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2011 : Le paysage du scoutisme en France

Il est divers et varié, nous y avons notre place

 

 

Le scoutisme, introduit en France au cours de la première décennie du XXème siècle, a défini et mis en place ses structures à partir de 1911 et a connu, depuis, un ensemble d’évolutions, plus ou moins liées à l’évolution de la société elle-même. Quel est le « paysage » du scoutisme en France cent ans après ces débuts ?

Pas un « scoutisme » unique et défini une bonne fois pour toutes…

Si l’on en croit un « diaporama » proposé en 2010 par Jean-Jacques Gauthé, il est plutôt… multiple. La situation actuelle est le résultat de plusieurs éléments :

–   en tout premier lieu, la liberté d’association définie par la loi de 1901,

–   ensuite, l’absence totale de protection des termes « scout » ou « scoutisme », de même d’ailleurs que du terme « éclaireur »,

–   enfin, la tendance permanente, et apparemment naturelle, de certains individus à souhaiter définir leur propre solution en parallèle ou en concurrence avec les structures installées.

Autrement dit, n’importe qui peut créer une association, peut lui attribuer le terme de « scoute » et, au total, y traduire sa volonté d’exister par rapport aux autres. Dès le début, les initiatives ont été multiples, le plus souvent localement, sans regroupement systématique dans le cadre d’une « fédération » induisant quelques contraintes. Et au cours des quinze dernières années, J.J. Gauthé indique que plus de 250 associations comportaient les mots « scoutisme » ou « scout » dans leur déclaration.

Nous avons vu qu’une innovation importante était apparue, dans les années 20, après une période de refus, avec la création des associations de scoutisme catholique pour les garçons et les filles. S’adressant aux familles de la religion majoritaire, ces Mouvements ne pouvaient que se développer et ont pris très rapidement une place quantitativement prépondérante. Nous avons vu également que ce développement avait peut-être conduit les Mouvements non-confessionnels à un certain nombre de réflexions et de choix et, en particulier, à affirmer leur caractère « laïque » permettant une réelle différenciation, en liaison avec un rapprochement de l’école publique.

Le fait nouveau important, apparu au cours des dernières décennies, est que le scoutisme catholique lui-même s’est morcelé, de deux manières :

–   d’une part, par l’existence de trois « grandes » associations : les Scouts et Guides de France, les Scouts Unitaires de France, les Guides et Scouts d’Europe ;

–   d’autre part, par la création d’un grand nombre de « petites » associations, traduisant un rejet des évolutions aussi bien dans le scoutisme que dans le catholicisme comme les Scouts Godefroy de Bouillon qui se définissent ainsi : « Un scoutisme catholique authentique, sans aucune concession au virus moderniste qui ronge tout de l’intérieur, vidant la méthode scoute de ses principes, les dogmes catholiques de leur substance, la morale de ses exigences… ».

À noter qu’un certain nombre d’intégristes continuent de rejeter le scoutisme malgré ces développements. C’est le cas de l’abbé Grossin qui est l’auteur d’une brochure intitulé « Scoutisme et théosophie » et qui affirme « Le scoutisme est une grande œuvre maçonnique de destruction et de pénétration du catholicisme et de l’esprit catholique » sur le site « Gesta Dei Francos », rubrique « crise de l’Église / Scoutisme : pourquoi une telle tolérance ? ». Et sur le forum du site « Novusordoseclorum » « Anti Nouvel ordre Mondial », un long article du Marquis de la Franquerie traite d’un ensemble de sujets liés à des sectes « manœuvrées secrètement par le pouvoir occulte » : les drogues hallucinogènes, le yoga, le Rotary, l’expression corporelle et… le scoutisme.

Bien sûr ces réactions sont marginales, mais elles contribuent à un constat : il n’existe pas « un » scoutisme, défini une bonne fois pour toutes. On a même l’impression que ceux qui prétendent définir le « vrai » définissent surtout le « leur ». Les E.E.D.F., qui ont connu eux-mêmes quelques dissidences, d’ailleurs très limitées, sont partie prenante d’un grand ensemble, où ils précisent leurs propres valeurs et leurs propres réponses. À ce titre, ils ont leur place dans un ensemble divers et varié !