1968 : une période de crise nationale

Ven23Avr201016:22

1968 : une période de crise nationale

 Les «événements» de 1968 ont concerné tous les Mouvements de Jeunesse et, plus particulièrement, ceux qui participaient au «Haut Comité à la Jeunesse», créé par les instances gouvernementales avec, en principe, un rôle consultatif. Dans un contexte mettant en évidence les évidentes difficultés relationnelles entre la Jeunesse et le Gouvernement, Jean Estève, Commissaire Général, a participé aux prises de position qui ont été celles du Mouvement dans ce cadre.

 

 

 

Les prises de position des Mouvements de jeunesse et d'éducation populaire

Prise de position du Scoutisme Français le mercredi 8 mai 1968

Les six Associations du Scoutisme Français regroupant 350000 garçons et filles scolaires, étudiants et jeunes travailleurs, conscients de la gravité et de la complexité des événements que vien de connaître le monde des étudiants, attirent l’attention sur les points suivants :

  • les manifestations d’étudiants sont le signe d’une crise sérieuse, qui met en question l’Université dans son fonctionnement, ses structures et son insertion sociale,

Rejeter la responsabilité des troubles uniquement sur quelques « meneurs » et quelques étrangers est un refus de reconnaître la réalité et la gravité des problèmes ;

  • ces manifestations révèlent que notre société permet difficilement aux jeunes étudiants et travailleurs de prendre leurs responsabilités et de préparer convenablement leur avenir, notamment leur avenir professionnel ;
  • ces difficultés ne sauraient être réglées ni par la répression ni par la violence, elles appellent la mise en œuvre rapide de solutions à la mesure des problèmes posés. C’est la Communauté Nationale toute entière qui est responsable de l’accueil des jeunes générations ;
  • ces solutions leur semblent devoir être recherchées dans une perspective de participation et de responsabilité à tous les échelons permettant le développement des personnes et des groupes ;
  • c’est dans cette perspective qu’elles invitent tous leurs membres, étudiants et responsables, à prendre leurs responsabilités dans le nécessaire dialogue.

Prise de position du Haut Comité de la Jeunesse le 17 mai 1968

Lettre à Monsieur le Premier Ministre :

Monsieur le Premier Ministre,

Les membres du Haut Comité de la Jeunesse soussignés, réunis le 17 mai 1968, constatent que la situation actuelle de la jeunesse est, pour une part, l’aboutissement d’une politique qui a, depuis plusieurs années, refusé le dialogue et la participation.

Ils regrettent que le Haut Comité de la Jeunesse n’ait connu, de la part des autorités gouvernementales, que le mépris, malgré les propositions qu’ils ont maintes fois présentées.

Ils constatent qu’aucun des grands problèmes d’éducation, de formation professionnelle, d’emploi et de participation civique n’a été résolu.

Ils assurent l’Union nationale des Etudiants de France, membre du Haut Comité de la Jeunesse, de leur solidarité.

Ils décident d’adresser leur démission au Premier Ministre.

Mais cette démission de structures dépassées n’étant pas pour eux une démission de leurs responsabilités, ils constituent un Comité National d’Action.

Veuillez agréer …

Suivent les signatures de :

J. Arthuys – M.T. Chéroutre (G.D.F.) – Dader (Ligue de l’Enseignement) – J. Estève (E.E.D.F.) – Courtevoix – Despinette – Bordat (CEMEA) – Lestavel – M.T. Betty – J. Rovan (Peuple & Culture) – J. Caviale (U.F.C.V.) – J.P. Cirey – P. Mauroy (Foyers Léo Lagrange) – M. Welzer – L. Trichaud – F. Peyre (C.F.M.J.) – M. Rigal (S.D.F.) – M. Cazyron – Sauvageot – Roussel (F.F.C.)

Imprimer