2016: le parcours d'une « ancienne »… centenaire

Sam13Fév202116:59

2016: le parcours d'une « ancienne »… centenaire

Témoignage d’Odette MESTRE (lou mestre dou mas) épouse CAGNASSO, Totem Matkah

 

Propos recueillis par Nelly GIBAJA  à SAINT-SAVOURNIN et MARSEILLE (BdR) en 2016 (un excellent exemple !)

 

1 Odette1

                                                

Le fait de connaître les Éclaireurs de France a transformé ma vie 

Grâce aux Éclaireurs, je me suis cultivée autrement :

 

Je suis née le 2 octobre 1919. De 8 ans à 18 ans, j’étais au couvent du Sacré-Cœur à Marseille, … mes parents sont morts tôt.

J’ai connu les éclaireurs grâce à ma sœur Edmée. Elle avait deux ans de plus que moi. Elle était catholique pratiquante, toute sa vie. Elle connaissait une fille, qui était au Sacré-Cœur avec nous. Elle sort un dimanche avec elle et les Guides de France. C’était en 1937. Et le dimanche d’après, elle ne trouve pas ce groupe au lieu de rendez-vous. Mais elle y trouve une autre troupe, celle de Suzanne CORNUEL (Suzette) / Goéland, qui devint l’épouse de Louis SEMPE / Ecureuil malicieux ou moqueur. Elle lui dit « vous vous trompez, nous, nous sommes Les Éclaireurs de France, il y a des scouts catholiques, protestants et nous les laïques. » Edmée sort toute la journée avec eux. Le soir elle me raconte ça. Je lui dis : mais moi, c’est là que je veux aller.

3 Edmée Soeur Odette  

Edmée Mestre, Pie dévouée

Soeur d'Odette, décédée en 1976 à 59 ans

Cheftaine à l'Estaque sous la responsabilité de Bison rouge

(CGT cadres Paris)

 

5 Suzanne CORNUEL  4 Louis SEMPÉ

Photos Famille   SEMPÉ – CORNUEL

Note : Suzanne porte ici la tenue FFE (cravate notamment) : comme bon nombre de filles, elles étaient Éclaireuses FFE puis Cheftaine louveteaux EDF.

Suzette lui avait donné les coordonnées du « père FELJAS » : André FELJAS / Baloo, qui était Directeur d’Ecole à la rue Gillibert (Marseille 5°), Commissaire de District EDF.
Nous sommes allées le voir. C’est, sa fille, Thérèse FELJAS / Chamois impertinent, Cheftaine de la Meute du Romarin – la 6° Marseille, qui nous a reçues toutes les deux. J’ai su, plus tard, qu’elle avait dit à sa sœur Aline : « On m’a présenté deux filles, une, je crois, on pourra en faire quelque chose, mais l’autre quelle gourde, je me demande ce qu’on en fera. C’était moi ! … Comme elle était bien gentille, elle m’a permis de venir… J’ai commencé à faire des sorties.
Et ainsi, j’ai été Cheftaine de louveteaux.

 7 Odette en tenue

 

Je fais la ‘Cheftaine’, là. Je suis à Montredon (Marseille), au cabanon de ma tante : fière de ma tenue !

J’ai été totémisée dès le premier camp. C’est Aline FELJAS qui a trouvé mon totem : Matkah. Elle était ma marraine aux EDF, le sien, c’était « Moineau bavard ».
J’ai adoré mon totem : Matkah, mère de Kotick, le phoque blanc, du deuxième Livre de la jungle de R. Kipling. On le connaît moins que le premier…

 

8 Thérèse Odette

9 Groupe Arnaud

Jacques ARNAUD qui n’a été que Louveteau, Aline FELJAS joue de la flûte,

Paul AMPHOUX qui fut Danseur à l’Opéra et assassiné sur le Vieux Port, et moi, en 1939.


 

Les Éclaireurs : ça a été une révélation pour moi.

 

Un jour, il y avait Pierre COHEN, et d’autres, chacun dit son appartenance :  « Moi, je suis juif, mais je ne pratique pas, je n’ai pas vraiment de religion. »  Un autre dit « Je suis catholique. » Et Thérèse FELJAS dit : « Moi je suis athée. »
J’étais en admiration devant elle : oser dire qu’on était athée, qu’on ne croyait pas. Mais pour moi, sortant du couvent, c’était un crime, un blasphème, affreux…
J’étais à ce point-là !

De ce jour, je me suis rendu compte qu’il y avait des gens qui ne croyaient pas…  et qui étaient tout à fait en accord avec moi sur les choses principales.


Ça a totalement transformé ma façon de penser, jusque-là, ma culture était à œillères, très cloisonnée, il y avait tellement de choses interdites à lire et à regarder… C’était l’extrême droite… et je suis passée de l’autre côté. Moins religieux et politiquement ça c’est bien vu quand Pétain est arrivé.

J’ai côtoyé des Communistes et des Francs-maçons à Marseille, à Avignon, tout de même un certain nombre (les noms, ça ne se dit pas).
Ils mettaient leurs enfants aux Éclaireurs, ils appréciaient les valeurs EDF.

 


 

J’y ai trouvé conseil pour mon orientation professionnelle :

 

À ma sortie du couvent, ma tante qui était ma tutrice m’a dit : « Trois mois d’école commerciale, tu passes un examen, et tu trouves du travail, autrement je te remets au couvent. » Elle ne pouvait pas, on ne me reprenait pas, mais je ne le savais pas.

Un magasin s’ouvrait rue St Ferréol : « Le palais du bébé. » Je me présente. On me dit qu’il y a tout le personnel pour les bureaux. Maintenant nous cherchons quelqu’un qui sache garnir les berceaux, faire la mousseline, les voiles, les fleurs, les rubans…
Vous sauriez le faire ? Je dis oui, oui ! Et bien vous commencez dans une semaine. Je n’avais jamais touché à ça, je n’y connaissais rien ! Pendant une semaine j’ai fait tous les magasins : « Bébé confort », « Bébé cadeaux ». J’ai fait la cliente emmerdante, je regardais comment c’était fait, cousu…

J’y suis restée deux ans, au « Palais du bébé ». Quand Jacques SEMPÉ, l’aîné de Suzette, est né, c’est moi qui ai habillé son berceau.


Quand j’ai connu Thérèse, j’étais là, au « Palais du bébé », on ne prenait pas avant l’âge de 20 ans pour les études d’infirmière auxquelles je pensais.

Thérèse FELJAS rentre à l’école d’infirmière pour un an avant de faire Assistante sociale. Elle m’a influencée : j’ai d’abord fait la formation d’infirmière. J’ai le diplôme. J’ai exercé de 20 à 26 ans.

Par comble, j’étais dans la promotion ‘Pétain’ à l’Ecole d’infirmières de La Croix Rouge qui était au Bd. Chave.

Entre les cours, je jouais du piano et notamment, un jour : « It's a long way To Tipperary ».  On me dit d’arrêter, c’était américain. « Ha bon ! Je ne connais pas cette chanson ! Je ne connais que les notes : mi fa sol sol la si do mi … », alors c’est passé…

 

                     10 Infirmières                 11 Montolivet

Je faisais mes stages à l’Hôpital militaire de Montolivet. C’était un ancien asile de vieillards transformé en hôpital pendant la guerre.

En février 1939, au dernier trimestre de la Guerre d’Espagne, le navire-hôpital ‘Le Patria’ (il y avait aussi le ‘Providence’) est à Marseille avec ses blessés.
On y envoie les élèves infirmières, dont je fais partie avec Thérèse, les apprentis médecins et chirurgiens… La France ne voulait pas recevoir ces blessés de la guerre d’Espagne sur le sol français, ni leur attribuer des personnels titulaires, confirmés. Le bateau, ce n’était pas la France… C’était choquant ! Les Espagnols nous disaient que le fascisme viendrait chez nous, qu’on aurait la guerre avec les Allemands…

 

12 Notre dame Garde

On a vu arriver tout un train de jeunes de 20 ans, un bras en moins, une jambe en moins, l’épaule défoncée… affreux !   J’étais avec le Docteur SWIRN, le père d’Hélène, quelqu’un de très bien. Il pleurait :

- « Ce sont des gosses, ce sont des gosses ! Mademoiselle, vous ne devriez pas voir ça à votre âge. J’ai une fille de votre âge. »

- Je sais, je lui dis : « C’est Chil. »

- Chil ? qu’est-ce que c’est ça ?

- Je sors avec elle aux Éclaireurs.

- Ah ! bon.

Quand j’en ai parlé à Hélène, elle m’a dit : « Il me l'a raconté. »

Un homme gentil, il avait du cœur, sans esbroufe, un chirurgien très compétent.

13 Frostin

Et après-guerre, quand on a créé la sécurité Sociale, j'y suis entrée tout de suite comme assistante sociale et j'y suis restée 33 ans. 

 


 

J’y ai trouvé des amis pour la vie :

 

Quand on était Chef ou Cheftaine, on faisait sortir les louveteaux, on se voyait dans la semaine entre nous et on sortait ensemble.

14 Marseilleveyre 1 15 Marseilleveyre 2

Sortie à Marseilleveyre. Au milieu, le grand c'est Tribet. Et Thérèse derrière.

 

16 De Framont Perrier,  

Deux éclaireurs marseillais avec moi : de Framont, devenu comédien et metteur en scène, et Jean-Louis Perrier, devenu conseiller en gestion d'entreprise.

C'est en 1942, nous sommes sur la Canebière en direction du local probablement

 

Et on se voyait aux réunions mensuelles, trimestrielles, je ne sais plus comment on appelait ces réunions. Et on partait en camp.

 

17 Camp Risoul

20 Camp solutré

Les Routiers d'Yves Meyer étaient au camp, mais pas lui, donc plutôt en 1943 (résistant).

 

Le camp de Solutré en 1941 ou 1943 (j’ai un doute), avec Darzee / Marthe CORNUEL.

18 Marthe Bouquin  19 Charles Cornuel

Marthe Bouquin , Darzee, institutrice au Rove (13) de 1937 à 1947,

épouse de Charles Cornuel, Kotick, mort à la guerre en juin 1940.


Baloo a été l’homme que j’ai le plus admiré de ma vie. C’était l’instituteur de Jules Ferry qui faisait passer tout ce qu’il savait aux petits et il en savait ! Il m’a appris à lire le ciel. C’est lui qui était dans la Résistance en premier et son gendre Marna qui était dans le même état d’esprit, l’a été aussi.

J’habitais Marseille et quand je venais à Saint-Savournin, je logeais chez les FELJAS.

J’ai fréquenté Thérèse (diminutif Zon) et Félix FABRE. Le dernier camp fait ensemble, c’était au Lac de Laffrey en 1946. Ils étaient mariés. Elle est décédée en début mai 2016 à Arles à l’âge de 97 ans. J’ai fréquenté Aline. Elle était née à Saint-Savournin. Elle y est décédée à 102 ans.

 

22 St Savournin 44

Plus tard, Marna a été Maire de St SAVOURNIN pendant deux mandats, du 13 mars 1983 au 18 juin 1995, sous l’étiquette du Parti Communiste.

C’est par Aline que j’ai su que mon terrain à Saint SAVOURNIN était à acheter et avec mon mari nous avons construit la maison où nous sommes. Leurs descendants sont encore mes voisins.

À Marseille, mes copains, c’était Yves MEYER (une force de la nature, sportif,  faisant de la natation). Nous nous retrouvions au Cercle des nageurs de Marseille avec Mireille PARIENTY (Étincelle, Cheftaine louveteaux, Résistante assassinée à AUSCHWITZ en 44), Henri COHEN / Choucas, Pierre MOSSÉ (opticien Rue St Férréol), Jacques BLUMET / Eléphanteau (pharmacien en gros), et Nicole LEVY-CLARENCE, Cheftaine louveteaux aux EDF à Marseille. Ils ont été résistants dès 1940. Et à partir de 42 dans des réseaux plus spécialisés.   

23 Clarence Mestre                           

On avait des rencontres avec les autres mouvements : EU, EI… Les chefs des différents mouvements venaient parfois aux réunions, je pense à « Catapulte », le grand patron des EI. Nous nous connaissions par totem. Ce Chef, Fondateur des EI à Marseille, s’appelait EISINGER. Sa sœur, Éliane, était dans la même promotion que moi pendant ma 1re année d’étude d‘infirmière. Elle a émigré aux Etats-Unis.
Elle nous a reçus, mon mari et moi, à NEW-YORK lors du voyage que nous avons fait avec le Comité d’Entreprise du CNRS. C’est pas beau ça !

 

On ne s’est jamais lâchés, jamais, jamais : éclaireurs, résistants, vie au village et amitié entre familles, toute la vie ensuite.

 

25 Ils ont vieilli

 

Marcel GORGA / Nanouk (Clan de la Farigoule avec Vara / Marcel SARDE), était à l’École primaire de Baloo FELJAS. Il avait 14 ans quand je l’ai connu. Léon, le père de Marcel était parrain de notre fils qui porte comme prénom, son nom de Résistant : Richard. Nous étions très intimes. C’est sur cette photo, la dernière visite que Marcel nous ait faite. Marcel GORGA et Yves MEYER, ce sont comme des frères pour moi.

 


Je suis revenue aux Éclaireurs de 1954 à 58 comme Commissaire Louveteaux.

C’était moins intéressant que Cheftaine ! Il y avait Raksha.

 C’est Andrée BARNIAUDY qui m’a intégrée à la fonction de Commissaire Louveteaux.  Il y avait Louis DELON / Bagheera, Commissaire régional aidé de Jean BULLE, Raksha. Mon fils Richard avait 3 ans lors de ce camp. Je l’avais emmené avec moi.

26 Camp Ste Tulle

Paul PUAUX était Chef de camp, avec sa première épouse, Mésange. Il a guidé la construction d’un barrage pour l’électricité… Il savait intéresser les jeunes ! Un Chef Éclaireur était de Tahiti : il nous avait appris à fabriquer des petits bateaux à balancier. Les jupes (photo) étaient pour vivre le thème « Tahiti ». En 1958, il manquait des cheftaines pour le Camp de La Bastide, dans le Var. Avec mon mari on est partis. Ce fut mon dernier camp.

 


 

La Résistance avec des Éclaireurs et non éclaireurs :

J’habitais un appartement sous les toits à Marseille, au 26 Rue Maréchal Fayolle. À partir du 11 Novembre 1942, je laissais ma clé aux Éclaireurs au cas où il y ait quelqu’un à cacher. Je n’ai pas eu l’impression de faire de la résistance. Je rendais simplement service. On me demandait de transmettre un message, je le faisais. On m’a dit d’aller chercher dix-neuf cartes d’identité. Je suis allée les chercher, Rue du Progrès où Jean LACOMBE avait un magasin. Moi, naïve j’entre : « Bonjour, Marna m’a dit de venir chercher les cartes d’identité. » Il a eu un temps « d’attente » avant de voir que c’était bon. Je me suis dit : il se méfie… Si on m’avait prise dans le bus, j’étais bonne ! Mais je ne réalisais pas. Après-guerre, LACOMBE s’est installé en Corse et on est allé le voir. Lui la Résistance, ça a été arme au poing.

 

27 Pali

A Saint-Savournin, il n’y avait que Marna et moi des EDF dans le groupe FFI.

C’est Jacques PEUVERGNE, catholique convaincu, qui a créé le groupe FFI. Il a fait appel aux mineurs locaux. Les résistants se servaient des mines comme caches et lieu de regroupements. Il y a eu 5 morts ici à Saint-Savournin. C’est parce qu’ils sont sortis, qu’ils se sont fait tuer. Ceux qui ne sont pas sortis de la mine ont été sauvés. PEUVERGNE a été assassiné quelques mois après la libération. On n’a pas su exactement pourquoi.

voir http://data.bnf.fr/12404768/jacques_peuvergne/studies

Récit d'un combattant : Lei loups roudaires et leur chef Jacques Peuvergne. 80 p.
Un maquis minier de Provence   Éditions provençales , Aix-en-Provence 1947     Auteur : Louis-Philippe May

Dans notre région, les réfugiés ont apporté un plus : ils étaient médecins par exemple. Il y a eu les membres de la Comédie française qui ont exercé à Marseille. On n’en a pas assez parlé, je trouve. Ils avaient de la valeur, d’avoir dit non ! J’ai vu leurs spectacles.

Jamais je ne me suis rendu compte de la gravité de la chose, ce qui inquiétait ma sœur : pour elle, j’étais dans les groupes de condamnés. On chassait les communistes, je n’étais pas communiste, mais j’étais avec eux… on chassait les juifs, je n’étais pas juive, mais j’étais avec eux… Elle reconnaissait qu’ils étaient des gens bien.
Ma sœur n’était pas pétainiste, elle n’était rien. Parmi les Éclaireurs, je ne vois pas quelqu’un qui était pro-Pétain.

Plusieurs Éclaireurs du Clan de l’Étoile / Lycée Thiers ont été dans la résistance :  Jean BULLE, Jean DE BERNARDY, Daniel et Salomon MATALON, Marie-Ange LUCIANI / Marna, Maurice AULANIER, Francis BLOCH devenu GUIDJI / Héron, AUGUSTO dit Toto parti au S.T.O..
Il y avait aussi : Robert DUBROU. Il avait joué en 1935 dans les films Merlusse et Cigalon de Marcel Pagnol, sous le nom de John Dubrou (Dubrassi sur certains documents). C’est le seul Éclaireur sélectionné lors du casting au lycée Thiers (lieu de tournage). Il est devenu Rédacteur en chef à La Marseillaise.
Il était avec moi au Camp de Gap, face à la Meije, en 1938.

Le professeur GABRIEL (prof de fac de pharmacie) avec sa grande barbe blanche était leur Chef Routier. Probablement formateur car on le voit sur la photo du Cappy Beaurecueil 1938 de ma sœur Edmée :

28 Cappy Beaurecueil 38

 

                                                       Vieux Castor / André LEFEVRE                                                  Professeur GABRIEL

 

On ne savait pas ce qui se passait dans les camps en Allemagne. Personne autour de moi ne s’en est douté. On croyait à des camps simples, pour travailleurs étrangers réquisitionnés. On savait qu’ils étaient pris, envoyés en Allemagne, on pensait qu’ils n’étaient pas gâtés, du point de vue nourriture et soins et habillement… mais les fours crématoires, non ! On ne savait pas que ça existait ! On l’a su quand on les a libérés. Ça a été une « révélation » les camps de concentration !

Jamais, on aurait cru que c’était ça les camps !

Récits de résistance :

Je n’ai jamais vu quelqu’un « d’amouraché » autant d’une « société » comme Bernard  DELAUNAY pour les Éclaireurs. Je l’ai rencontré quand Yves MEYER a été décoré de la Légion d’Honneur. Ils étaient amis par la résistance. Il m’a dédicacé son livre, non pas à Odette, mais à « L’Éclaireuse ».

Il a raconté sa résistance sous forme romancée dans « Le barrage de l’espoir » - Ed. Les Monédières 2009.
Note : Donné comme épuisé, il semble qu’on en trouve à la boutique du Mémorial de Caen.

 

29 Barrage espoir 1

 


 

Après-guerre :

En tant que Déléguée syndicale CGT, j’ai été envoyée à la Conférence Internationale pour l’enfance en 1952 à Vienne. Marie-Claude Vaillant-Couturier y était aussi. 70 personnes représentaient la France. C’était extraordinaire.

 

J’ai rencontré mon mari grâce à des Éclaireurs :

 

C’est au mariage de la cousine d’un éclaireur que j’ai rencontré mon mari. Cela a duré 66 ans ! André n’était pas éclaireur, il l’a été après, avec moi. On l’a totémisé Kaa, le serpent qui donne des avis. Il donnait toujours son avis…

Dans la Résistance il était dans les Basses-Alpes, dans un engagement plus important que le mien et qui lui a valu un emprisonnement… On ne se connaissait pas encore. Je me suis mariée en 1948, un an après l’avoir connu. Il avait 27 ans et moi 29..

Il est devenu physicien au CNRS. Il était fait pour ça, il disait « je ne suis pas chercheur, moi, je suis trouveur ». Il a eu l’idée, le premier au monde, de se servir du scanner à d’autres fins que médicales.  Aux États-Unis, une navette a explosé au décollage. Des professeurs de faculté cherchaient quelqu’un capable d’analyser les morceaux pour comprendre ce qui s’était passé. Un patron CNRS de Compiègne dit « j’en connais un qui pourrait peut-être »… C’était André. On lui a envoyé un morceau de la navette américaine pour l’étudier, trouver les points d’usure, etc. C’est grâce aux Américains que son travail a attiré l’attention en France. Sinon, ils le trouvaient un peu farfelu, il avait ses idées à lui…
Le soir, il allait travailler bénévolement à la clinique Clairval. À la fin la clinique lui a offert le scanner et il l’a emporté au CNRS.

Nous avons eu un seul enfant, qui après une période louveteau aux Éclaireurs, n’a pas été intéressé.

 

Il n’y a pas très longtemps que je connais l’AAEE et l’AHSL.

Huguette et Raymond LAFONT / Panda m’avaient parlé des Anciens.
Puis Yves MEYER a donné mes coordonnées à Nelly pour que je témoigne et participe.

 

31 Odette 2018

 

Crédit photos : Odette MESTRE-CAGNASSO, sauf la dernière Jean-Robert CORNUEL.

 

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