1960 - 1961 : Outre-mer, ça se complique…

Dim21Sep201410:22

1960 - 1961 : Outre-mer, ça se complique…

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… mais le moral reste bon !

 

En 1960, les activités de l’EROM continuent, comme en atteste le volumineux courrier échangé pour la préparation et le suivi des caravanes et des séjours. Les E.D.F. agissent, en métropole, en relations avec les CEMEA et la Ligue de l’Enseignement et, sur place, avec les Éclaireurs d’Afrique et la Fédération du Mali.


Le rapport final rappelle les objectifs de l’équipe et les méthodes de travail proposées. Le dépouillement de 80 fiches d’inscription de 1960 semble intéressant :

– les âges : 75 % se situent entre 21 et 27 ans, la majorité autour de 24 ans ; quelques « anciens », en général animateurs, et quelques « petits jeunes » entre 17 et 20 ans ;

– les sexes : les filles sont majoritaires à près de 60 % ;

– les activités : près de la moitié (44%) sont enseignants ou préparent une carrière de professeurs. À noter un petit groupe d’élèves de l’ENSET ou d’élèves professeurs d’éducation physique ;

– les engagements : à côté de 35 EDF, forte présence des F.F.C. ou des CEMEA et quelques ajistes (surtout membres de la FUAJ). Quelques membres d’autres associations de scoutisme (E.I., S.D.F., E.U.) ou proches (Cœurs Vaillants, Âmes Vaillantes, JEC), plusieurs syndicalises étudiants, et deux Amis de la Nature. À noter qu’un tiers n’indique aucun engagement dans une association ou un Mouvement.


Quelques lettres traduisent une certaine inquiétude, compte tenu de l’évolution constatée, mais le « discours » prononcé par le représentant de l’EROM à l’occasion de l’assemblée fédérale des Éclaireurs d’Afrique, complété par une « lettre à un ami », semble prouver que l’ensemble est sur le bon chemin.


Les activités, comme prévu les années précédentes, sont organisées lorsque c’est possible autour de thèmes dont certains sont nouveaux : les rapports correspondants évoquent successivement les stages « éducation populaire », « archéologie » devenu « zoologie »,  « enfance inadaptée ».


Dans certains cas, des difficultés, quelquefois de dernière heure, apparaissent et nécessitent et nécessitent des adaptations : c’est ainsi que le séjour prévu à Bambilor au Sénégal ne peut avoir lieu car « les E.D.A. et CEMEA en opposition ou mésentente avec le gouvernement sénégalais ne travailleront pas avec nous » ; de retour à Bamako, le groupe rejoint à Sotuba un « centre de rééducation sommaire pour jeunes délinquants mineurs », puis à Nienebale un centre agricole « recevant des jeunes sans travail pour en faire des cultivateurs qualifiés ».


Et les événements « politiques » interviennent également, en particulier lors de la rupture des relations entre le Sénégal et le Soudan en août, entraînant quelques problèmes pour le rapatriement des membres du groupe.


Plusieurs documents nous ont semblé intéressants :

– quelques extraits du rapport final,

– une circulaire de la Fédération du mali, République Soudanaise, rend compte d’une réunion organisée le 5 mars « dans le bureau du Président du Gouvernement de la République Soudanaise » en présence de plusieurs responsables (donc à un haut niveau), concrétise la collaboration entre nos Mouvements et l’État Soudanais,

– une fiche présente les stages pris en charge par les E.D.F. à côté des autres organisations, CEMEA, F.F.C. et Ligue de l’Enseignement, dans le cadre d’un programme de formation de cadres, dans les États d’Afrique Noire et de Madagascar et en France,

– les pages du rapport racontant… les péripéties du rapatriement fin août,

– et la lettre écrite à Charles Boganski le 21 août par le responsable de la caravane concluant quand même… « le moral des troupes est bon ».

 


 


 


 

 


 


 


 


 


 


 

 

En 1961, un avant-projet évoque une centaine de participants répartis en dix groupes pour des séjours de six et huit semaines, essentiellement sur le thème « éducation populaire » qui, définis pour l’EROM par un « cahier Routes » de culture générale, se veut centrée sur l’initiative locale. Six sont prévus au Soudan, un en Haute-Volta, deux en Côte d’Ivoire, un en Guinée.


La réalisation va être un peu différente, si on en juge par les rapports correspondants :


– le groupe « I/II » considère que « tout a été parfait d’autant plus que les conditions africaines ne permettent pas d’établir un horaire ». Pendant le trajet en bateau, une série d’exposés aborde la géographie et l’histoire de l’Afrique, son économie, la politique – avec des débats enflammés de la part des Africains, la famille africaine, l’art africain. Un complément sera apporté au retour sur l’Islam en Afrique.


Une première partie de la caravane va de Dakar à Nienebale où un séjour est organisé dans le centre « rural éducatif » qui a pour but de « ramener à la vie agricole de jeunes inadaptés ».  Au retour à Bamako, sont évoquées des « réunions politiques et sociales » sur les problèmes de l’Afrique, en présence du Haut Commissaire à la Jeunesse.


– le groupe III rejoint à Orodara en Haute-Volta un centre de même objectif pour un programme de travail établi par le Directeur des Affaires Sociales de HauteVolta. Mais… « nous apprenons que ces 25 ha qui constituaient jusqu’alors l’essentiel de notre travail ne sont pas encore acquis et que propriétaire et acquéreur n’en sont encore qu’au stade de palabres ». Le groupe rejoint donc un petit village de brousse, Nahon, pour « pratiquer des activités de colonie de vacances ». Pendant que les garçons assurent l’encadrement des enfants, les filles se chargent des soins médicaux, de la mise en place d’une pharmacie, de la formation d’un élève « à même d’assurer les soins courants »… et d’un atelier de couture.


Le séjour – qui est, pour l’EROM, le premier en Haute-Volta – se prolonge à Ouagadougou.


– le groupe IV est accueilli à Abijan par le Commissaire Général des Éclaireurs de Côte d’Ivoire pour un séjour à Yassap où les activités sont variées : la présence dans le groupe d’un maçon professionnel permet de participer à la construction d’une école ; une permanence est assurée au dispensaire installé dans une salle de classe ; des séances de lecture et de calcul sont organisées pour la scolarisation des adultes ; des activités récréatives sont également proposées, avec, à Debrimou, une « soirée Éclaireurs ». Ce séjour est suivi, du 5 au 18 août, d’enquêtes, visites et balades à Dabou, Tiassale, Yamoussoukro,Bouake, Bobo Dioulasso…


La conclusion du rapport, qui évoque une « réussite partielle », propose un nouveau projet pour l’année suivante, mais également la création d’un camp-école préparatoire pour les cadres des unités Éclaireurs et d’un stage d’éducation populaire « deuxième degré » dans le cadre d’un village ou d’un quartier pour « faire des expériences vivantes ».


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