1961 : un Cappy Commissaires - Bénévolat et militantisme

Sam04Fév201216:40

1961 : un Cappy Commissaires

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Question évoquée au Cappy Commissaires, à la demande de nombreux participants :

 

Plusieurs des sujets évoqués abordent une question qui, par la suite, sera traitée en tant que telle : le bénévolat (et son corollaire, le rôle des salariés du Mouvement) et le militantisme… Nous reprenons ci-après, à titre d’exemple,  les éléments d’un débat ouvert lors de cette première session.

Le bénévolat : il se définit couramment comme la participation aux activités sans rémunération d’aucune sorte, et il est courant – et considéré comme « normal » – de demander aux cadres de payer leurs camps. Cette définition n’est pas mise en cause sur le fond, mais une réflexion s’ouvre sur ses limites : ne risque-t-elle pas d’écarter de nos activités des jeunes cadres à qui leurs moyens financiers ne permettent pas ce choix ? Autrement dit, ne risque-t-on pas, en particulier dans les régions socialement défavorisées, de condamner notre scoutisme à un recrutement exclusivement « bourgeois » ? Cette critique, qui a d’ailleurs été formulée par certains milieux, interpelle certains responsables territoriaux – et, en particulier, des responsables de groupes locaux. Plusieurs étapes vont marquer cette réflexion en commun : peut-on sortir de la définition classique et accepter de prendre des responsables « au pair » ? peut-on aller jusqu’à indemniser certains ? Est-il normal que des responsables soient salariés par le Mouvement ?

Sur ce dernier point, la réponse est… historique. La plupart des « grands chefs » qui ont accompagné la vie du Mouvement depuis sa création étaient des salariés : André Lefèvre le premier, mais également René Duphil, Pierre François et quelques autres. Leur salaire était financé par le budget de l’association, issu de ses ressources propres et des subventions de l’État. Celles-ci étaient de deux natures : participation directe au budget national, mais également mise à disposition de fonctionnaires de l’Éducation Nationale. Un certain nombre de responsables nationaux, depuis 1945, entrent dans cette dernière catégorie. La période où le Mouvement a disposé du plus grand effectif ainsi financé est celle qui a suivi immédiatement la Libération, avec une conséquence peu de temps après : lorsque l’État s’est résolu à faire des économies, ces moyens ont disparu, et nombre de ces « instructeurs techniques » ont été licenciés, Jacques Pecnard, dessinateur jusqu’alors salarié, en a témoigné dans la plaquette consacrée à René Duphil :

Le principe de la participation de la collectivité nationale résulte de l’idée que nos Mouvements disposent d’une sorte de « délégation de service public » pour exercer leur activité éducative. C’est d’ailleurs pour la même raison que les créations de lieux d’accueil et d’activités, très fréquentes dans ces années, sont également aidées. Les E.D.F. n’étaient d’ailleurs pas les seuls à disposer de ce type d’aide : par exemple, Émile Guillen, ancien chef de Cappy, responsable de services vacances à la SNCF, disposait, lui aussi, de « mis à la disposition ».

Questions subsidiaires, importantes dans certaines périodes de crises : des salariés de ce type ne risquent-ils pas d’imposer leurs vues, voire leur « culture » (en l’occurrence, celle du corps enseignant dont ils sont issus) ? Autrement dit, peut-on être, à la fois, honnêtement, salarié et militant ? Le terme même de bénévole peut s’interpréter sans contenu obligatoire de gratuité : il signifie, avant tout, « vouloir bien », c’est-à-dire faire, personnellement, un choix de participation. Le militantisme va un peu plus loin, à partir de son origine latine quelque peu… guerrière : il traduit une volonté d’agir pour une cause, en l’occurrence celle du Mouvement, donc également un choix. Et ces choix – celui du bénévolat comme celui du militantisme - peuvent concerner aussi bien des membres qui font cadeau de leur temps et de leur argent que des jeunes indemnisés ou des permanents qui ont décidé de consacrer leur activité professionnelle – quelquefois au détriment de leur carrière ou de leur famille – à l’association. Même si cette conclusion n’a pas toujours été du goût de tous, elle s’est progressivement imposée car elle traduisait une réalité.

Le fait d’évoquer ce genre de sujet, dans un « camp-école » de responsables territoriaux, donne un excellent exemple de la réflexion à partir du réel qui caractérise le Mouvement tout au long de cette période.

 

 

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