagne en pleine débâcle, se cachant, échappant par deux fois à des attaques de train par l’aviation alliée. Alice arrive le 1er mars 1945 près du Lac de Constance à Singen à deux kilomètres d’une enclave suisse en Allemagne. Dans la nuit, elle se glisse sous l’énorme réseau de barbelés marquant la frontière. Elle atteint en loques, ensanglantée et échevelée le poste frontière suisse le 2 mars 1945 vers 3 h du matin. Après avoir subi un interrogatoire, elle part avec d’autres évadés alsaciens pour Annemasse en France où elle arrive le 3 mars 1945.

 

L’après guerre

Suite à l’ordonnance d’avril 1944 autorisant les femmes à accéder au droit de vote, Alice est élue conseillère municipale de Strasbourg. Elle est une des trois premières femmes à occuper cette fonction à Strasbourg. Elle ne se représentera pas car elle ne s’estime pas faite pour une carrière politique. En 1947 elle marie sa sœur en tant qu’officier d’état civil.

Le 28 septembre 1946 elle épouse Cyrille Gillig qu’elle a connu pendant ses études. Son époux est aussi un résistant. Avec cinquante officiers alsaciens il est désigné pour être incorporé dans les Waffen-SS. 42 refusent de porter l’uniforme allemand et sont envoyés au camp de concentration de Neuengamme au nord de l’Allemagne. Vingt survivants seront libérés par les Anglais. Le couple aura six enfants.

Elle adhère à Jeune Alsace, l’institution mise en place par l’administration de l’Éducation nationale, la première Armée et les organisations de résistance alsaciennes qui veulent promouvoir la reconstitution des mouvements de jeunes d’avant-guerre. Alice Daul est chargée de la formation des cheftaines du mouvement catholique Guides de France. Comme la majorité des membres de Jeune Alsace, Alice Daul participe à l’activité de l’Union nationale alsacienne pour la rénovation (UNAR).

En 1948 Alice et Cyrille adhèrent au mouvement « La vie Nouvelle » pendant quinze ans. Avec d’autres membres, ils prennent la responsabilité d’une Maison Familiale de Vacances dans les Vosges de 1950 à 1960.

En 1958 Alice adhère à l’Union Féminine Civique et Sociale (UFCS) et participe à l’animation de la section de Strasbourg. Cette association œuvre pour une meilleure compréhension et une meilleure participation des femmes à la vie de la cité. Elle en devient la déléguée régionale et y est très active. En 1999 elle écrit une brochure sur l’histoire de l’UFCS en Alsace entre 1950 et 1990.

Après le décès de son mari le 4 octobre 1999, elle décide de participer aux rencontres nationales organisées par « Poursuivre » émanation de « La Vie Nouvelle ». À la demande des responsables elle crée un groupe sur Strasbourg. En 2004, elle arrête cette activité. Alice Daul meurt le 10 novembre 2011.