1980 : l'éducation communautaire aux champs
1980 : l'éducation communautaire aux champs
Un texte de Jean Estève présentant une association locale d'éducation populaire
L’éducation communautaire est le plus généralement conçue comme comportant de multiples interactions entre l’enseignement, et plus généralement toute activité éducative, et la communauté locale de proximité ; et ceci demeure essentiel.
Cependant l’ouverture, si nécessaire à toute activité éducative, à tout enseignement, ne saurait être limitée par de trop étroites frontières.
Certes le séjour en de hauts lieux de civilisation – Séville, Brême, Bruxelles ou Paris – ne peut que présenter un grand intérêt pour l’ouverture nécessaire à la formation de chacun ; mais on constate aussi que la découverte assez approfondie d’une communauté restreinte, différente, et d’un abord plus aisé, est une source certaine d’enrichissement. C’est ce que propose l’A.B.C.D.E (Association Blieuxoise pour la Coopération, le Développement et l’Éducation).
L’association :
Implantée à Blieux, petit village des Alpes de Haute Provence, en France, cette association regroupe des habitants du village (dont des enseignants retraités) soucieux d’éviter tout enfermement rural et aptes à faire comprendre et vivre quelque peu à des jeunes de milieu urbain la réalité de la vie à la campagne telle qu’elle a perduré pendant des siècles, riche d’activités qu’ils ignorent, dans un milieu « naturel » qu’ils imaginent plutôt au Kenya avec Tarzan ou dans l’Ouest des westerns.
Le projet :
Une communauté villageoise, peu nombreuse par définition, est plus aisément pénétrable qu’une communauté urbaine dans sa très riche complexité. C’est cette découverte d’un milieu humain bien limité, cette alphabétisation de la socialité que nous entendons proposer à un groupe restreint pour un temps limité.
Les habitants même du village qui acceptent le dialogue proposeront la découverte d’un milieu : la terre (géologie), les végétaux (spontanés et cultivés), les animaux (suvages et domestiques), enfin et surtout les hommes avec leurs relations entre eux, leurs activités élémentaires d’aménagement et d’exploitation (entretien des canaux, semis, plantations, récoltes, laiterie, fromagerie, pisciculture, scierie, apiculture), tout ceci selon les saisons dont le rythme garde ici toute sa prégnance.
La pratique courante en France des « classes de découverte » trouve dans ce projet son épanouissement.
Nous voudrions :
- dépasser le tourisme « intelligent » où s’affirme l’altérité du regardé au regardant,
- mettre l’accent sur l’appr