1911 : Les débuts du scoutisme masculin : premières expériences - Et les E.D.F. ?

Jeu15Avr201015:42

1911 : Les débuts du scoutisme masculin : premières expériences

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Que sont les Éclaireurs de France ?

Extrait d’une conférence de Georges Gallienne aux responsables de la Fédération Française des Éclaireuses en février 1930, ce récit expose clairement les débuts en France de l’idée de scoutisme : réponse à un besoin (l’animation de jeunes difficiles), consultation du Fondateur (les expériences en cours en pays « latins »), recherche d’une solution nationale (entraînant une différence d’approche)…

« En 1908, Terrier avait écrit un article dans “ L’Espérance ”, le journal des Unions Chrétiennes de Jeunes gens, et Chéradame avait fait paraître deux articles dans “ Le Petit Parisien ”, sur le Mouvement naissant des Boys Scouts en Angleterre. En 1910, j’avais moi-même rencontré en Angleterre le directeur d’un club pour voyous qui m’avait dit : “ Nous avons trouvé dans le Scouting en truc épatant ”. Le “ Truc ” m’avait, en effet, semblé épatant, et, dès mon retour à Paris, en octobre 1910, je le mettais à l’essai au Foyer de Grenelle, rue de l’Avre, dont j’étais alors directeur. Je réunis une bande de garçons et, pour ne pas faire du militarisme, j’en fis une section de sapeurs-pompiers qui possédait une caisse montée sur roues, une vieille échelle et un stock de tuyaux. Ils ont appris à manœuvrer tout ça avec bonheur. Mais quand un professeur venu aux informations nous a vus descendre un garçon du deuxième étage avec une corde, il a été épouvanté et a dit : “ Jamais les écoles ne prendront de pareilles responsabilités ! ”. Williamson (responsable national des U.C.J.G.) vint aussi nous voir manœuvrer nos tuyaux et dit : “ Il nous faut cela dans nos Unions Chrétiennes. ” J’écrivis à Baden-Powell pour lui demander des renseignements sur ce qui serait viable comme organisation pour les pays latins. Il me répondit qu’il me tiendrait au courant de ce qu’on tentait en Argentine et me conseilla de prendre contact avec un prince italien qui avait essayé quelque chose en Italie et qui arrivait à Paris. Il y eut, en effet, une petite conférence chez le prince italien.

Mais l’idée de tous les assistants était de créer une organisation vraiment nationale. Nous allâmes, dans ce but, trouver le général de Lacroix pour lui demander d’en prendre la présidence. D’autre part, un groupe d’hommes, dont Pierre de Coubertin, voulait aussi faire quelque chose. Une réunion se tint à la Sorbonne, présidée par le Recteur et à laquelle assistaient de nombreuses personnalités ; elle aboutit à la formation de la Ligue pour l’Éducation Nationale. Williamson pensait que la Ligue Nationale, étayée sur l’Université, ferait un bon Comité Directeur, mais il y avait des divergences d’idées entre Pierre de Coubertin qui voulait faire des débrouillards, des sportifs, et le lieutenant de vaisseau Benoit, personnalité de haute valeur, auteur de “ la Voie du Chevalier ”, qui voulait surtout un Mouvement basé sur la formation du caractère et l’éducation morale. De ces divergences de conception sont sortis, peu à peu, les E.U. fondés par Williamson au sein des Unions Chrétiennes, les Éclaireurs Français fondés sur la Ligue Nationale, et les Éclaireurs de France marchant sur la voie tracée par Nicolas Benoit. »

Question : qu’est-ce qui différencie les E.D.F. des autres fédérations scoutes ?

« Vous pouvez trouver curieux qu’un pasteur soit vice-président des E.D.F..

Les E.D.F. sont neutres, c’est-à-dire qu’ils ne donnent pas de place prépondérante à une forme de pensée sur une autre, mais leur neutralité accepte le fait religieux au même titre que tous les autres faits. Le but des E.D.F., selon Benoit, est d’unir toutes les classes, toutes les croyances, tout ce qui fait la France.

Ainsi trouvons-nous dans les rangs des E.D.F. des instituteurs, des professeurs, des pasteurs même, ayant chacun leur conviction personnelle mais profondément respectueux de celles d’autrui. »

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