1940 : Un éditorial du Lien, revue des E.U.
1940 : Un éditorial du Lien, revue des E.U.
… donne bien une idée de l’ambiance de cette période, pour une association « religieuse »
Document transmis par notre ami Cédric Weben, membre du Mouvement et passionné d’histoire, cet extrait du « Lien » de juillet 1940 est écrit par le pasteur Jean Joussellin, alors membre de l’équipe nationale Unioniste.
CE PAYS N’EST PLUS UN LIEU DE REPOS
(Michée 210)
Notre pays souffre terriblement. Il est envahi plus qu’il ne l’a été depuis des siècles, et, autour de nous, bien des personnes et peut-être même des parents ou des amis commencent à désespérer.
À l’heure où je vous écris la plupart d’entre nous attendent de savoir, d’un moment à l’autre, les conditions que l’ennemi posera à un armistice. Nous sommes dans l’angoisse, nous demandant quel sera le prix de la paix. Nous craignons, non seulement de perdre certaines libertés, mais encore de ne plus retrouver la possibilité d’affirmer les vérités essentielles : pourrons-nous encore consacrer toutes nos forces et toutes nos pensées à tenir les promesses que nous avons faites (promesse de l’éclaireur, engagement religieux de chef) ?
Nous ne pouvons prévoir de quoi demain sera fait et il nous est encore plus difficile de savoir quelle sera notre situation au jour où vous recevrez ce journal ; malgré cela, nous avons des consignes précises à donner à chacun. Il nous est possible de vous dire quelle forme doit prendre notre fidélité.
Quelle fidélité ?
Parfois nous avons discuté, distinguant le service que nous devions à Dieu de celui que nous devions à notre Patrie. Nous savons maintenant que cette distinction n’est pas possible.
La Patrie n’est pas pour nous une nouvelle idole, un faux Dieu : mais elle est la terre où Dieu nous a fait naître, non seulement pour profiter de ses beautés et de ses splendeurs, mais surtout pour y être ses ouvriers et ses témoins. En nous donnant un pays, il dit, comme dans la parabole : « Mon enfant, va travailler dans ma vigne. » Il a une vigne de France où il veut que nous travaillions, comme à d’autres il a confié son champ d’Angleterre ou d’Allemagne.
Or, nous savons que si ceux qui nous font la guerre veulent dominer sur toutes terres, ils ne veulent pas que Dieu en soit le souverain. Ils persécutent, emprisonnent, calomnient ceux qui veulent servir Dieu. Une mère allemande écrivait à Chamberlain, le suppliant de venir à son secours : par le fait de l’éducation nazi, son fils renierait Dieu et ses parents.
Dieu a bien d’autres moyens que nos armées pour installer son royaume ; cependant il doit pouvoir compter sur nous. Il faut que nos faibles moyens et notre persévérance puissent prouver au monde que nous n’avons pas abandonné l’héritage qui nous a été confié, et que nous avons tout fait pour y maintenir la liberté et la dignité de vie qui permettront que l’évangile y soit annoncé.
Notre part
C’est à cause de tout cela que nous pouvons reprendre à notre profit le récit du chapitre 2 de Michée. Trop de Français et trop de Chrétiens ont dit : « Cela n’est pas mon affaire. » Ils ont fermé les yeux sur l’injustice, l’impureté, l’égoïsme. Trop de Chrétiens n’ont pas voulu être de ceux qui annoncent l’Évangile, laissant ce soin à d’autres. Et maintenant, le malheur est sur le pays :
« Ils convoitent les champs et ils s’en emparent, les maiso